Eucharistie: 25 février 2024

2ème dimanche de Carême — Année B

 

Confronté(e)s à la mort et aimé(e)s par Dieu

Première lecture

La première lecture nous parle d’Abraham qui est prêt à offrir son fils Isaac en sacrifice à Dieu. A travers cette narration, l’auteur nous parle de la foi d’Abraham, la foi qui arrive dans l’obscurité la plus profonde, la foi qui “entre en collision” avec le mystère de Dieu[1].

La structure de la narration est simple. Dès la première ligne, l’auteur nous dit le thème du récit : « Dieu mit Abraham à l’épreuve ». Après cette information donnée par l’auteur, la narration nous parle de Dieu qui interpelle directement Abraham et lui dit : « Prends, je te prie, ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac. Prends-le et va vers ta réalisation ; va vers le pays de Moriya et là, offre-le en sacrifice » (v. 2). Ici, l’accent est d’abord sur la relation entre Abraham et son fils : « ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ». Ensuite, l’accent est sur le départ. Dieu dit à Abraham : « lekh-lekha », une expression hébraïque qui signifie, littéralement, « va vers toi »[2] et – d’une façon moins littérale – « va vers ta réalisation ». Abraham est donc invité à aller vers soi-même : de cette façon, il pourra se réaliser comme croyant, il pourra réorienter sa vie d’une façon différente et découvrir en soi-même le projet de Dieu[3]. Après cet accent sur la réalisation personnelle liée à ce départ, Dieu indique aussi une destination ‘géographique’ : « va vers le pays de Moriya ». Et, dans la tradition juive (comme dans le Deuxième livre des Chroniques 3,1), cette localité sera interprétée comme le mont Sion, là où on construira le temple de Jérusalem[4]. Seulement à la fin de son intervention, Dieu va expliquer l’aspect tragique du projet : « va vers le pays de Moriya et là, offre-le en sacrifice ».

De la suite du récit biblique, la liturgie nous propose encore deux sections. Dans la première (vv. 9-13), Abraham et son fils arrivent au lieu indiqué. Et Abraham, fidèle à la parole de Dieu, « tendit sa main, Abraham, et prit le couteau pour immoler son fils » (v. 10). Dans sa foi, Abraham est disposé à offrir le fils, en lacérant sa conscience de père[5]. Et à ce moment il y a l’intervention du « messager de Yahvéh ». Ce messager appelle Abraham du haut du ciel et lui dit : « Ne porte pas ta main sur le garçon ! Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu respectes Dieu » (v. 12). Oui, Abraham a respecté Dieu et s’est comporté comme un croyant authentique parce qu’il n’a pas « retenu »[6] son fils, son fils unique, loin du Seigneur (v. 12) ; au contraire il a accepté de l’offrir à Dieu.

Après cette intervention du messager, Abraham, qui était disposé à offrir à Dieu son fils, voit un bélier. « Et va, Abraham, et prend le bélier et l’offre en sacrifice à la place de son fils » (v. 13).

Enfin, la troisième section du récit (vv. 15-18). Seulement une fois qu’Abraham a offert le bélier, Dieu va intervenir personnellement. Il intervient et il confirme, avec les mêmes mots, le discours de son messager. Dieu dit : « parce que tu n’as pas épargné ton fils, ton fils unique, aussi vrai que je suis Dieu, je fais ce serment à moi-même » (v. 16). Très rarement la Bible attribue à Dieu l’expression « je fais serment à moi-même »[7], une expression dans laquelle la Bible fait parler Dieu de cette façon. Ici, dans notre texte, Dieu va s’engager personnellement et d’une façon très solennelle. Il s’engage à rendre nombreuse, très nombreuse, la descendance d’Abraham. Et Abraham deviendra une bénédiction pour « toutes les nations de la terre » (v. 18), parce qu’il a écouté la voix de Dieu.

Laissons-nous prendre par ce récit qui nous permet de souffrir, avec Abraham, un silence apparemment sans espoir. Et, à la fin de ce récit, nous trouverons notre réconfort en constatant que Dieu voit la douleur d’Abraham et aussi, dans nos silences, nos souffrances[8].

