Eucharistie: 7 janvier 2024 (Année B)
Le Baptême du Seigneur
Première lecture
La partie centrale du livre d’Isaïe (chapitres 40-55) est l’œuvre d’un prophète qui, vers la fin de l’exil à Babylone, veut consoler et encourager le peuple. C’est le moment de retourner à Jérusalem et de découvrir que Dieu est un Dieu toujours surprenant.
La page que nous allons écouter est composée de trois sections. La première (vv. 1-3a) s’ouvre avec un impératif répété trois fois : « venez ». Ce verbe n’évoque pas un simple déplacement, de Babylone vers Jérusalem. Il s’agit d’aller à la rencontre de Dieu lui-même : il faut s’ouvrir à son amour qui dépasse toute imagination et qui se donne gratuitement. Il faut s’ouvrir à la parole de Dieu, il faut prendre son enseignement comme une nourriture qui procure la vie dans toute sa plénitude[1]. Pour des personnes qui, pendant l’exil ont eu de la peine à se nourrir, Dieu donne – même à ceux qui sont sans argent – de la nourriture, une nourriture délicieuse, et des eaux, du vin et du lait. Et, avec ces images de la nourriture et des boissons très riches, le prophète évoque la parole de Dieu. Cela apparaît clairement à la fin de cette strophe, là où le verbe écouter revient trois fois. Cette invitation à l’écoute est aussi une invitation à la rencontre : « venez vers moi ». Et les derniers mots de la strophe « Écoutez, et vous vivrez » nous montrent que l’écoute de la parole de Dieu et la rencontre avec lui nous assurent la vie.
La deuxième strophe (vv. 3b-5) contient le message que la première strophe nous invitait à écouter. Dieu veut conclure – avec son peuple – un pacte stable, une alliance[2], « une alliance qui durera toujours ». L’engagement – engagement gratuit – que Dieu a pris avec David, maintenant se prolonge avec tout le peuple. Dieu avait fait, de David, « un témoin » et « un guide pour les populations ». Et ça au point que, d’après le psaume 18, David pouvait dire : « Tu me places, Yahvéh, à la tête des nations ; un peuple que je ne connais pas se met à mon service » (Ps 18,44). Mais maintenant, Israël peut s’entendre dire : « une nation que tu ne connais pas, tu l’appelleras, et une nation qui ne te connaît pas courra vers toi »[3]. Et ce changement promis pour Israël sera possible « à cause du Saint d’Israël, qui t’a donné sa splendeur » (v. 5). Voilà la nouvelle alliance qui ouvre, énormément, celle que Dieu avait déjà faite à David.
Enfin la troisième strophe (vv. 6-11) : Israël, qui est le destinataire de cette intervention gratuite de Dieu est invité à répondre : il doit abandonner son petit horizon très terrestre pour entrer dans l’horizon de Dieu et comprendre que le projet de Dieu est très riche de sens[4]. Et le prophète insiste adressant aux Israelites deux impératifs :
« Recherchez Yahvéh car il se laisse trouver, appelez-le, car il est proche » (v. 6). Que l’homme méchant abandonne son chemin, qu’il retourne vers Yahvéh « qui lui manifestera ses tendresses » (v. 7). Elles sont comparables aux tendresses d’une maman – littéralement aux entrailles maternelles – d’une maman qui sait pardonner d’une façon généreuse. Mais le pardon de Dieu va même au-delà d’un pardon maternel. Derrière le verbe français « pardonner », en hébreu il y a « salah », un verbe qui, dans la Bible hébraïque, a seulement Dieu comme sujet[5]. Le pardon donné par Dieu est différent, infiniment plus généreux que le pardon donné par des humains.
Et les versets suivants soulignent la distance entre l’homme et Dieu : en effet, les projets de Dieu et ses actions, ses « chemins », ne sont absolument pas comparables aux projets et aux actions des humains.
Enfin, en terminant sa page, le prophète insiste : oui, les projets de Dieu se réalisent, et sa parole obtient toujours des résultats. L’efficacité de la parole de Dieu est comparable à l’efficacité de la pluie[6]. Elle descend des cieux, elle arrose la terre, elle féconde la terre, elle la fait germer : c’est ainsi que Dieu donne « semence au semeur et pain à celui qui mange ». Et comme la pluie qui donne la nourriture et la vie, ainsi la parole de Dieu : une parole qui nourrit, qui nous fait vivre et nous prépare un avenir nouveau. Mettons donc toute notre confiance dans cette parole.
