Eucharistie: 26 janvier 2025
3ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C
« Aujourd’hui, cette Écriture a été définitivement accomplie » (Luc 4,21)
Première lecture
Néhémie est un laïque qui, dans la deuxième moitié du cinquième siècle, reconstruit les murs de Jérusalem et s’engage pour éliminer l’injustice sociale qui oblige des personnes pauvres à devenir esclaves des riches juifs. Néhémie est le protagoniste du livre qui porte son nom. Mais, dans le même livre, on parle aussi d’Esdras, prêtre (v. 2) et théologien (v. 1)[1].
La page que nous allons écouter dans un instant nous présente la lecture du « livre de l’Instruction de Moïse » (v. 1). L’occasion pour effectuer cette lecture est donnée par « le peuple » (vv. 1. 3. 5. 5. 5. 6. 7. 7. 9. 9. 9). En effet, c’est le peuple qui se réunit et invite Esdras à lire. A côté d’Esdras, il y a le laïque Néhémie et deux groupes de treize personnes (vv. 4 et 7), des personnes – laïques et lévites[2] – qui s’engagent pour que toutes les personnes présentes puissent comprendre. Voilà, dans notre texte, les guides du peuple, les personnes qui – ensemble – s’engagent pour apporter au peuple, à tout le peuple, « aux hommes, aux femmes aussi, et à tous ceux qui sont capables de comprendre » (v. 2), le message de Dieu.
Ce message est contenu dans « le livre de l’Instruction de Moïse ». Et ce livre est porté et lu, pendant toute une matinée, « sur la place qui est devant la porte des Eaux » (v. 1). Ce détail est important : la Parole de Dieu ne peut pas être contenue dans le temple, elle est plus grande et plus importante du temple et des sacrifices qu’on y offre[3].
Le livre de l’Instruction de Moïse, c’est le prêtre Esdras, les lévites mais aussi de nombreux laïcs qui le lisent (v. 7), l’expliquent et en donnent le sens, nous dit le verset 8. Et, la première réaction du peuple est la douleur, « le deuil » (v. 9), la peine. En présentant cette réaction du peuple, le narrateur nous montre que la proclamation de la Parole de Dieu serait totalement inutile sans l’attitude ouverte et disponible de l’assemblée, une assemblée qui cherche à découvrir l’importance de la Parole de Dieu dans sa propre vie[4].
A la réaction du peuple, Néhémie, Esdras et les lévites réagissent : « Ne soyez pas dans la peine, car la joie de Yahvéh, elle est votre force ! » (v. 10). La joie, le fait que Dieu se réjouit de son peuple, voilà ce qui pousse le peuple à agir, à partager sa nourriture avec ceux qui n’en ont pas, et à se réjouir.
Lecture du livre de Néhémie (8,1-10)
1 Et ils se rassemblent, tout le peuple comme un seul homme, sur la place qui est devant la porte des Eaux, et ils disent à Esdras, le théologien, de faire venir le livre de l’Instruction de Moïse que Yahvéh avait ordonnée à Israël.
2 Et le prêtre Esdras fait venir le livre de l’Instruction ; il le fait venir devant l’assemblée, aux hommes, aux femmes aussi, et à tous ceux qui sont capables de comprendre ce qu’on entend. C’est le premier jour du septième mois.
3 Et (Esdras) lit dans le livre, face à la place qui est face à la porte des Eaux, depuis l’aube jusqu’au milieu de la journée, devant les hommes et les femmes et ceux qui sont capables de comprendre. Et les oreilles de tout le peuple sont attentives au livre de l’Instruction.
4 Esdras, le théologien, est debout sur une tribune de bois qu’on avait faite pour la circonstance. Et à côté de lui se tiennent Mattitya, et Shèma, et Anaya, et Ouriya, et Hilqiya et Maaséya à sa droite, et à sa gauche Pedaya, et Mishaël, et Malkiya, et Hashoum, et Hashbaddana, et Zekarya, et Meshoullam. 5 Et ouvre, Esdras, le livre aux yeux de tout le peuple – car il était au-dessus de tout le peuple – et, lorsqu’il l’ouvre, tout le peuple se tient debout.