 

Lecture du livre de la Genèse (22,1-2. 9-13. 15-18)

1 Et il advint, après ces événements : Dieu mit Abraham à l’épreuve et lui dit : « Abraham ! » Et Abraham dit : « Me voici ! » 2 Dieu (lui) dit : « Prends, je te prie, ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac. Prends-le et va vers ta réalisation ; va vers le pays de Moriya et là, offre-le en sacrifice sur l’une des montagnes que je t’indiquerai ».

9 Et ils arrivèrent à l’endroit que Dieu lui avait dit. Et là Abraham bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. 10 Et tendit sa main, Abraham, et prit le couteau pour immoler son fils. 11 Mais le messager de Yahvéh l’appela du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » 12 Le messager lui dit : « Ne porte pas ta main sur le garçon ! Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu respectes Dieu. En effet, tu n’as pas retenu ton fils, ton fils unique, loin de moi ». 13 Abraham lève ses yeux : et voici, il voit – par derrière – un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Et va, Abraham, et prend le bélier et l’offre en sacrifice à la place de son fils.

15 Du ciel, le messager de Yahvéh appelle Abraham une seconde fois. 16 Il lui dit : « Voici ce que Yahvéh déclare : Parce que tu as fait cela, parce que tu n’as pas retenu ton fils, ton fils unique, aussi vrai que je suis Dieu, je fais ce serment à moi-même :

17 oui, je te bénirai, je te bénirai certainement. Ta descendance, je la rendrai nombreuse ; je la rendrai aussi nombreuse que les étoiles du ciel et les grains de sable au bord de la mer. Ta descendance aura le contrôle sur ses ennemis. 18 Et toutes les nations de la terre se diront bénies par le nom de ta descendance, parce que tu as écouté ma voix ».

Parole du Seigneur.

 

Psaume 116

Le psaume 116, une « Prière d’un homme arraché à la mort »[9], est une lamentation et une invocation d’aide, mais il est aussi un poème dans lequel le poète remercie Dieu et il lui exprime sa confiance et, dès le premier verset, son amour. En effet, le poète dit : « J’aime, car Yahvéh écoute ma voix, ma supplication » (v. 1). Le poète n’ose même pas dire qu’il aime… Dieu. Que son amour est pour Dieu on le comprend lorsqu’il raconte comment Dieu l’a libéré. Il était lié par les cordes de la mort, il était enserré, il avait été saisi par les angoisses de la mort (v. 3), et Dieu dans sa tendresse lui a fait grâce, il a pris soin de lui, parce que Dieu « prend soin des personnes simples » (v. 6) et faibles. Oui, Dieu a pris soin de lui, et le poète peut donc lui dire : « Je marcherai sous le regard de Yahvéh, sur la terre des vivants » (v. 9).

Après cette première partie du psaume, qu’on ne lira pas ce matin, le poète revient sur son expérience de libération. C’est ainsi que, dans la première strophe qu’on lira dans un instant, le poète mentionne à nouveau son expérience douloureuse, une expérience qu’il a vécue en gardant sa confiance en Dieu : « J’ai gardé ma confiance (en toi), même quand je disais : Je suis vraiment très malheureux ! » (v. 10). Toujours dans la même strophe, notre poète, qui était tout proche de la mort, souligne que Dieu ne reste pas indifférent à la mort d’un de ses fidèles (v. 15). La mort d’une personne fidèle à Dieu est « yâqâr », un terme hébreu qui signifie « précieuse et douloureuse »[10]. Pour Dieu, cette mort serait une perte, la perte d’une personne dont il éprouverait – pour ainsi dire – de la nostalgie[11].