Lecture du livre d’Isaïe (55,1-11)
Ainsi parle le Seigneur :
1 Ah! vous tous qui avez soif, venez vers les eaux,
même si vous n’avez pas d’argent, venez !
Nourrissez-vous et mangez,
venez, nourrissez-vous de vin et de lait, sans argent, sans rien payer !
2 Pourquoi dépenser de l’argent pour ce qui n’est pas du pain
et votre fatigue pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez, écoutez-moi et mangez ce qui est bon
et vous trouverez votre jouissance dans des viandes savoureuses !
3a Tendez l’oreille et venez vers moi.
Écoutez, et vous vivrez.
3b Je conclurai avec vous une alliance qui durera toujours.
Je vous assure la fidélité que j’ai promise à David,
une fidélité qui est sûre.
4 Voici : j’avais fait de lui un témoin pour les populations,
un chef et un guide pour les populations.
5 Voici : une nation que tu ne connais pas, tu l’appelleras,
et une nation qui ne te connaît pas courra vers toi ;
et cela à cause de Yahvéh ton Elohim,
à cause du Saint d’Israël, qui t’a donné sa splendeur.
6 Recherchez Yahvéh car il se laisse trouver,
appelez-le, car il est proche.
7 Qu’abandonne, le méchant, son chemin,
et l’homme malfaisant, ses pensées.
Qu’il retourne vers Yahvéh,
qui lui manifestera ses tendresses,
vers notre Elohim,
qui pardonne généreusement.
8 Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
et vos chemins ne sont pas mes chemins,
– déclaration de Yahvéh.
9 C’est que les cieux sont hauts, par rapport à la terre :
aussi hauts, mes chemins, au-dessus de vos chemins,
et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
10 La pluie et la neige descendent des cieux
et ne retournent pas là-haut sans avoir arrosé la terre,
sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,
sans avoir donné semence au semeur
et pain à celui qui mange ;
11 parallèlement se comporte ma parole,
qui sort de ma bouche,
elle ne retournera pas vers moi sans résultat,
sans avoir fait ce que je désire,
et sans avoir réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée.
Parole du Seigneur.
Cantique
Aujourd’hui, à la place d’un psaume, la liturgie nous propose un cantique qu’on lit dans le livre d’Isaïe, dans la première partie du livre, celle qui a été composé par le prophète vécu au huitième siècle avant la naissance de Jésus. Ce prophète, don le nom signifie « Yahvéh sauve », a dû dénoncer le mauvais comportement du peuple par rapport à Dieu. Et, dans cette fonction il a dû affronter de nombreuses difficultés. Mais, dans le poème qu’on lira dans un instant, il remercie Dieu qui l’a consolé et qui le sauve. Et, en parlant de Dieu – de « Dieu qui me sauve » et de Yahvéh « mon sauveur » – le prophète constate que le nom qu’il a reçu est vrai ; vraiment « Yahvéh sauve »[7] ! Et, grâce à cette expérience, il peut déclarer : « Ma force et mon chant[8], c’est Yahvéh ».
Après avoir évoqué son expérience personnelle, dans la deuxième et dans la troisième strophe Isaïe s’adresse à ses lecteurs d’hier et aussi à nous aujourd’hui. Et il utilise plusieurs impératifs : « Célébrez Yahvéh… Célébrez Yahvéh par vos chants ». Au fond, nous sommes invité(e)s à chanter au Seigneur un peu comme le prophète l’a fait dans la première strophe[9]. Et nos chants sont un témoignage pour les peuples. C’est ainsi que nous faisons « connaître parmi les peuples » ce que Dieu a fait. En effet, « il a fait de grandes choses » dans l’histoire de l’humanité et dans notre vie personnelle.
Enfin la dernière strophe (v. 6) contient un dernier impératif. En évoquant à nouveau les chants, le dernier impératif est au singulier : « pousse des cris d’enthousiasme ». Et en hébreu, cet impératif est au féminin ! En effet, il s’adresse à une femme, la femme qui habite à Sion. Mais pourquoi cet impératif ? Si on pense que la femme au temple de Jérusalem a un espace très limité, le prophète ose dire à la femme, et à chaque femme d’aujourd’hui : « il est grand, celui qui est présent dans ton intimité[10], le Dieu d’Israël, le Dieu qui est saint ».
Quant à nous, en écoutant ces quatre strophes, nous sommes invité(e)s à nous comporter comme la femme. En effet, notre refrain revient sur une autre strophe du poème (v. 3), là où Isaïe nous assure :
Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut !
Cantique d’Isaïe (chapitre 12, versets 2. 4bcd. 5-6)
2 Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance en lui, je n’ai plus de peur.
