Eucharistie: 9 novembre 2025
9 novembre 2025 : Année C
« Dédicace de la Basilique du Latran »
Aujourd’hui, la première lecture est une page du prophète Ézéchiel, un prophète qui a vécu lorsque les Israélites ont vu leur ville détruite deux fois, en 597 et 587 avant Jésus Christ. Ce prophète, dans son livre évoque la merveilleuse effusion de l’esprit (dans le chapitre 37), et, dans la page qu’on lira dans un instant, il évoque l’eau comme un principe d’une vie nouvelle. Cette eau a une conséquence pour les arbres et aussi pour les animaux en permettant à la mer Morte d’avoir des êtres vivants ; mais l’eau se communique aussi aux humains, pour leur vie et aussi comme une médecine[1].
Lecture du livre du prophète Ézéchiel (47,1-2. 8-9. 12)
1 L’homme me ramena à l’entrée du Temple, et voici que des eaux sortaient de dessous le seuil de la Maison : elles couraient vers l’orient, tout comme la Maison regardait vers l’orient. L’eau sortait du côté sud de l’autel. 2 Il me fit sortir par la porte nord et me fit faire le tour par l’extérieur, jusqu’à la porte de l’est : l’eau coulait alors sur ma droite. 8 Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l’orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux. 9 Et tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre ; le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent. 12 Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois, ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »
Parole du Seigneur.
Psaume 46 (45)
Le Dieu, que le poète du psaume 46 évoque, est le Dieu présent avec son peuple, le Dieu qui fait de Jérusalem la ville de Dieu et la ville-mère[2]. Devant les dangers même catastrophiques qui peuvent menacer nos situations, ce Psaume peut nous encourager : d’ici le verset 8, que nous utiliserons comme refrain :
Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
Dans ce Psaume, l’image centrale est la ville de Jérusalem, la ville-mère, là où on vit comme dans le ventre maternel, un ventre très fécond où on trouve assurance, nourriture, paix et tendresse[3], il est le ventre maternel, comme un paradis terrestre qui est traversé par des eaux abondantes, des fleuves et des canaux (v. 5). Quant à Dieu, il est très actif, il n’est pas indifférent aux guerres et aux chaos présents dans la création Dieu est le Dieu de la vie ; il est le dernier espoir contre les menaces de la mort et de la haine[4].
Psaume 45 (46) : versets 2-3 ; 5-6 ; 8.9a.10a.
2 Dieu est pour nous l’espérance et la force,
le secours près de nous au moment du péril :
3 nous n’avons pas de crainte : le monde peut trembler,
les montagnes s’enfoncer au cœur des mers.
Refr.: le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
5 Un fleuve et ses canaux réjouissent la ville de Dieu,
la sainte demeure du Très-Haut.
6 Dieu est au milieu d’elle, elle ne bougera pas,
Dieu la secourt à l’approche du matin.
Refr.: le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
8 Il est avec nous, le Seigneur de l’univers ;
le Dieu de Jacob s’est fait pour nous forteresse.
9a Venez et voyez les actes du Seigneur,
10a Il a fait taire les armes jusqu’au bout du monde.
Refr.: le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
Deuxième lecture
Dans la communauté chrétienne de Corinthe, il y a des conflits. Il y a des personnes qui ont des capacités, des dons, et – à cause de ça – ils prétendent être supérieures aux autres.
Devant cette situation, Paul réagit. Pour commencer, il souligne que ces capacités sont des dons, des dons différents, des services et des actions que les humains peuvent accomplir grâce à Dieu. Le fait de confesser Jésus comme Seigneur ne peut jaillir en nous, si nous ne sommes pas animé(e)s par l’Esprit, par le Souffle Saint (v. 3b). Et à la source de tous les dons que nous pouvons manifester au service des autres, « c’est le même Souffle » (v. 4), « c’est le même Seigneur » (v. 5), « c’est le même Dieu qui, en tous, met tout en œuvre » (v. 6). Et Paul termine cette considération en soulignant que chaque chrétien porte en soi une « manifestation » de ce Souffle de Dieu. Mais cette manifestation ne permet pas de se mettre au- dessus des autres. Au contraire, cette manifestation du Souffle est « pour le bien de tous » (v. 7).