Dans la deuxième strophe, le poète, encore dans la souffrance, invoque la grâce de Dieu : « Fais-moi grâce, Yahvéh » (v. 16). Et, dans cette requête, le poète est plein de confiance : il est un « serviteur » de Dieu, et il peut se présenter comme « le fils de ta servante ». Il n’est pas un serviteur quelconque, il n’est pas un esclave. Il appartient à la famille de Dieu, il est né d’une femme qui était, elle aussi, « servante » de Dieu. Sa relation avec le Seigneur, une relation humble et pleine d’amour, il l’a “respirée” depuis son enfance[12]. Toujours dans cette strophe, le poète, après avoir mentionné sa prière à Dieu, évoque l’intervention de Dieu : « Et toi, tu as dénoué mes liens ». Dieu l’a libéré de la mort. Libéré des liens de la mort, il est libre, il appartient désormais à Dieu. Voilà pourquoi il va offrir à Dieu « un sacrifice de remerciement » (v. 17).

La troisième strophe situe ce sacrifice de remerciement au cœur de Jérusalem, à l’entrée du temple reconstruit après l’exil à Babylone. Le poète libéré de la mort peut ainsi remercier Dieu à l’intérieur du peuple qui a, lui aussi, été libéré, libéré d’une condition qui était – comme la mort – sans espoir[13]. D’ici l’exhortation finale du psaume, une invitation que le poète adresse aussi à chacune et chacun de nous : « Louez Yahvéh, intensément ! »

Bref : ce psaume nous présente un homme – et indirectement un peuple – qui a été libéré des menaces de la mort. Voilà pourquoi, en faisant nôtre le verset 9 du psaume, nous pouvons intervenir – à la fin de chaque strophe – avec le refrain :

Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.

 

Psaume 116 (versets 10.15. 16-17. 18-19)

10 J’ai gardé ma confiance (en toi), même quand je disais :

« Je suis vraiment très malheureux ! »

15 Elle est précieuse et douloureuse,

aux yeux de Yahvéh,

la mort de ses fidèles.

Refr: Je marcherai en présence du Seigneur

sur la terre des vivants.

 

16 Fais-moi grâce, Yahvéh, car moi ton serviteur je suis,

ton serviteur, le fils de ta servante.

Et toi, tu as dénoué mes liens.

17 A toi, j’offrirai un sacrifice de remerciement

et le nom de Yahvéh j’invoquerai.

Refr: Je marcherai en présence du Seigneur

sur la terre des vivants.

 

18 J’accomplirai mes promesses envers Yahvéh,

et en présence de tout son peuple,

19 à l’entrée de la maison de Yahvéh,

au milieu de toi, Jérusalem !

Louez Yahvéh, intensément !

Refr: Je marcherai en présence du Seigneur

sur la terre des vivants.

 

Deuxième lecture

En écrivant aux chrétiens de Rome, et au cœur de sa lettre, Paul nous livre une des pages les plus lumineuses et encourageantes. En effet, il nous présente l’amour de Dieu comme le fondement ultime de notre identité chrétienne, l’amour de Dieu qui nous fait vivre une existence libre et sûre dans le Christ[14].

En insistant sur l’amour de Dieu pour nous, Paul utilise un langage judiciaire. La situation imaginée est un peu celle d’un procès[15] : on comprend ainsi les expressions « être contre quelqu’un » (v. 31), « lancer une accusation » (v. 33), « condamner » (v. 34). Devant un interlocuteur imaginaire, l’apôtre intervient en faveur de Dieu et exprime sa profonde conviction : l’amour que Dieu a « pour nous tous » (v. 32), c’est-à-dire pour l’humanité entière[16], est plus fort que tout. Paul exprime sa conviction avec une série d’interrogations (vv. 31-34)[17]. Elles soulignent l’engagement de Dieu en faveur de l’humanité : pour elle, Dieu – un peu comme Abraham – n’a pas épargné son Fils[18], « son propre Fils » (v. 32)[19]. Et ici, l’adjectif « propre » met en évidence le lien unique qui unit Dieu et son Fils[20].

En poursuivant ses considérations, Paul souligne comment l’amour de Dieu pour les humains n’a pas de limites : il nous donnera « tout, avec son Fils, gratuitement » (v. 32). Dieu nous « a choisis », il nous « rend justes » (v. 33). Et dans cette dernière considération, l’apôtre utilise le verbe au présent : dès maintenant, Dieu nous rend justes.