Ma force et mon chant, c’est Yahvéh ;
il est mon sauveur.
Refr. : Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut !
4bcd Célébrez Yahvéh,
proclamez son nom,
faites connaître parmi les peuples ce qu’il a fait,
rappelez à tous que grand est son nom.
Refr. : Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut !
5 Célébrez Yahvéh par vos chants,
car il a fait de grandes choses.
Faites-les connaître
dans le monde entier !
Refr. : Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut !
6 Toi, femme qui habites Sion, manifeste ta joie,
pousse des cris d’enthousiasme,
car il est grand, celui qui est présent dans ton intimité,
le Dieu d’Israël, le Dieu qui est saint.
Refr. : Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut !
Deuxième lecture
La communauté dite “johannique”, c’est la communauté dans laquelle on a composé, entre la fin du premier siècle et le début du deuxième, l’Évangile de Jean et les trois lettres dites de Jean[11]. Et nous, ce matin, nous allons lire une page de la première de ces lettres. Il s’agit d’une lettre dans laquelle l’auteur nous livre l’essentiel de son expérience religieuse[12] : « Dieu nous a donné la vie éternelle » (5,11).
Mais, comment et quand Dieu nous a-t-il fait ce don ? L’auteur nous l’explique en faisant référence à Jésus. La page de ce matin nous le dit très clairement : « Jésus est le Christ » (v. 1), « Jésus est le Fils de Dieu » (v. 5). Et l’auteur nous présente ces deux affirmations comme l’objet de la foi : « Tous ceux qui croient… » (v. 1) et « celui qui croit… » (v. 5).
Pour ce qui en est de la foi, elle est un don qui change totalement notre vie : « Tous ceux qui croient que Jésus est le Christ ont été engendrés par Dieu » (v. 1). Notre foi manifeste – et doit manifester – notre nouvelle naissance : nous sommes les enfants de Dieu, et Dieu est notre Père, notre papa. Et ce fait surprenant fait jaillir en nous l’amour. C’est ce que l’auteur nous dit à travers un proverbe : « tous ceux qui aiment un père qui a engendré aiment aussi l’enfant qui a été engendré par lui » (v. 1). En insérant ce proverbe dans sa page, l’auteur nous fait comprendre que ce père n’est pas un père quelconque. C’est Dieu lui-même. Quant à l’enfant, il s’agit de Jésus et aussi de chaque personne qui croit en Dieu. De cette façon, notre lettre évoque l’amour pour Jésus et aussi l’amour fraternel[13], pour chaque membre de la communauté.
En poursuivant sa lettre, l’auteur lie l’amour pour Dieu et l’observance de ses commandements. Voilà la source de l’amour fraternel : il jaillit de l’amour pour Dieu et de la mise en pratique des commandements de Dieu. Quant aux commandements, ils ne sont pas un poids, ils ne sont pas des normes à respecter… par peur d’un châtiment. Jean nous le dit à claires lettres : les commandements de Dieu « ne sont pas un fardeau, parce que tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (vv. 3-4). Nous sommes des femmes et des hommes aimé(e)s par Dieu et né(e)s de Dieu. Et l’amour, qui est à l’origine de notre nouvelle naissance, nous permet l’observance des commandements, ou plutôt du commandement de l’amour[14].
Dans les versets suivants, Jean revient sur notre victoire sur le monde et sur les forces du mal. Cette victoire est possible grâce à la foi, la foi de celle ou de celui « qui croit que Jésus est le Fils de Dieu » (v. 5). Et Jésus, à la veille de sa mort, avait déjà déclaré aux disciples : « Prenez courage : moi j’ai vaincu – définitivement – le monde » (Jn 16,33).
Et, en parlant de Jésus, l’auteur de la lettre souligne que le Fils de Dieu est celui « qui est venu à travers l’eau et le sang » (v. 6)[15].
* Avec la mention de l’eau – ce mot revient trois fois dans le verset 6 – l’auteur évoque le baptême : Jésus baptisé dans le Jourdain. Mais le même mot fait aussi référence à la mort de Jésus. En effet, l’Évangile de Jean nous dit que, de la poitrine de Jésus, blessée par un coup de lance, « sortit du sang et de l’eau » (19,34).
* Quant au mot « sang », qui revient deux fois dans la même phrase, la référence est évidemment à la mort de Jésus.
Mais, en terminant sa page, Jean insiste aussi sur l’Esprit, l’Esprit que le quatrième Évangile nous présente comme donné par Jésus au moment de sa mort, lorsque Jésus « livra l’Esprit » (Jn 19,30).
