Carême 2018 : deuxième semaine
« Recherchez Yhwh car il se laisse trouver, appelez-le car il est proche »
Carême 2018 : deuxième semaine
Pendant cette deuxième semaine de carême, je te propose, chère amie, cher ami, la lecture d’une page d’un prophète de l’Ancien Testament. Il s’agit d’un prophète dont on ne connaît pas le nom. Mais son ouvrage nous a été conservé, heureusement, dans le livre d’Isaïe, un livre qu’on peut appeler “bibliothèque ouverte”. En effet, dans ce livre on a inséré – dans des époques différentes – plusieurs textes d’auteurs différents.
La page, sur laquelle je veux réfléchir avec toi pendant cette semaine, a été composée vers la fin de l’exil à Babylone, c’est-à-dire entre les années 550-539. Dans son message, le prophète – qui vit avec les Juifs exilés – regarde vers l’avenir. Pour les Juifs à Babylone s’ouvre une possibilité nouvelle et surprenante : la possibilité de retourner à Jérusalem. Mais il faut que le retour à Jérusalem soit en même temps un retour à Yahvéh. Voici une traduction du message de ce prophète :
6 Recherchez Yhwh car il se laisse trouver, appelez-le car il est proche.
7 Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme malfaisant ses pensées ;
qu’il retourne vers Yhwh, qui lui manifestera sa tendresse maternelle,
vers notre Dieu, qui pardonne abondamment.
8 « Oui, mes pensées ne sont pas vos pensées, vos chemins ne sont pas mes chemins
– déclaration de Yhwh –
9 Oui, comme les cieux sont hauts par rapport à la terre,
ainsi mes chemins sont hauts par rapport à vos chemins, et mes pensées par rapport à vos pensées.
10 Oui, comme la pluie et la neige descendent du ciel et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre,
sans l’avoir fécondée, sans avoir fait germer les graines,
sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim,
11 ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche :
elle ne retourne pas à moi sans résultat,
sans avoir fait ce que je désire, sans avoir accompli la mission que je lui ai confiée.
12 Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez ramenés chez vous dans la paix ;
les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous,
et tous les arbres des champs battront des mains pour applaudir » (Livre d’Isaïe 55,6-12).
Le dernier verset de cette page évoque une « sortie » : la fin de l’exil à Babylone et la sortie des Israélites vers Jérusalem. Et cette sortie ne sera pas une fuite désordonnée. Elle sera comme un cortège, une dance, une fête « dans la paix ». Et à cette paix toute la création participera : « les collines éclateront en cris de joie et tous les arbres des champs battront des mains pour applaudir ».
Mais ce retour vers Jérusalem dans la paix est un don que Dieu a voulu dans son projet d’amour, un projet inimaginable. Et les exilés pourront y prendre part s’ils s’engagent dans la direction indiquée par le prophète : « Recherchez Yhwh. Que le méchant abandonne son chemin, qu’il retourne vers Yhwh, qui pardonne abondamment » (vv. 6-7).
Après cette exhortation exprimée par le prophète, la page laisse la parole à Dieu. Et Dieu souligne trois aspects de ses projets. Ses projets – surtout celui de pardonner les méchants – dépassent tout ce que les humains peuvent imaginer (vv. 8-9). En plus, ses projets sont toujours efficaces (vv. 10-11) : en effet, la parole qui sort de sa bouche ne retourne jamais à Dieu sans avoir accompli ce que Dieu voulait. Enfin, la troisième affirmation concerne le retour des exilés et la paix. Et ce retour à Jérusalem est lié au retour des croyants et des croyantes à Dieu.
L’invitation à retourner à Dieu et à mettre notre confiance dans son pardon, nous la lisons aussi dans le Coran. Je pense à la sourate 11 où on lit :
3 Demandez pardon à votre Seigneur et revenez à lui !
Il vous fera jouir d’une belle réjouissance jusqu’au terme fixé,
et il donnera sa faveur à toute personne méritant sa faveur.
Mais si ensuite vous vous détournez de lui, je crains pour vous le châtiment d’un grand jour.
4 Vers Dieu sera votre retour. Il est puissant sur toute chose (Sourate 11,3-4).
Ici, la décision de retourner à Dieu et le don de son pardon sont strictement liés. Le texte lie
aussi les deux emplois du mot « faveur », « fadl » en arabe : la faveur de Dieu correspond donc à notre façon de vivre et de nous engager selon sa parole. Bible et Coran nous invitent donc à revenir à Dieu, à nous engager dans ce retour. C’est le seul chemin qui nous « fera jouir d’une belle réjouissance » ou, pour le dire avec les mots du livre d’Isaïe, le seul chemin qui nous permettra de « sortir dans la joie et d’être ramené(e)s chez nous dans la paix ».