6 Et Esdras bénit Yahvéh, l’Elohim, le grand, et tout le peuple répond : « Amen ! Amen ! » en élevant leurs mains. Et ils s’inclinent et se prosternent devant Yahvéh, le visage contre terre.
7 Yéshoua, et Bani, et Shérévya, Yamîn, Aqqouv, Shabtaï, Hodiya, Maaséya, Qelita, Azarya, Yozavad, Hanân, Pelaya, et les lévites font comprendre au peuple l’Instruction, et le peuple reste debout, à leur place. 8 Et ils lisent dans le livre de l’Instruction d’Elohim, en expliquant et en donnant le sens, et ils font comprendre ce qui était lu.
9 Et Néhémie, lui, le gouverneur, et Esdras, prêtre et théologien, et les lévites qui faisaient comprendre au peuple disent à tout le peuple : « Ce jour-ci est consacré à Yahvéh votre Elohim. Ne soyez pas dans le deuil et ne pleurez pas ». En effet tout le peuple pleurait en entendant les paroles de l’Instruction
10 Et (Esdras) leur dit (encore) : « Allez, mangez de bons plats, et buvez des boissons douces, et envoyez des portions à celui qui n’a rien de prêt pour lui, car ce jour-ci est consacré à notre Seigneur. Et ne soyez pas dans la peine, car la joie de Yahvéh, elle est votre force ! ».
Parole du Seigneur.
Psaume
Le psaume 19 est composé de deux parties[5]. Dans la première (vv. 1-7), le poète chante l’œuvre de Dieu dans la création tout entière : elle nous manifeste la grandeur de Dieu. Le jour révèle cette grandeur au jour suivant, et de même chaque nuit à la nuit qui suit. Et le message livré par la création peut être compris par chaque personne.
Quant à la seconde partie du psaume, la liturgie nous en propose quatre strophes. Dans cette partie, le poète ne parle plus de « Dieu », « El » en hébreux. Ici, il parle de « Yahvéh », et ce nom propre est – sept fois – amoureusement répété[6].
Dans les trois premières strophes (vv. 8-10), le poète évoque le message que Dieu adresse, personnellement, aux humains, à chaque croyant et à tout son peuple. Pour parler de ce message, l’auteur utilise six termes différents : instruction, témoignage, préceptes, commandement, parole[7] et décisions. Chacun de ces termes reçoit d’abord un qualificatif qui le caractérise ; la suite de la phrase nous dit ce que le message de Dieu apporte au croyant[8] : il redonne la force de vivre, il rend sage, il donne la joie au cœur et illumine les yeux (vv. 8-9). Quant à la troisième strophe, elle souligne la parole de Dieu et ses décisions comme valables pour toujours et, toutes, « justes » (v. 10).
Dans la dernière strophe (v. 15) qui est la strophe finale du psaume, le poète confie à Dieu sa prière et se confie à lui totalement : il sait que Dieu le protège et le rassure : il est son « rocher » et son « libérateur »[9].
Devant ce poème qui célèbre la parole de Dieu, la liturgie nous rappelle le discours de Jésus sur « le pain de la vie », sur « le don de son corps et de son sang ». En terminant ce discours, Jésus déclare : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jean 6,63). En reprenant cette phrase de l’Évangile, la liturgie nous propose ce refrain pour notre psaume qui célèbre la parole de Dieu :
Tes paroles, Seigneur, sont esprit
et elles sont vie.
Psaume 19 (versets 8. 9. 10. 15)
8 L’instruction de Yahvéh est parfaite,
elle redonne la force de vivre.
Le témoignage de Yahvéh est digne de confiance,
il rend sage une personne simple.
Refr. : Tes paroles, Seigneur, sont esprit
et elles sont vie.
9 Les préceptes de Yahvéh sont droits,
ils rendent le cœur joyeux.
Le commandement de Yahvéh est lumineux,
il illumine les yeux.
Refr. : Tes paroles, Seigneur, sont esprit
et elles sont vie.
10 La parole de Yahvéh est pure et sans tache,
elle reste sans cesse valable.