Enfin, la dernière phrase. Elle met l’accent sur le rôle de Jésus qui est, lui aussi, de notre côté. Et, en parlant de Jésus Christ, Paul rappelle ensemble – chose unique dans tout le Nouveau Testament[21] – quatre éléments : sa mort, l’action de Dieu qui l’a réveillé d’entre les morts, la position de Jésus à la droite de Dieu, son intercession – qui se réalise déjà maintenant – à notre faveur.

Bref : l’amour de Jésus pour nous, l’amour de Dieu pour nous. C’est tout.

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (8,31b-34)

Frères, 31b si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Dieu, qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il tout, avec son Fils, gratuitement ? 33 Qui peut lancer une accusation contre ceux que Dieu a choisis ? Dieu qui les rend justes ? 34 Qui peut les condamner ? Le Christ Jésus qui est mort et, plus encore, qui a été réveillé d’entre les morts, celui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous ?

Parole du Seigneur.

 

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant.

Gloire à toi, Seigneur.

De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » (cf. Mt 17,5)

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant.

Gloire à toi, Seigneur.

 

Évangile

Le récit de la transfiguration est une page difficile. En la rédigeant, Marc utilise des images – la haute montagne, les six jours, la nuée, la voix divine – des images qu’il trouvait dans le livre de l’Exode, dans le récit de Moïse qui rencontre Dieu au Sinaï (Ex 24,1-18). A travers ces images, Marc veut nous montrer que Jésus est le nouveau Moïse et que, en Jésus, les attentes du peuple d’Israël et la nouvelle alliance se réalisent. D’autres détails, en particulier les vêtements candides, veulent anticiper le destin final de Jésus, la résurrection.

La structure du récit est simple. Une première section (vv. 2-4) nous présente la montée des trois disciples avec Jésus et l’événement de la transfiguration. Quant aux trois disciples, ils ont déjà assisté à la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5,37) et ils seront encore pris à part par Jésus au moment de son agonie au Gethsémani (Mc 14,33). Pour ce qui en est de la transfiguration, Marc la présente comme une transformation lumineuse mise en œuvre par Dieu. En effet, la forme passive « il fut transfiguré » sous-entend : « il fut transfiguré… par Dieu ». Marc ne donne pas d’autres détails sauf le changement de la couleur des vêtements de Jésus : la blancheur, signe d’une gloire céleste. Mais le point le plus riche de signification c’est l’apparition de Moïse et d’Élie, deux personnages qui résument le passé d’Israël, deux personnages morts ou disparus depuis des siècles. De cette façon la barrière qui sépare les morts et les vivants semble abolie[22].

Dans la suite de la narration (vv. 5-6), Marc insiste sur la réaction de Pierre. Cette réaction nous fait comprendre que la transfiguration est un événement qui dépasse toutes nos capacités de la comprendre et de la dire. D’autre part, la réaction de Pierre qui, devant l’événement de la transfiguration de Jésus, « ne savait pas que dire » correspond à l’attitude du groupe des disciples au moment de l’agonie de Jésus : « ils ne savaient que lui dire » (14,40). 

La troisième partie du récit (vv. 7-8) est le sommet de l’événement. Les trois disciples sont pris dans l’ombre, ils sont devant la présence divine qui se cache et se manifeste en même temps[23]. « Et survient, du nuage, une voix : Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé. Écoutez-le ! » Cette phrase rappelle celle que le Père avait adressée à Jésus, et seulement à lui, au moment du baptême (1,11). Cette même voix maintenant s’adresse aux trois disciples – et aussi à chacune et chacun de nous – et nous demande d’écouter Jésus, Jésus qui, un peu comme Isaac par rapport à Abraham (Gen 22,2.12.16)[24], est le « bien-aimé » du Père.