Dans la seconde partie de sa page – celle qu’on va lire ce matin – Paul revient sur les différences qui caractérisent nos personnes. Et il s’explique à travers une comparaison : « Le corps forme un tout, et pourtant, il a plusieurs membres » (v. 12). Comme dans le corps, même dans une communauté il y a des différences, mais ces différences doivent former « un tout », une unité harmonieuse dans laquelle chaque membre se met au service de l’unité. Et Paul termine sa page, au verset 13, en faisant à nouveau référence à l’Esprit Saint, un « Souffle unique » dans lequel nous avons tous « été immergés, intensément »[5]. Cette immersion totale change entièrement notre vie : et le but de ce changement est « pour former un corps unique » (v. 13).
Et Paul termine sa page à travers l’image du temple de Dieu : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (v. 16). D’ici la mise en garde : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint et ce temple c’est vous ». Aucun chrétien de Corinthe ne mettait pas en doute que son Église était la demeure de l’Esprit Saint. Voilà pourquoi Paul arrive immédiatement à la conclusion : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, cet homme, Dieu le détruira ».[6]
De la Première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Cor 3,9c-11,16- 17)
Frères, 9c “vous êtes un sanctuaire de Dieu” ; frères, vous êtes une maison que Dieu construit. 10 Selon la grâce que Dieu m’a donnée, moi, comme un bon architecte, j’ai posé la pierre de fondation. Un autre construit dessus. Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction. 11 La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ.
16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? 17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint et ce temple c’est vous.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
J’ai choisi et consacré cette Maison,
dit le Seigneur,
afin que mon Nom y soit à jamais (2 Cor 7,16).
Alléluia.
Evangile
La première partie de l’Évangile de Jean est le « Livre des signes ». En effet, le narrateur nous présente des actions de Jésus, des actions qui sont les signes de la nouveauté radicale apportée par Jésus.
Une de ces actions-signes est la purification du temple. En chassant les vendeurs qui faisaient leurs commerces dans le temple, Jésus dénonce les abus, qu’on faisait (et qu’on fait parfois encore aujourd’hui), de la religion et du culte pour gagner de l’argent. L’action de Jésus devient ainsi un signe, un geste porteur d’un message : il ne faut pas faire de « la maison de mon Père une maison de commerce » (v. 16). Derrière l’action de Jésus et l’explication qu’il en donne, il y a probablement une référence au prophète Zacharie qui annonçait : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison de Yahvéh le tout-puissant, en ce jour-là » (Za 14,21)[7]. Mais, en commentant son action, Jésus utilise une expression différente : il présente le temple comme « la maison de mon Père ». De cette façon, Jésus signale d’emblée le caractère unique de sa relation avec Dieu[8].
La même action de purifier le temple devient aussi un signe qui permettra – aux disciples après la Pâque et aussi à nous – de découvrir l’identité de Jésus. Jean nous le dit en écrivant : « Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour que j’ai pour ta maison me dévorera » (v. 17). Ici, Jean cite le psaume 69,10[9], une prière ardente d’un fidèle qui, persécuté injustement et mis à l’écart, met son espoir seulement en Dieu. Ce fidèle est pris par la « qine’âh », donc le « zèle », une passion ardente pour le service au temple. Et ce zèle, cette passion le dévore. Avec cette référence au psaume, l’évangéliste nous montre que Jésus n’est pas un réformateur quelconque. Jésus accomplit cette action parce que le zèle pour la maison de Dieu et pour la cause de Dieu le dévore. Et, par son engagement pour Dieu, Jésus sera dévoré aussi au futur[10], dans sa mort pour la cause de Dieu. C’est en regardant en avant, que Jean peut appliquer à Jésus la phrase : « L’amour que j’ai pour ta maison me dévorera » (v. 17).
Après avoir chassé du temple les vendeurs, les Juifs demandent à Jésus « quel signe » (v. 18) l’a autorisé à accomplir cette action. Jésus répond : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai » (v. 19). Le temple purifié et dédié seulement à Dieu devient un signe d’un corps détruit par les Juifs et relevé, relevé d’entre les morts, par l’action surprenante de Dieu le matin de Pâques. C’est ainsi que le temple – pour ses disciples et aussi pour nous aujourd’hui – est « son corps » (v. 21), sa présence parmi nous.
La page sur la purification du temple se termine en soulignant la foi des disciples, la foi dans la parole de Jésus et nourrie par l’Écriture Sainte : « ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite » (v. 22).