Les décisions de Yahvéh sont vraies,
toutes, elles sont justes.
Refr. : Tes paroles, Seigneur, sont esprit
et elles sont vie.
15 Accueille avec faveur les paroles de ma bouche,
et la méditation de mon cœur
puisse arriver en ta présence, Yahvéh,
mon rocher et mon libérateur !
Refr. : Tes paroles, Seigneur, sont esprit
et elles sont vie.
Deuxième lecture
Comme il y a une semaine, la deuxième lecture revient sur la Première lettre aux Corinthiens. Après avoir insisté sur les différents dons que l’Esprit suscite dans chaque membre de la communauté, Paul fait une comparaison : le corps. Le corps est composé de plusieurs membres, de membres différents l’un par rapport aux autres. Et la différence entre les différents membres est essentielle. Mais tous les membres « ne forment qu’un seul corps » (v. 12). Et cette unité a sa racine dans l’Esprit. En effet, « nous avons tous été baptisés dans un Esprit unique pour former un corps unique » (v. 13). Et l’Esprit n’a pas de préférence, il ne fait pas de privilégiés au niveau de la condition sociale ou de l’ethnie. En effet, « tous, juifs ou grecs, esclaves ou libres, tous nous avons bu à la source de cet Esprit unique » (v. 13).
Dans la suite du texte (vv. 15-26), Paul revient sur l’image du corps, le corps et ses membres. Cette image permet à l’apôtre de souligner la diversité : divers sont les membres, diverses sont les fonctions de chacun. Et cette diversité des membres devient, dans notre page, une image pour souligner la diversité des dons dans une communauté (vv. 15-20).
Après avoir insisté sur la diversité des membres du corps, Paul souligne leur complète interdépendance (vv. 21-26)[10] : « il n’y a pas de division dans le corps, mais les différents membres ont tous un égal souci les uns pour les autres » (v. 25). Ce qu’on constate en regardant le corps humain nous permet de comprendre comment fonctionne une communauté : les différences entre ses différents membres ne doivent absolument pas devenir un prétexte pour exclure une personne de la communauté. En effet, chaque membre de la communauté a sa physionomie, ses caractéristiques, ses dons donnés par l’Esprit, des dons au service de la communauté.
C’est ainsi, comme Paul écrit dans la partie finale de sa réflexion, c’est ainsi que « vous êtes, vous, (le) corps du Christ et ses membres, chacun pour sa part » (v. 27). C’est le message adressé à la première communauté de Corinthe. Et c’est le message que Paul nous adresse ce matin : avec nos différences, nous formons le corps du Christ. Et chacune et chacun de nous « pour sa part », chacune et chacun avec ses dons, ses fonctions, ses engagements.
Et ces dons, ces fonctions, Paul les rappelle. Mais, à différence de ce qu’il a dit dans la page que nous avons lue il y a une semaine (1 Cor 12,8-10), ici Paul mentionne les dons par ordre d’importance : d’abord les apôtres, ensuite les prophètes et les enseignants. Après ces dons qui se manifestent en particulier à travers la parole, il y a des dons liés à des actions, des actions extraordinaires comme le don des miracles et d’accomplir des guérisons. Mais, à côté de ces actions extraordinaires, Paul évoque aussi l’action « de secourir les autres » (v. 28), une action plus importante que celle de diriger une communauté. Et enfin, et seulement à la fin, Paul mentionne le don de « parler diverses sortes de langues », un don que les Corinthiens appréciaient beaucoup.
De la Première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (12,12-30)
Frères,12 faisons une comparaison. Le corps forme un tout, et pourtant, il a plusieurs membres. Malgré leur nombre, tous les membres du corps ne forment qu’un seul corps. Pour le Christ, il en est de même. 13 En effet, nous avons tous été baptisés dans un Esprit unique pour former un corps unique ; tous, juifs ou grecs, esclaves ou libres, tous nous avons bu à la source de cet Esprit unique. 14 Le corps, en effet, ne se compose pas d’un seul membre, mais de plusieurs.