Enfin la partie finale du récit (vv. 9-10). Ici Jésus recommande aux disciples de garder le silence sur ce qu’ils ont vécu, et ça « jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts » (v. 9). Et le dernier verset nous montre les trois disciples qui se demandent entre eux : « Qu’est-ce que ressusciter d’entre les morts ? » (v. 10). Et ce questionnement sur la résurrection est important. En effet, pour les trois disciples du récit et aussi pour nous aujourd’hui, la résurrection est un événement qui nous dépasse totalement. Comme Pierre et Jacques et Jean, nous ne pouvons – notre vie durant – que nous demander ce qu’est « ressusciter d’entre les morts » (v. 10).

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (9,2-10)

2 Et après six jours, Jésus prend avec lui Pierre et Jacques et Jean, et les fait monter sur une haute montagne, à l’écart, seuls. Et il fut transfiguré devant eux. 3 Et ses vêtements deviennent extraordinairement brillants, très blancs, tels qu’un teinturier sur terre ne peut blanchir à ce point. 4 Et il leur apparut Élie avec Moïse, et ils étaient à parler avec Jésus.

5 Et, prenant la parole, Pierre dit à Jésus : « Rabbi, il est beau que nous soyons ici ; et faisons trois tentes : une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie ». 6 En effet, Pierre ne savait pas que dire ; en effet la peur les avait saisis.

7 Et survient un nuage les couvrant d’ombre. Et survient, du nuage, une voix : « Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé. Écoutez-le ! » 8 Et soudain, regardant autour d’eux, les disciples ne voient plus personne sinon Jésus, seul avec eux.

9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. 10 Et ils gardèrent la parole, tout en se demandant entre eux : « Qu’est-ce que ressusciter d’entre les morts ? »

Acclamons la Parole de Dieu.

 

Prière d’ouverture

L’infini Mystère de Dieu

Le Mystère de Dieu attire l’homme,

il l’interroge sans cesse.

Il met l’homme face à son impuissance.

Impuissance face à un Mystère inaccessible,

impuissance face à l’infini Mystère de Dieu,

que l’on ne pourra jamais pénétrer.

Parfois,

Dieu lève une infime partie du voile

de ce Mystère insondable.

Une partie infime,

laissant place à un vertige,

vertige d’un infini encore plus grand,

d’un infini s’ouvrant sans cesse à l’infini[25].

[Florence Viellard, maman et comédienne : France]

 

Prière des fidèles

* La première lecture nous présente le drame de la foi : Abraham doit être fidèle à Dieu ; et cette fidélité à Dieu dépasse la conscience qu’Abraham a comme père, comme papa d’un fils unique et très aimé. Et la disponibilité d’Abraham à accueillir la parole de Dieu, change tout : Abraham qui renonce à sa paternité, recevra à nouveau Isaac, et cette fois comme fils de la promesse, le fils dans lequel « toutes les nations de la terre se diront bénies ». Que cette expérience vécue par Abraham puisse nous encourager quand la volonté de Dieu nous apparaît très difficile.

* Le poète du psaume a vécu une expérience très douloureuse. Mais il a gardé sa confiance en toi, Seigneur, même quand il disait : « Je suis vraiment très malheureux ! ». Et toi, Seigneur, tu l’as encouragé, tu lui as donné la force d’affronter ses difficultés, tu l’as « dénoué » de ses liens, tu lui as permis de retrouver sa paix intérieure. Et c’est ainsi qu’il t’a offert « un sacrifice de remerciement ».

Et nous… ? Permet aussi à nous de faire – de notre vie – un sacrifice de remerciement à toi, de tout cœur. 

* En écrivant aux chrétiens de Rome, Paul insiste : « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? ». Que ce message très rassurant puisse retentir encore aujourd’hui, dans les jours et les nuits que nous vivons dans la peur. Et qu’il nous accompagne jusqu’à notre mort. Et le fait de savoir que notre frère Jésus déjà maintenant « intercède pour nous », en notre faveur, nous permet de vivre différemment, d’avoir pleine confiance même devant toute difficulté.