Lecture de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (2,13-22)
13 Et proche était la Pâque des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. 14 Et il trouva dans le sanctuaire les vendeurs de bœufs et de brebis et de colombes, et les changeurs de monnaie assis (à leurs tables). 15 Et, faisant un fouet de cordes, il les chassa tous hors du sanctuaire, et les brebis et les bœufs aussi ; et il jeta par terre la monnaie des changeurs et renversa leurs tables, 16 et aux vendeurs de colombes il dit : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce ». 17 Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : « L’amour que j’ai pour ta maison me dévorera ». 18 Réagirent donc, les Juifs, et ils lui dirent : « Quel signe nous montres-tu pour faire ces choses ? ». 19 Répondit, Jésus, et il leur dit : « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ». 20 Dirent donc les Juifs : « En quarante-six ans a été construit ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras ? ». 21 Mais lui, il parlait du temple de son corps. 22 Quand donc il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Nos églises – à partir de la plus digne qui est la Basilique du Latran, là où travail l’Évêque de Rome – jusqu’aux plus modestes chapelles en terre de mission, sont des signes vivants de la présence divine quand, autour de l’Eucharistie, se réunit l’Église composée des fidèles qui vivent dans l’amour et la justice. O grande famille, unissez- vous à lui, la pierre vivante refusée par les humains, mais précieuse devant Dieu. Vous êtes les pierres de son édifice, les pierres que lui-même choisit pour en faire une construction divine animée par l’Esprit[11].
Prière des fidèles
* La première lecture nous a parlé des eaux qui « sortaient de dessous le seuil de la Maison, du côté sud de l’autel ». Et cette eau devient l’eau de la vie, pour la végétation, pour les animaux et pour tous les vivants. A toi, Seigneur, un grand merci pour cette eau qui nous permet de vivre.
* Les églises construites par des humains nous rappellent la présence de Dieu sur nos chemins. Et elles nous assurent la présence de Dieu qui, à chaque moment, est notre refuge et notre force. En effet, comme nous avons écouté dans le Psaume, « Dieu est pour nous l’espérance et la force, le secours près de nous au moment du péril ». Voilà pourquoi nous voulons le remercier
* La lettre aux Corinthiens nous aide à voir, dans les différentes églises, un message pour nous : nous sommes « un sanctuaire de Dieu » ; oui, nous sommes « une maison que Dieu construit. Mais l’apôtre Paul, en parlant de cette construction, nous exhorte en nous rappelant que nous devons contribuer, de jour en jour, à cette construction, dont la pierre de fondation n’est « autre que celle qui s’y trouve en Jésus Christ ».
* L’Évangile nous assure que Jésus est le nouveau temple de la présence de Dieu dans le monde. En effet, en Jésus, Dieu s’est fait chair et est venu placer sa tente au milieu de nous. Et nous ne pouvons que le remercier de tout notre cœur aujourd’hui et chaque jour.
[1] Ainsi L. Alonso Schökel e J.L. Sicre Diaz, I profeti. Traduzione e commento, Borla, Roma, 1989, p. 963.
[2] Cf. G. Ravasi. Il libro dei Salmi. Commento e attualizzazione. Salmi 1-50, Edizioni Dehoniane, Bologna, 1985, p. 821.
[3] Ainsi, G. Ravasi, I Salmi, BUR, Rizzoli, 2015, p. 171.
[4] C’est le même Ravasi dans son commentaire du Psaume, toujours dans la page 171.
[5] En grec, le verbe « baptizo » est une forme intensive de « bapto » qui signifie immerger, plonger.
[6] Ainsi Ch. K. Barrett, La prima lettera ai Corinti, EDB, Bologna, 1979, p. 119.
[7] Cf. R. E. Brown, Giovanni. Commento al Vangelo spirituale. Capitoli 1-12, Cittadella, Assisi, 1979, p. 158.
[8] Ainsi J. Zumstein, Évangile selon Jean, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 418.
[9] Pour la relecture du psaume 69 dans cette page de Jean et, plus globalement, dans les Évangiles, cf. R. E. Brown, Giovanni. Commento al Vangelo spirituale. Capitoli 1-12, Cittadella, Assisi, 1979, p. 161ss.
[10] L’Ancien Testament Grec utilise le verbe au passé. Mais Jean, en citant ce verset, change le temps du verbe et utilise le futur, un futur prophétique :« kataphagetai me », c’est-à-dire « me dévorera ». Cf. M. Nicolaci, Vangelo secondo Giovanni. Traduzione e commento, dans I Vangeli, a cura di R. Virgili, Ancora, Milano, 2015, p. 1317.
[11] D. M. Turoldo – G. Ravasi, Nella ua luce vediamo la luce. Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo, Milano, 2004, p. 857.
