Veillée interreligieuse pour Claudio
Chant initial[1]
Prière d’ouverture
Auprès de Toi, tout hôte trouve un repas,
toute caravane, provision de route ;
tout visiteur est honoré,
tout quémandeur est agréé.
Quiconque espère est récompensé ;
celui qui recherche Tes biens en reçoit sa part.
Tu te fais proche de tous ceux qui se tournent vers Toi.
C’est pourquoi nous nous tenons debout
dans ce haut-lieu, dans l’espérance de tes biens ;
ne déçoit pas, mon Dieu, l’espoir que nous mettons en Toi,
ô notre Seigneur, ô notre Maître.
(Prière musulmane : le pèlerin face à son Dieu)
Première lecture
Dans cette veillée interreligieuse, nous voulons commencer en lisant une page d’un prophète du huitième siècle avant la naissance de Jésus : c’est le prophète Isaïe. Le prophète vit une situation difficile : le roi dévore les institutions. Et les prophètes, comme Isaïe et Samuel, ne peuvent voir qu’un peuple anéanti et souffrant intensément. Et, dans cette situation tragique, il se sentent « comme une femme qui va mettre au monde un enfant : elle se tord de douleur et crie ». Ils se sentent impuissant, mais ils mettent leur confiance en Dieu, Dieu qui déclare : « Mon peuple, tes morts, reprendront vie – alors les cadavres des miens ressusciteront ! – Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie ». Et cette dernière affirmation vaut aussi pour le père Claudio : lui aussi – après s’être tordu de douleurs – maintenant, auprès de Dieu il peut crier de joie.
Lecture du livre du prophète Isaïe (26,17-19)
17 Devant toi, Seigneur, nous avons été comme une femme qui va mettre au monde un enfant : elle se tord de douleur et crie. 18 Nous aussi, nous devions mettre au monde quelque chose, nous étions dans les douleurs, mais nous n’avons donné le jour qu’à du vent, semble-t-il. Nous n’avons pas su apporter le salut à la terre, ni de nouveaux habitants au monde.
19 Mon peuple, tes morts, reprendront vie – alors les cadavres des miens ressusciteront ! – Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie. Le Seigneur t’enverra une rosée de lumière, et la terre redonnera naissance à ceux qui n’étaient plus que des ombres.
Psaume
Le psaume 42 est une supplication qu’on poète adresse à Dieu. Le motif de cette supplication est simple. L’homme se trouve loin de sa terre, loin de la vallée du Jourdain et des montagnes de l’Hermon. Il se trouve en terre étrangère, loin du temple. Surtout, il vit une expérience d’exil, loin de son Dieu.
La structure de son poème est très soignée : cinq strophes qui ont une structure concentrique.
Dans la première (vv. 2-4), le poète exprime sa nostalgie de Dieu. Loin de Dieu, il risque la mort ; c’est comme lorsqu’on est sans eau. Et, jour et nuit, sa vie ce sont seulement des larmes, tandis que les autres, qui ne partagent pas sa foi, lui demandent : « Où est ton Dieu ? » (v. 4).
La deuxième strophe (v. 5) c’est le souvenir du passé, lorsqu’il pouvait aller au temple, avec d’autres personnes, en chantant la joie. Et maintenant, en rappelant ces expériences, son âme « se dissout », se consomme de la tristesse.
Dans la strophe centrale (v. 6), le poète parle à soi-même. Après le souvenir de sa joie tumultueuse au temple, pourquoi être en douleur maintenant, une douleur de gémissements ? Il faut garder l’espoir. Et le poète adresse à soi-même cet impératif : « Mets ton espoir en Dieu. Oui, je célébrerai encore, lui et son visage qui sauve ».
Comme dans la deuxième strophe, aussi dans la quatrième (vv. 7-8), le poète parle à nouveau de son âme dans la tristesse. Et il revient sur le verbe « se souvenir ». Il avoue à Dieu : oui, « je me souviens de toi » même si je suis loin de toi et si je risque de finir dans l’abîme ou de tomber d’abîme en abîme. Je me perds. J’ai l’impression que tes vagues passent sur moi.
Enfin, la cinquième strophe (vv. 9-11) : un mélange d’espoir et de souffrance. La souffrance est maintenant causée par les ennemis. Lorsqu’ils m’insultent, et surtout lorsqu’ils mettent en question ma foi, leur comportement provoque, littéralement, « un écrasement dans mes os ».
Et, pour conclure son psaume, notre auteur revient – avec des mots identiques – sur la strophe centrale.