15 Si le pied disait : « Parce que je ne suis pas une main, je ne suis pas du corps », il ne cesserait pas pour autant d’être une partie du corps. 16 Et si l’oreille disait : « Parce que je ne suis pas un œil, je ne suis pas du corps », elle ne cesserait pas pour autant d’être une partie du corps. 17 Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout ouïe, où serait l’odorat ? 18 Mais Dieu a placé chacun des membres dans le corps, comme il a voulu. 19 Si tous étaient un membre unique, où serait le corps ? 20 Maintenant donc il y a plusieurs membres et un seul corps.
21 L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi », ni la tête dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ». 22 Bien au contraire, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires ; 23 et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons de plus de soin que les autres. Ainsi les membres qu’on ne doit pas voir, nous nous en occupons avec plus de soin, 24 tandis que ceux qui sont décents n’en ont pas besoin. En fait, Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur aux parties qui en manquent ; 25 ainsi, il n’y a pas de division dans le corps, mais les différents membres ont tous un égal souci les uns pour les autres. 26 Et si un seul membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; et si un membre est honoré tous les membres se réjouissent avec lui.
27 Or vous êtes, vous, (le) corps du Christ et ses membres, chacun pour sa part. 28 Et Dieu a établi dans l’Église premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des personnes chargées d’enseigner ; ensuite il y a (le don) des miracles, puis les dons d’accomplir des guérisons, de secourir les autres, de diriger, de parler diverses sortes de langues. 29 Tous ne sont pas apôtres, tous ne sont pas prophètes. Tous n’enseignent pas, tous ne font pas des actions extraordinaires. 30 Tous n’ont pas le don de guérir, tous ne parlent pas en langues inconnues, et tous n’ont pas le don de les traduire.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé,
porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération. (Luc 4,18cd)
Alléluia.
Évangile
De l’Évangile de Luc, la liturgie nous propose deux pages : les premiers versets du premier chapitre et une section du chapitre 4.
Dans les premiers versets du premier chapitre, Luc nous dit pourquoi il a rédigé son Évangile et quelle est la méthode qu’il a utilisée.
* A l’origine il y a « des événements accomplis parmi nous » (v. 1), donc des événements, des actions et des paroles de Jésus, des événements dans lesquels Dieu est intervenu, à travers Jésus, pour « nous », les humains de jadis et aussi d’aujourd’hui.
* Ces événements ont d’abord été transmis par « ceux qui, dès le commencement, sont devenus témoins oculaires et serviteurs de la Parole » (v. 2). Luc, qui écrit son Évangile vers les années 95 du premier siècle, évoque ici les premiers témoins, ceux qui ont vécu avec Jésus et qui se sont mis au service de la Parole et en ont fait mémoire, d’abord oralement, ensuite par écrit.
* Et Luc a voulu s’informer soigneusement « de tout à partir des origines » pour pouvoir écrire « un récit ordonné », donc une narration dans laquelle on peut voir une succession, une cohérence entre les différents faits et les paroles de Jésus.
* Enfin le but. Luc écrit pour « Théophile », un mot qui signifie « aimé de Dieu » et aussi « ami de Dieu ». Le destinataire de Luc n’est donc pas un individu unique qui porte ce nom propre. Destinataire de l’Évangile de Luc est aussi chaque personne qui, après avoir reçu le message de l’Évangile, sait qu’elle est « aimée de Dieu » et désire – de tout son cœur – aimer Dieu et devenir « ami(e) de Dieu »[11].
Toujours dans l’Évangile de Luc, ce matin nous allons lire aussi une section du chapitre 4. Ici, Luc nous présente la première prédication de Jésus. Au moment du baptême – comme nous avons lu il y a deux dimanches – « l’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une forme corporelle, comme une colombe » (Lc 3,22). Et maintenant, c’est « plein de la puissance de l’Esprit Saint » (4,14) que Jésus retourne en Galilée. Toujours en Galilée, et plus précisément à Nazareth – ou, pour le dire avec un accent plus araméen, à Nazara – Jésus va dans la synagogue. La phrase utilisée par Luc est très précise : Jésus « entra, suivant son habitude le jour du sabbat, dans la synagogue » (v. 16). Le narrateur nous présente donc Jésus qui, comme tout Juif pieux, fréquente régulièrement la synagogue[12]. Et, dans la synagogue, « on lui donna le livre du prophète Isaïe, et, en déroulant le livre » (v. 17), Jésus trouve un passage et le lit.
