Eucharistie : 11 mars 2018 : 4ème dimanche de Carême – Année B

« Tous ceux qui croient en lui vivront avec lui pour toujours » (Jean 3,16)

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Eucharistie : 11 mars 2018 : 4ème dimanche de Carême — Année B

Première lecture

On lit très rarement les deux Livres des Chroniques. Il s’agit des deux livres qu’on trouve à la fin de de l’Ancien Testament en hébreu. Ici, l’auteur nous donne un regard sur l’histoire : d’Adam aux patriarches et aux rois de Jérusalem : de Saül, le premier roi, jusqu’au dernier, le roi Sédécias.
Sédécias, qui devient roi à 21 ans, règne dès l’an 597 jusqu’à l’an 586. Malgré son nom qui signifie « Yhwh est ma justice », il se comporte mal : il n’accueille pas le message du prophète Jérémie, « il endurcit son cœur au lieu de revenir vers Yhwh, le Dieu d’Israël » (v. 13).
Après ces informations sur le roi – des informations qu’on ne lira pas ce matin – le narrateur s’arrête sur le peuple et sur les chefs des prêtres (vv. 14-16) . Tous se comportent comme le roi. Le narrateur nous le dit avec trois expressions très dures : « les Israélites se moquaient des messagers de Dieu, ils méprisaient ses paroles et riaient de ses prophètes » (v. 16). Et la conséquence devient inévitable : « la colère de Yhwh – nous dit le narrateur – monta contre son peuple et elle fut sans remède (v. 16).
La deuxième section de notre page nous présente le résultat – résultat tragique – de ce refus de Dieu et de ses prophètes (vv. 19-21) : les Babyloniens incendient le temple, détruisent la ville, déportent les survivants et en font des esclaves. Et le narrateur voit, dans ces faits, une manifestation de la « colère » de Dieu. Mais, à côté de tous ces événements négatifs, le narrateur voit aussi un côté positif pour ‘la terre sainte’. Pendant les 70 ans de l’exil, la terre de Palestine peut finalement jouir du repos sabbatique, repos qu’elle n’a pas pu vivre auparavant . Le narrateur souligne ce côté surprenant en liant un passage du livre du Lévitique (26,34) et deux textes de Jérémie (25,12 et 29,10) : l’exil durera « jusqu’à ce que le pays ait accompli ses sabbats » (v. 21).
Enfin les deux derniers versets de la lecture de ce matin : il s’agit des deux derniers versets du

livre des Chroniques et de tout l’Ancien Testament en hébreux . L’auteur mentionne le roi de Perse Cyrus. Ce souverain, que le livre d’Isaïe présentait comme « celui que Yhwh aime » et comme « celui qui accomplira la volonté de Dieu » (Is 48,14), fait exactement le contraire de ce qu’avait fait le roi de Babylone qui avait détruit le temple et imposé l’exil. Quant à Cyrus, il fait rentrer les exilé(e)s et reconstruit le temple . Dans ses décisions et ses engagements, il agit sous l’influence de Dieu : en effet, «Yhwh réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse » (v. 22). Cyrus se sent ainsi chargé d’une mission : bâtir le temple de Jérusalem, bâtir le temple et inviter les Juifs à rentrer chez eux. Et chaque personne, dans ce retour, sera accompagnée par Dieu. L’invitation qu’on lit dans le dernier verset est très claire : « Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que Yhwh son Dieu soit avec lui, et qu’il monte ! ». Il s’agit de monter vers Jérusalem et vers son temple, le temple sur l’autel duquel pourront encore monter – comme on lit dans le Psaume 51,21 – les parfums des sacrifices » .

Lecture du deuxième livre des Chroniques (36,14-16 et 19-23)
14 Tous les chefs des prêtres et le peuple ont multiplié leurs infidélités à Dieu ; ils ont imité les actions horribles des autres peuples et ils ont souillé la Maison de Yhwh, celle que lui-même s’était consacrée à Jérusalem.
15 Et Yhwh, le Dieu de leurs pères, leur avait envoyé de bonne heure des avertissements fréquents par l’intermédiaire de ses messagers, car il avait pitié de son peuple et de sa propre demeure. 16 Mais les Israélites se moquaient des messagers de Dieu, ils méprisaient ses paroles et riaient de ses prophètes. Alors la colère de Yhwh monta contre son peuple et elle fut sans remède.
19 Les Babyloniens ont brûlé la Maison de Dieu, ils ont démoli le rempart de Jérusalem, ils ont brûlé par le feu à tous ses palais et ils ont détruit tous les objets précieux. 20 Leur roi a déporté à Babylone ceux que l’épée avait épargnés. Et là, ils sont devenus des esclaves, pour lui et pour ses fils, jusqu’à quand les rois de Perse ont pris le pouvoir. 21 Ainsi s’est réalisée la parole de Yhwh transmise par la bouche de Jérémie : « Jusqu’à ce que le pays ait accompli ses sabbats ». En effet, pendant tous ses jours de désolation, le pays a pu faire sabbat, et ça pour un total de soixante-dix ans ».
22 Et la première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s’accomplisse la parole de Yhwh prononcée par la bouche de Jérémie, Yhwh réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse. Celui-ci fit

circuler – de vive voix et par écrit – ce message dans tout son royaume :
23 « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse :
Yhwh, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et lui, il m’a chargé de bâtir – pour lui – une maison à Jérusalem, dans le pays de Juda. Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que Yhwh son Dieu soit avec lui, et qu’il monte (à Jérusalem) ! »

Psaume

Le psaume 137 est un poème qui naît de l’expérience tragique d’un exilé qui a vécu la fin de Jérusalem et la destruction du temple. En écoutant les paroles de son chant, on pense que son auteur était – très probablement – un chanteur et un musicien qui avait été actif au temple de Jérusalem. Mais maintenant…
La terre à laquelle ce psaume fait référence est la Mésopotamie, une région entre deux fleuves , le Tigre et l’Euphrate. Pour relier ces deux fleuves, on avait construit plusieurs canaux. C’est au bord d’un de ces canaux, dans une sorte de camp de concentration, que le poète a été conduit avec d’autres exilé(e)s. Et là, il ne pouvait que suspendre son instrument de musique : pendant l’exil, les instruments de l’orchestre du temple ne pouvaient que se taire, ils étaient “en deuil” , et le musicien-chanteur se sentait totalement “vide”, il ne pouvait que s’effondrer à terre en pleurant.
Dans la deuxième strophe (v. 3), autour des exilé(e)s nous avons « ceux qui nous avaient déportés » et « ceux qui nous torturaient ». Et ces personnes voulaient se réjouir d’une joie cruelle : ils voulaient se réjouir de la souffrance de leurs victimes. Le poète nous le dit : ils « nous ont demandé des paroles de chant ». Et le psaume nous mentionne les mots de cette demande : « Chantez-nous, disaient-ils, des chants de Sion ».
[…]

 

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