Psaume 42
1 Du chef de chœur. Poème. Des fils de Coré.
2 Comme un cerf soupire vers les cours d’eau,
ainsi mon âme soupire vers toi, mon Dieu.
3 Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant :
quand viendrai-je et verrai-je le visage de Dieu ?
4 Mes larmes sont pour moi du pain, jour et nuit,
quand on me dit tous les jours : « Où est ton Dieu ? »
5 De cela, je me souviens, et se dissout mon âme :
Oui, je passais le portique
en les conduisant en procession jusqu’à la maison de mon Dieu,
parmi les voix de joie et d’action de grâce d’une multitude en fête.
6 Pourquoi es-tu abattue, mon âme,
pourquoi es-tu gémissante en moi ?
Mets ton espoir en Dieu.
Oui, je célébrerai encore Lui et son visage qui sauve.
7 Mon âme est abattue sur moi, mon Dieu,
C’est pourquoi je me souviens de toi
au pays du fleuve Jourdain, près du Mont-Petit, dans les montagnes de l’Hermon.
8 Un abîme crie vers un abîme
à la voix de tes cascades.
Tous tes brisants et tes vagues ont passé sur moi.
9 Pendant le jour, Yahvéh me montrera son amour,
et dans la nuit, son chant sera avec moi,
une prière pour Dieu qui me fait vivre.
10 Je veux dire à Dieu : « Mon rocher,
pourquoi m’as-tu oublié ?
Pourquoi assombri je m’en vais
sous la pression de l’ennemi ? »
11 Avec un écrasement dans mes os,
m’insultaient mes adversaires
en disant vers moi tous les jours : « Où est ton Dieu ? »
12 Pourquoi es-tu abattue, mon âme,
pourquoi es-tu gémissante en moi ?
Mets ton espoir en Dieu.
Oui, je célébrerai encore Lui et son visage qui sauve.
Deuxième lecture : une page du Coran
De la sourate 3, titrée « La famille de ‘Imran » composée de 200 versets, nous allons écouter une petite section. Ici, un peu comme l’Évangile de Luc, le Coran nous parle de l’annonciation à Marie. Dans l’Évangile, Luc mentionnait l’ange Gabriel qui annonçait à Marie la naissance de Jésus (Lc 1,26ss). Le Coran revient sur ce récit en utilisant le pluriel : « les anges ». En plus, le Coran annonce aussi les actions, les miracles que Jésus accomplira, la guérison des aveugles et la résurrection des morts. Et cette action de Jésus ne fait qu’anticiper une action plus universelle de Dieu : « Quant aux morts, Dieu les ressuscitera » (6,36)[2]
Sourate 3,45-49
45 Les anges dirent : « Marie, Dieu te fait l’annonce d’une Parole qui vient de Lui. Son nom est le Messie Jésus, fils de Marie, prodigieux dans ce monde et dans l’autre. Il fait partie des plus proches de Dieu. 46 Il fera entendre sa parole aux hommes depuis le berceau jusqu’à la vieillesse. Il sera parmi les justes ». 47 « Seigneur – répondit Marie – comment aurais-je un fils alors qu’aucun homme m’a touché ? » Les anges dirent : « Il en sera ainsi. Dieu crée ce qu’il veut. S’Il veut que quelque chose se produise, il dit : Sois soit, et la chose advient.
48 Il lui enseignera l’Écriture, la Sagesse, la Thora et l’Évangile. 49 Il sera l’Envoyé aux fils d’Israël et leur dira : Je suis porteur des versets de votre Dieu attestant ma mission. Je formerai, avec de l’argile, une forme d’oiseau. J’y soufflerai, et ce sera, avec la permission de Dieu, un oiseau. Je guérirai l’aveugle et le lépreux. Je ressusciterai les morts avec la permission de Dieu. Et je vous dirai ce que vous mangiez et ce que vous conservez dans vos demeures. En cela sont des signes éloquents, si vous êtes croyants ».
Chant
Dernière lecture
Dans la dernière partie de son Évangile, Jean nous présente « l’heure », l’heure finale de Jésus, sa mort (Jn 12,55-19,42), et ensuite sa résurrection (Jn 20). C’est l’heure pour laquelle Jésus est venu. Mais, devant cette heure qui s’approche, Jésus avoue : « Maintenant, mon âme est troublée » (v. 27). Jésus comme chacune et chacun de nous, et comme le poète du Psaume 42 (au verset 7), se sent troublé par la mort. Mais d’autre part, un peu comme le serviteur du livre d’Isaïe, Jésus ne cède pas devant les difficultés : « Il ne faiblira pas » (Is 42,4). Il ne va pas demander au Père de le sauver de cette heure. En effet, « celui qui aime sa vie la perdra. Mais si quelqu’un aime Dieu plus que sa vie dans ce monde, cette personne gardera sa vie et elle vivra avec Dieu pour toujours » (Jn 12,25). En d’autres termes : le fait d’être attaché à la vie signifie se détruire ; au contraire, le fait de relativiser l’importance de sa vie dans le monde et de la mettre au service de l’Évangile permet de conserver sa vie pour la vie éternelle.