Bref : à travers le baptême de Jésus et à travers sa mort, lorsque Jésus nous a donné l’Esprit, nous avons un témoignage fondamental, « car l’Esprit est la vérité » (v. 6).
De la Première lettre de Jean (5,1-9)
1 Tous ceux qui croient que Jésus est le Christ ont été engendrés par Dieu. Et tous ceux qui aiment un père qui a engendré aiment aussi l’enfant qui a été engendré par lui.
2 Comment savoir que nous aimons les enfants de Dieu ? Nous les aimons si nous aimons Dieu et si nous mettons en pratique ses commandements. 3 En effet, l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas un fardeau, 4 parce que tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde ; et la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi. 5 Qui donc est vainqueur du monde ? C’est seulement celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu.
6 Jésus Christ, c’est lui qui est venu à travers l’eau et le sang. Il est venu non dans l’eau seulement, mais dans l’eau et dans le sang. Et l’Esprit Saint rend témoignage (que cela est vrai), car l’Esprit est la vérité. 7 C’est qu’ils sont trois à rendre témoignage : 8 l’Esprit, l’eau et le sang, et ces trois convergent dans l’unique témoignage. 9 Si nous recevons le témoignage des humains, le témoignage de Dieu est plus grand ; car tel est le témoignage de Dieu : il a rendu témoignage – d’une façon définitive – à son Fils.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
Voyant Jésus venir à lui, Jean déclara :
« Voici l’Agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde ». (Jean 1,29)
Alléluia.
Évangile
Dans l’Évangile, Marc nous présente Jean le Baptiste comme un prophète : il est habillé comme un prophète (2 Rois 1,8 et Za 13,4) et il va dans le désert comme jadis le prophète Elie (1 Rois 19,4)[16]. Surtout il s’engage afin que tout le peuple puisse s’ouvrir – dans un changement radical – à Dieu (v. 4).
Pour ce qui est de son message, Jean est conscient de ses limites, énormes, par rapport à la personne qu’il annonce : « Vient, celui qui est plus fort que moi, après moi » (v. 7). Et l’action de celui qui vient sera un baptême, une immersion totale « dans l’Esprit Saint » (v. 8).
Après ces quelques lignes sur Jean le Baptise et sur son message, l’Evangile évoque le baptême vécu par Jésus. Jésus « voit les cieux se déchirer » (v. 10). Il vit donc une relation intime avec Dieu. Désormais il est animé par l’Esprit, le souffle même de Dieu. Et Dieu l’interpelle comme son Fils, « le bien-aimé » (v. 11). Ce mot, “agapètos” en grec, dit l’amour de Dieu, du Père pour son fils. Mais, dans l’Ancien Testament, il caractérise surtout Isaac, le fils, un fils unique – “yâhîd” en hébreu – devant la mort (Gen 22,2.12.16). Et Marc, dans la première page de son Evangile, nous prépare à la mort de Jésus. Avec la mort de Jésus, le voile du temple, le voile qui cache Dieu dans une intimité inaccessible, se déchirera (15,38) et Dieu sera à nouveau accessible : accessible à toutes et à tous, même au païen, à l’officier romain qui, voyant Jésus mourir et donner l’esprit, dira : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » (15,39).
De l’Évangile de Marc (1,7-11)
7 Jean le Baptiste proclamait en disant : « Vient, celui qui est plus fort que moi, après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de défaire la courroie de ses sandales. 8 Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint ».
9 Et il advint, en ces jours-là : Jésus vient de Nazareth, village de Galilée, et il est baptisé par Jean dans le Jourdain. 10 Et à l’instant, sortant de l’eau, il voit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. 11 Et il y eut une voix venant des cieux : « Toi, tu es mon Fils, le bien-aimé. C’est toi que j’ai choisi avec plaisir ».
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Seigneur, nous voulons te confier notre vie,
le récit de notre histoire personnelle,
afin que tu puisses l’illuminer de ton fondement éternel,
afin que tu nous fasses découvrir le sens dernier
de chacune de nos souffrances, de la douleur, des pleurs,
de l’obscurité qui nous prend entièrement[17].
[Carlo Maria Martini : bibliste, cardinal, Italie : 1927-2012]
Prière des fidèles
* Le prophète mentionne une personne sans nom, une personne qui deviendra le point de référence pour d’autres, pour des gens, pour une nation elle aussi sans nom. Et cette nation, nous dit le prophète, cette « nation qui ne te connaît pas courra vers toi ». Donne-nous la force, Seigneur Jésus, de courir vers toi et de découvrir, à travers toi, la générosité du Père et du banquet qu’il prépare pour nous.
