Eucharistie: 14 septembre 2025
La Croix glorieuse
Première lecture
La première lecture est une page du livre des Nombres, un livre qu’on lit seulement trois fois dans les liturgies du dimanche. Ce livre de l’Ancien Testament s’appelle « Des nombres » parce qu’il nous donne la liste des differentes villes d’Israel, le nombre des sacrifices et le calendrier des fêtes accomplies en Israel[1].
La page qu’on lira dans un instant, nous parle d’un serpent. Ici, le serpent est présenté comme un simbole positif et négatif en même temps. Pendant la traversée du désert, Israel rencontre les serpents qui l’habitent. La traversée du désert présente beaucoup de difficoltés: le risque d’être mordus du serpent, le manque de nourriture et d’eau. Et le peuple s’adresse à Moïse et à Dieu en disant: « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? » (v. 5). Quant à Dieu, il réagit: « Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël » (v. 6). Et ici, la morsure brûlante donne l’idée de la sensation que la morsure du serpent donne dans la peau des humains; ici elle devient une image pour évoquer l’action brûlante de la colère de Dieu envers les humains (Nu 21,1)[2]. Après cette expérience negative, le peuple reconnaît sa faute et s’adresse à Moïse et lui demande de prier Dieu « pour qu’il éloigne de nous les serpents » (v. 7).
Et Dieu aide Moïse en lui ordonnant de construire un serpent de métal et « quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie ! ». Et cette image du regard vers le serpent sera reprise dans l’Evangile de Jean (3,14-15) et appliquée au Christ crucifié[3].
Lecture du livre des Nombres (21, 4b-9)
4b En ces jours-là, en chemin à travers le désert, le peuple perdit le courage.
5 Il récrimina contre Dieu et contre Moïse :
« Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ?
Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ?
Nous sommes dégoûtés de la manne, de cette nourriture misérable ! »
6 Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.
7 Le peuple vint vers Moïse et dit :
« Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi.
Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ».
Moïse intercéda pour le peuple, 8 et le Seigneur dit à Moïse :
Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât :
tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »
9 Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât.
Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !
Parole du Seigneur.
Psaume 78
Le Psaume 78, dont nous allons écouter quatre strophes, évoque l’histoire d’Israel racontée par les pères d’Israel. Quant à l’auteur du Psaume, un poète du VIII siècle[4], il va la redire « à l’age qui vient » (4b). C’est ainsi qu’il va en mentionner les grandes actes de Dieu et aussi les fautes et l’indifférence des humains devant les actes de Dieu[5]. Parmi les actes de Dieu, l’auteur utilise le verbe « frapper », qui suscite la réaction du peuple: « Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, ils revenaient et se tournaient vers lui » (v. 34). Mais cette réaction du peuple n’était pas constante: « Leur cœur n’était pas constant envers lui ; ils n’étaient pas fidèles à son alliance » (v. 37). Et la dernière strophe que nous allons lire aujourd’hui nous parle de la réaction surprenante de Dieu: Dieu, « miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait ». Et cette affirmation nous rappelle la profession de foi que nous lisons dans l’Exode: « Dieu est lent à la colère et riche dans sa miséricorde, il pardonne la faute et la révolte » (Exode 34,6-7)[6]. Et la dernière strophe que nous allons lire aujiourd’hui revient sur la miséricorde et le pardon de Dieu. Et elle donne la motivation: Dieu se rappellait que nous sommes une vraie fragilité: nous ne sommes que chair: “un souffle qui s’en va sans retour”[7].
En écoutant chacune des quatre strophes du Psaume, nous allons réagir avec ce refrain en utilisant le verset 7 de ce même psaume: N’oubliez pas les exploits du Seigneur !
Psaume 78 (versets 3-4bc; 34-35; 36-37; 38ab-39)
3 Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté ;
4bc nous le redirons à l’âge qui vient,
les titres de gloire du Seigneur.
Refr.: N’oubliez pas les exploits du Seigneur !
34 Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient,
ils revenaient et se tournaient vers lui :
35 ils se souvenaient que Dieu est leur rocher,
et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur.
Refr.: N’oubliez pas les exploits du Seigneur !
36 Mais de leur bouche ils le trompaient,
de leur langue ils lui mentaient.
37 Leur cœur n’était pas constant envers lui ;
ils n’étaient pas fidèles à son alliance.