Quant à Jésus, le fait de donner sa vie pour les hommes manifestera l’amour de Dieu pour l’humanité et sera une glorification de Dieu. D’autre part, toute la vie de Jésus a été une glorification du Père.
Après ce renversement entre perdre la vie et s’ouvrir à la vie éternelle et glorifier Dieu, la suite, du texte revient sur la mort. Est-ce que la mort de Jésus sera la victoire de ceux qui s’opposent à lui, et surtout du prince de ce monde ? Même sur ce point, l’Évangile présente un renversement : avec la mort de Jésus, « le prince de ce monde sera jeté bas. Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi » (vv. 31-32). Celui qui apparemment est le vainqueur, sera jeté bas. Au contraire, Jésus, le vaincu, celui qui sera élevé de la terre sera le vrai vainqueur. Et ce sera une victoire dans laquelle Jésus va devenir le point de référence pour toute l’humanité et pour tout le monde : « J’attirerai tout à moi » (v. 32).
De l’Évangile de Jean (12,27-33)
27 Maintenant, mon âme est troublée, et que dirais-je : Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure ! 28 Père, glorifie ton nom ». Vint alors, une voix du ciel : « Et je l’ai glorifié et de nouveau je le glorifierai ».
29 La foule, qui se tenait là et avait entendu, disait qu’il y avait eu un coup de tonnerre. D’autres disaient : « Un ange lui a parlé ».
30 Jésus répondit et dit : « Ce n’est pas pour moi, qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. 31 Maintenant, c’est le jugement de ce monde ; maintenant, le prince de ce monde sera jeté bas. 32 Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi ». 33 Or, il disait cela pour signifier de quelle mort il allait mourir.
Prière finale
* Le livre du prophète Isaïe nous a parlé de notre situation : chacune et chacun de nous est « comme une femme qui va mettre au monde un enfant : elle se tord de douleur et crie ». Pour mettre au monde le Centre, le père Claudio a souffert jour après jour. Et, même en rentrant en Italie, ses souffrances ne se sont pas arrêtées. Nous te remercions, Dieu notre Père pour la vie que Claudio a donnée aux jeunes du Centre. Et maintenant, Dieu notre Père, accueille Claudio dans tes bras.
* Le poète du psaume nous a avoué sa situation d’homme abattu et troublé, sa situation entre le désespoir et l’espérance. Et nous, devant la mort de Claudio, nous sommes dans la même situation. Permets-nous donc, Dieu notre Père, de ne pas laisser tomber la petite lumière d’espoir que le psaume et le père Claudio a réveillée en nous.
* Le psaume nous a parlé de toi, Seigneur, qui – le jour – tu montres ton amour et – pendant la nuit – tu fais jaillir dans notre cœur un chant, une prière adressée à toi qui es le Dieu de notre vie. Permets-nous de rêver que même dans la mort – celle de nos amis et aussi la nôtre un jour – tu es et tu seras le Dieu de la vie.
* La page du Coran nous a parlé de Jésus qui s’engage pour les malades et qui prend soin aussi des morts. Et cette attitude de Jésus n’était pas limitée au temps de sa vie. Encore aujourd’hui Jésus prend soin de celles et de ceux qui meurent. Et nous savons que tu prends soin aussi du père Claudio qui a engagé sa vie pour le Centre.
* Dans l’Évangile, Jésus notre frère, tu te révèles troublé devant la mort. Et ce trouble nous aide : il nous permet de ne pas nous sentir seuls et abandonnés devant la mort de nos amis. Mais tu nous parles aussi de ta mort comme une élévation, dans laquelle tu attires tout à toi. Permets-nous de nous laisser attirer par toi sur notre chemin vers celui qui est ton Père et notre Père.
Chant final : Va plus loin
> Arcidiocesi di Udine: È tornato alla Casa del Padre il missionario friulano p. Claudio Marano (link esterno)
[1] Le chant du Centre.
[2] Pour les thèmes « ressusciter un mort, redonner vie, rendre à la vie », cf. A. Godin et R. Foehrlé, Coran thématique, Éditions Al Qalam, Paris, 2004, p. 881ss.