* Jésus notre frère, nous sommes comme Pierre et Jacques et Jean qui se demandaient : « Qu’est-ce que ressusciter d’entre les morts ? » Comme eux, nous aussi nous ne pouvons absolument pas imaginer l’intervention surprenante que ton Père a accomplie en toi et accomplira aussi en nous un jour. Mais permets-nous d’avoir confiance dans ce message que tu nous donnes et de garder – de jour en jour – cette parole, ta parole.

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[1] Ainsi G. Ravasi, Il libro della Genesi (12-50), Città Nuova, Roma, 1990, p. 114.

[2] Pour l’expression « lekh-lekha » dans Gen 12,1 et 22,2, cf. E. L. Bartolini De Angeli, Per leggere Genesi 12,1-4a, dans “Parola & parole” 19 (2012), pp. 11-25.

[3] Cf. E. L. Bartolini De Angeli, La tradizione ebraica. Letture bibliche alla luce della tradizione rabbinica, dans Aa. Vv., Credere per vivere. Prospettive giudaiche, cristiane e islamiche a confronto, Edizioni Terra Santa, Milano, 2012, p. 25.

[4] Cf. C. Westermann, Genesi, Edizioni PIEMME, Casale Monferrato, 1989, p. 168.

[5] Ainsi F. G. Brambilla, Il nomade e il deserto, dans G. Ravasi, Genesi. La narrazione, In dialogo, Milano, 2006, p. 78.

[6] Pour le verbe hébreu qui signifie « retenir », « réserver pour soi-même”, cf. L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 284, à la voix « hâsâk ».

[7] Cf. C. Westermann, Genesi, Edizioni PIEMME, Casale Monferrato, 1989, p. 169 donne comme parallèle Ex 32,13. Cf. L. Koehler – W. Baumgartner, Lexicon in Veteris Testamenti libros, Brill, Leiden, 1958, sous la voix shâwa“, p. 943.

[8] Cf. C. Westermann, Genesi, Edizioni PIEMME, Casale Monferrato, 1989, p. 170.

[9] C’est le titre que la Nouvelle Bible Segond et la Bible en français courant donnent à ce psaume.

[10] R. G. Bratcher – W. D. Reyburn, A Handbook on Psalms, United Bible Societies, New York, 1991, p. 983.

[11] Ainsi G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 396.

[12] Pour la signification de l’expression hébraïque « fils de ta servante » qu’on retrouve aussi dans Ps 86,16, cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. II (Salmi 51-100), EDB, Bologna, 2015, p. 787.

[13] Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 396s.

[14] Ainsi R. Penna, Lettera ai Romani, II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 206.

[15] G. Barbaglio, Le lettere di Paolo. Traduzione e commento. Volume 2, Borla, Roma, 1980, p. 387.

[16] Cf. S. Légasse, L’épître de Paul aux Romains, Cerf, Paris, 2002, p. 549.

[17] Pour la forme interrogative de chacune des phrases, cf. R. Penna, Lettera ai Romani, II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 207, note 6.

[18] Le verbe « épargner », « pheidomai » en grec, avait déjà été utilisé par les traducteurs grecs de Gen 22,12.16 pour rendre le verbe hébreu « hâsâk ».

[19] Dans la tournure « son propre Fils », Paul utilise l’adjectif « propre », en grec « idios », qui n’apparaît pas dans la version grecque de Gen 22.

[20] Ainsi R. Penna, Lettera ai Romani, II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 212.

[21] Cf. G. Barbaglio, La teologia di Paolo. Abbozzi in forma epistolare, EDB, Bologna, 1999, p. 665.

[22] Ainsi C. Focant, L’évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004, p. 334.

[23] Pour la valeur du verbe « episkiazo » qui signifie « couvrir ou cacher dans l’ombre », cf. C. Focant, L’évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004, p. 339. Cf. aussi B. Standaert, Marco: Vangelo di una notte, vangelo per la vita. Commentario, EDB, Bologna, 2012, p. 494s.

[24] Dans l’Ancien Testament grec l’expression « ton fils le bien-aimé » ne se retrouve que dans ces trois versets.

[25] F. Viellard, Prières pour grandir dans la joie de Dieu, Salvator, Paris, 2012, p. 86.