Refr.: N’oubliez pas les exploits du Seigneur !
38ab Et lui, miséricordieux,
au lieu de détruire, il pardonnait.
39 Il se rappelait : ils ne sont que chair,
un souffle qui s’en va sans retour.
Refr.: N’oubliez pas les exploits du Seigneur !
Deuxième lecture
Dans un instant, nous allons écouter un poème qui était chanté dans les premières communautés chrétiennes. Ce chant, que Paul cite dans la lettre aux Philippiens, parle de Jésus en présentant deux mouvements.
Le premier (vv. 6-8) d’en haut en bas, de la condition divine à la condition humaine la plus basse, la condition d’esclave, et l’anéantissement de la mort. Voilà ce que Jésus a vécu.
Le deuxième mouvement (vv. 9-11) d’en bas en haut : de la mort à la résurrection et à la glorification universelle du Christ, un mouvement dans lequel le Christ va associer l’humanité entière.
Lecture de la lettre de saint Paul aux Philippiens (2,6-11)
6 Le Christ Jésus, étant de condition divine,
son égalité à Dieu, il n’a pas cherché à la garder à tout prix pour lui.
7 Mais, lui-même, il s’est anéanti prenant condition d’esclave et devenant semblable aux humains ;
et, reconnu à son aspect vraiment comme un homme,
8 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix !
9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté
et lui a fait don du Nom qui est au-dessus de tout nom,
10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse,
dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
11 et que toute langue proclame :« Jésus Christ est Seigneur » pour la gloire de Dieu le Père.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons :
par ta Croix, tu as racheté le monde.
Alléluia.
Évangile
La page qu’on va lire est fondamentale dans l’Evangile de Jean. Voici sa structure :
La première partie (vv. 13-15) nous parle de Jésus en faisant référence à l’Ancien Testament. D’abord à Moïse qui, dans le désert, élève un serpent de bronze : en le regardant, une personne mordue par un serpent du désert « restera en vie » (No 21,8). De même, celui qui regardera Jésus « élevé » (v. 14) sur la croix, aura la vie, « la vie éternelle », en lui (v. 15). La deuxième référence est au livre de Daniel, qui présente « un fils d’homme » qui apparaît triomphant au moment du jugement (Dan 7,13).
La deuxième partie s’ouvre avec le v. 16 qui est probablement le verset le plus important de l’Évangile. Le centre de tout c’est l’amour de Dieu pour le monde, l’amour que Dieu nous a montré en nous donnant son Fils unique. Ce don nous révèle Dieu. Dieu veut être saisi comme celui qui s’offre avec générosité en donnant ce qu’il a de plus cher, de plus précieux, d’unique[8],
Son Fils. A travers ce Fils, Dieu ne veut pas juger ou condamner, Dieu veut sauver « le monde » (v. 17), le monde entier.
L’Évangile nous invite donc à mettre notre confiance dans l’amour de Dieu qui se dévoile en Jésus et à nous engager à faire sa volonté. De cette façon, nous nous ouvrons à Dieu et nous lui permettons d’agir en nous.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (3,13-17)
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
13 « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
14 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
15 afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
16 Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
O Toi, notre grande tendresse
Tu es le seul saint, Seigneur Dieu,
toi qui fais des merveilles.
Tu es fort. Tu es grand, Tu es souverain.
Tu es tout-puissant,
Toi, père saint, Roi du ciel et de la terre.
Tu es Trinité en même temps qu’unité,
Seigneur Dieu.
Tu es le bien, tout le bien, le bien suprême,
Seigneur Dieu, vivant et vrai.
Tu es amour et charité,
tu es sagesse, tu es humilité,
tu es patience, tu es sécurité.
Tu es le repos. Tu es la gaieté et la joie.
Tu es justice et tempérance.
Tu es richesse et surabondance.
Tu es la beauté. Tu es la douceur.
Tu es notre abri, notre gardien, notre défenseur.
Tu es la force. Tu es la fraîcheur.
Tu es notre foi.
Tu es notre grande douceur.
Tu es notre vie éternelle,
Grand et admirable Seigneur,
Dieu tout-puissant,
Bon sauveur plein d’amour[9].