* Le cantique du prophète Isaïe nous a vraiment surpris(es), Seigneur. En s’adressant à une femme qui habite Sion, il l’exhorte à pousser « des cris d’enthousiasme ». Et ça parce que le Dieu d’Israël, le Dieu qui est saint « est présent dans ton intimité ». Et cette affirmation vaut aussi pour chacune et pour chacun de nous. Que nous soyons toujours conscient(e)s de ta proximité, Seigneur.
* La lettre de Jean nous rappelle ta venue dans l’histoire humaine. Tu es venu, Jésus notre frère, « à travers l’eau et le sang », dès ton baptême et jusqu’à la mort. Et dans ta venue, dans tes actions même les plus communes, nous découvrons ton Esprit. Aide-nous à mettre notre confiance en toi. Car c’est à toi que Dieu lui-même a rendu son témoignage.
* Jésus, tu es allé te faire baptiser par Jean le Baptiste. Tu t’es présenté au milieu d’autres personnes. Et pourtant, en vivant cette forme de solidarité, tu as fait une expérience unique : une voix du ciel t’a dit : «Toi, tu es mon Fils, le bien-aimé. C’est toi que j’ai choisi avec plaisir ». Que ton expérience puisse nous apprendre à vivre solidaires avec les autres, mais aussi à découvrir que, dans cette solidarité, le Père nous confie un rôle unique, une tâche spéciale.
Prière finale : La force de l’Esprit
Nous sommes baptisés dans ton Esprit
et sa force est venue sur nous.
Il est capable de nous mener
jusqu’aux extrémités du monde.
Donne-nous de ne pas nous renfermer
dans la crainte ou l’indifférence
et de ne pas éteindre en nous ce feu.
Laisse éclater sa force en nous
et nous irons
où il nous envoie
renouveler cette terre.[18]
[Frans Cromphout, prêtre : Pays-Bas 1924-2003]
[1] P.-E. Bonnard, Le Second Isaïe, son disciple et leurs éditeurs. Isaïe 40-66, Gabalda, Paris, 1972, p. 300.
[2] Ainsi C. Westermann, Isaia. Capitoli 40-66, Paideia, Brescia, 1978, p. 341.
[3] P.-E. Bonnard, Op. cit., p. 305.
[4] L. Alonso Schökel – J.L. Sicre Diaz, I profeti, Borla, Roma, 1989, p. 383.
[5] Cf. L. Koehler – W. Baumgartner, Lexicon in Veteris Testamenti libros, Brill, Leiden, 1958, p. 659, sous la voix « salah ».
[6] Cf. P.-E. Bonnard, Op. cit., p. 308.
[7] Pour la relation entre la mention du « salut » en Isaïe 12,2-3 et le nom propre « Isaïe », cf. H.-W Jüngling, Il libro di Isaia, dans, E. Zenger (ed.), Introduzione all’Antico Testamento, Queriniana, Brescia, 2008, p. 653.
[8] Pour le mot “chant”, cf. A. Mello, Isaia. Introduzione, traduzione e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2012, p. 121.
[9] Cf. W. A. M. Beuken, Jesaja 1-12, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2003, p. 331.
[10] Pour le terme hébreu « qèrèv » qui signifie « ventre, entrailles, sein », cf. L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 671s. Cf. aussi La Bible, traduite et présentée par A. Chouraqui, Desclée de Brouwer, Paris, 1989, p. 742.
[11] Cf. E. Borghi, Le lettere cattoliche, dans E. Borghi – R. Petraglio (a cura di), La fede attraverso l’amore. Introduzione alla lettura del Nuovo Testamento, Borla, Roma, 2006, p. 362.
[12] Cf. Il Nuovo Testamento. Dalla Bibbia di Gerusalemme, EDB, Bologna, 2010, p. 236.
[13] M. Morgen, Les épîtres de Jean, Cerf, Paris, 2005, p. 187.
[14] Cf. J.-M. Poffet, Epîtres de Jean, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 1126.
[15] Pour la mention de « l’eau et le sang » pour évoquer le baptême et la mort de Jésus, cf. R. E. Brown, Le lettere di Giovanni, Cittadella, Assisi, 1986, p. 785ss.
[16] Cf. C. Focant, L’évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004, p. 62.
[17] C. M. Martini, Invocare il Padre. Preghiere, EDB, Bologna, 2012, p. 93.
[18] F. Cromphout, Un temps pour parler, Editions Foyer Notre-Dame, Bruxelles, 1970, p. 53.