Un peu comme dans la page de Néhémie, nous avons donc une réunion dans laquelle la lecture de la Bible joue un rôle fondamental. Dans l’Évangile, la page que Jésus va lire n’est pas dans le livre de Moïse, elle est dans le livre d’Isaïe.
Dans cette page de l’Ancien Testament, celui qui parle se présente comme un prophète, un homme poussé par l’Esprit du Seigneur. Le prophète utilise aussi l’image de l’onction, le geste par lequel on versait de l’huile sur la tête du roi ou du prêtre. L’Esprit du Seigneur est donc présenté comme une huile pénétrante, et, dans le livre d’Isaïe, comme une force qui pousse le prophète à réconforter les personnes qui rentrent à Jérusalem après l’exil[13].
Dans l’Évangile, cette page du prophète est un peu modifiée[14]. En effet, là où le texte disait « l’année d’accueil par le Seigneur, le jour de la vengeance de notre Dieu », Luc évite la mention de la vengeance. Par rapport à ce texte du prophète, Luc ajoute aussi une autre phrase, qu’il trouve dans une page précédente du même livre (Is 58,6) : « renvoyer en liberté ceux qui sont irrémédiablement blessés ». Bref : c’est pour les pauvres, les personnes marginalisées et blessées que le prophète de l’Ancien Testament est envoyé.
A propos de la lecture d’Isaïe, il y a encore un détail. Luc nous parle de Jésus qui « déroule » (v. 17) le livre, il lit et, ensuite, il « enroule » (v. 20) le livre. Donc : avec Jésus qui se lève, ouvre le livre, le lit, et ensuite s’assied, le temps de la promesse s’achève et s’ouvre le temps de l’accomplissement de la promesse[15].
D’ici, la réaction dans la synagogue : la réaction est de surprise : « les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui » (v. 20). Ceux et celles qui ont écouté la lecture attendent une explication, un commentaire. Et c’est à ce moment que Jésus applique à soi-même ce qu’il vient de lire : « Aujourd’hui, cette Écriture a été définitivement accomplie à vos oreilles » (v. 21). La fonction du prophète anonyme, annoncée dans le livre d’Isaïe, voilà la fonction que Jésus réalise dès maintenant.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (1,1-4 et 4,14-21)
11 Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements accomplis parmi nous, 2 d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, sont devenus témoins oculaires et serviteurs de la Parole. 3 C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après m’être soigneusement informé de tout à partir des origines, d’en écrire un récit ordonné. J’ai fait cela pour toi, très cher Théophile, 4 afin que tu puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus.
414 Jésus, plein de la puissance de l’Esprit Saint, retourna en Galilée, et sa renommée se répandit dans toute cette région. 15 Et il enseignait dans leurs synagogues et il était glorifié par tous.
16 Et il vint à Nazara, où il avait été élevé. Et il entra, suivant son habitude le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture. 17 Et on lui donna le livre du prophète Isaïe, et, en déroulant le livre, il trouva le passage où il est écrit :
18 L’Esprit du Seigneur est sur moi,
parce qu’il m’a oint
pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ;
il m’a envoyé pour proclamer aux prisonniers la libération
et aux aveugles le retour de la vue,
pour renvoyer en liberté ceux qui sont irrémédiablement blessés,
19 pour proclamer une année d’accueil par le Seigneur (Isaïe 61,1-2 et 58,6).
20 Et, enroulant le livre, il le rendit à l’assistant et s’assit. Et les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui. 21 Et il commença à leur dire : « Aujourd’hui, cette Écriture a été définitivement accomplie à vos oreilles ».
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Nous voulons te remercier, Père des lumières,
parce que tu nous as appelés des ténèbres
vers ta lumière admirable.