[François d’Assise, Italie : 1182-1226]
Prière des fidèles
* La première lecture nous a mentionné la fatigue d’Israel à traverser le désert et la peur des serpents. Mais Moïse, en suivant le message de Dieu, à trouvé une solution. Il a fait un serpent de bronze et ainsi, quand un homme regardait ce serpent, « il restait en vie ». Seigneur, aide nous, encore aujourd’hui, à affronter les difficultés de chaque jour, en ayant confiance en toi, qui es le Père qui nous aime.
* Le psaume nous a mentionné l’histoire du peuple Israel, des personnes qui « se souvenaient que Dieu est leur rocher,et leur rédempteur ». Et cette attitude leur permettait de vivre leur faiblesse, leur chair, « un souffle qui s’en va sans retour ». Que les paroles de ce Psaume puissent nous aider à vivre correctement – et en pleine confiance – notre faiblesse de chaque jour.
* La lettre aux Philippiens nous a aidé à comprendre l’histoire de Jésus qui « s’est anéanti » pour partager notre condition humaine « devenant obéissant jusqu’à la mort ». Mais, trois jours plus tard, « Dieu l’a souverainement exalté » et nous ne pouvons que fléchir nos genoux en l’écoutant et en accomplissant ses paroles.
* La page de l’Evangile que nous avons écoutée nous aide à predre conscience de l’amour que tu as envers nous. En effet, tu as « tellement aimé le monde » que tu as donné ton Fils unique, « afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». Donne-nous, Dieu notre Père, de nous laisser guider – de jour en jour – par la parole de ton Fils.
* Seigneur, permet-nous de savoir regarder en avant, encouragés par la mort et la résurrection de ton Fils. Que le Christ réssuscité nous ouvre les yeux pour voir la mort – celle de nos ami€s et notre propre mort – avec des yeux différents : la mort comme acte de s’abandonner dans tes bras maternels.
* Seigneur, encore une prière pour ceux et celles qui ont peur de toi. Permets à eux et à elles, et à nous aussi, d’abandonner cette peur et de prendre conscience, jour après jour, que tu es un Dieu qui nous aime, un Dieu plein de douceur maternelle et abondant en tendresse. C’est ainsi que nous pourrons vraiment nous ouvrir au message de Jésus qui nous assure : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». A toi, Seigneur, notre grand merci, de tout cœur.
Prière finale
L’aboutissement de notre vie sera de goûter à la plénitude,
la plénitude de la Joie Céleste, joie suprême,
Joie n’ayant aucune équivalence sur terre.
Joie ne pouvant se réaliser que par notre OUI à Dieu,
notre OUI à notre relation avec Dieu.
Une relation personnelle,
une relation personnelle et bien vivante.
La relation propre à chacun avec notre Père Céleste,
un Père d’Amour et de Miséricorde,
qui nous cherche, qui se révèle constamment à nous[10].
[Florence Viellard, jeune maman, France : 2012]
[1] Cf. C. Caldelari, La Bibbia del dì di festa. Pensieri familiari su Esodo, Levitico e Numeri, Edizioni Messaggero, Padova, 2004, p. 139.
[2] Cf. D. T. Olson, Numeri. Edizione italiana a cura di C. Versino, Claudiana, Torino, 2006, p. 149.
[3] Cf. Olson, Op. cit., p. 151.
[4] Cf. G, Ravasi, Il libro dei Salmi. Commento e attualizzazione, Edizioni Dehoniane, Bologna, 2015, p. 619.
[5] Cf. B. Maggioni, Davanti a Dio. I salmi 76-150, Vita e pensiero, Milano, 2002, p. 24.
[6] Pour cette référence, cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione, Edizioni Dehoniane, Bologna, 2015, p. 639.
[7] Cf. F-L. Hossfeld, Psalm 78, dans: F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 51-100, Herder, Freiburg . Basel. Wien, p. 437.
8 Ainsi J. Zumstein, L’Évangile selon saint Jean (1-12), Labor et fides, Genève, 2014, p. 121.
[9] Le grand livre des prières. Textes choisis et présentés par C. Florence et la rédaction de Prier, avec la collaboration de M. Siemek, Prier – Desclée de Brouwer, Paris 2010, p. 192s.
[10] F. Viellard, Prier pour grandir dans la joie de Dieu, Salvator, Paris, 2012, p. 128.