Nous te remercions pour avoir fait surgir, par ta parole,
la lumière des ténèbres,
et pour l’avoir faite briller dans nos cœurs,
pour nous illuminer avec la connaissance du visage de Jésus.
Parce que la vraie lumière, la vie éternelle, c’est connaître toi
unique Dieu, et Celui que tu as envoyé, Jésus Christ[16].
[Prière de l’Église d’Orient]
Prière des fidèles
* Le livre de Néhémie nous a aidé(e)s à découvrir que toi, Seigneur, tu n’es pas un juge qui condamne ; tu es un Dieu qui se réjouit de nous. Voilà la découverte fondamentale de notre vie, la découverte qui nous pousse à partager notre vie et notre pain avec les autres. Permets-nous de ne jamais oublier que « la joie de Yahvéh », elle est notre force !
* Le poète du psaume nous a parlé de l’instruction que tu nous donnes. C’est elle qui « redonne la force de vivre ». Elle seule peut rendre notre cœur vraiment joyeux, seulement elle peut illuminer nos yeux. Nous voulons donc te remercier pour ton instruction. Aide-nous à la suivre, à la mettre vraiment en pratique.
* Nous formons un seul corps, voilà le message de Paul. Nous devons donc nous respecter les uns les autres, profondément. En effet, seulement en nous respectant réciproquement – dans nos différences sociales, ethniques et religieuses – nous respectons l’œuvre de l’Esprit, l’Esprit unique à la source duquel « tous nous avons bu ». Et c’est seulement ainsi que nous respectons « le corps du Christ » dont nous sommes, chacune et chacun, les membres.
* Luc nous a montré que Jésus est celui qui porte la bonne nouvelle aux pauvres. C’est lui qui peut guérir et libérer celles et « ceux qui sont irrémédiablement blessés ». Aide-nous, Seigneur, à mettre notre confiance en toi et à mettre en pratique ta parole, au lieu de suivre des parleurs qui parlent pour rien ne dire. Aide-nous, Seigneur, à constater comment ta parole s’accomplit vraiment dans notre vie.
[1] Pour la présence d’Esdras dans Néhémie 8-10, cf. C. Balzaretti, Esdra. Neemia. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 1999, p. 142s.
[2] Pour ces laïques, cf. M. Michaeli, Les livres des Chroniques, d’Esdras et de Néhémie, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1967, p. 335, notes 1 et 2.
[3] Cf. C. Balzaretti, Esdra. Neemia. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 1999, p. 144. Cf. aussi F. Bianchi, Esdra. Neemia. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2011, p. 161 et aussi p. 163s.
[4] F. Bianchi, Esdra. Neemia. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2011, p. 162.
[5] Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 352s.
[6] Ainsi J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 207.
[7] Les manuscrits hébreux utilisent le mot « crainte » qu’on doit nécessairement corriger en « parole » ou « déclaration solennelle ». Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 352. Cf. aussi E. Zenger, I Salmi. Preghiera e poesia, vol. 1. Col mio Dio scavalco muraglie, Paideia, Brescia, 2013, p. 167.
[8] J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 209.
[9] Pour cette traduction du terme hébreu « go’êl », cf. Vesco, Ibid., p. 210.
[10] Ainsi D. Gerber, Première épître aux Corinthiens, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 753.
[11] S. Fausti, Una comunità legge il Vangelo di Luca, Nuova edizione, EDB, Bologna, 2017, p. 17.
[12] Cf. D. Marguerat et E. Steffek, Évangile selon Luc, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 274.
[13] P.-E. Bonnard, Le Second Isaïe, son disciple et leurs éditeurs. Isaïe 40-66, Gabalda, Paris, 1972, p. 416.
[14] Pour la relation entre Luc 4,18-19 et Isaïe, cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc 1-9, Labor et fides, Genève, 1991, p. 206.
[15] S. Fausti, Una comunità legge il Vangelo di Luca, Nuova edizione, EDB, Bologna, 2017, p. 102.
[16] A. Zarri, Il pozzo di Giacobbe. Raccolta di preghiere da tutte le fedi, Gribaudi, Torino, 1992, p. 26.