Eucharistie 4 novembre 2018

« Tu aimeras Yahvéh, ton Dieu, de tout ton cœur » (Deutéronome 6,5)

______________________________________________________________________________________________
Eucharistie : 4 novembre 2018, 31ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture
Deutéronome est un mot d’origine grecque ; il signifie « deuxième loi ». Ce titre, donné au cinquième livre de l’Ancien Testament, a une motivation précise : le Deutéronome contient une ‘deuxième’ forme des « dix paroles », des « dix commandements ». En effet, la première forme des commandements se trouve dans le livre de l’Exode, au chapitre 20, tandis que la deuxième forme se trouve dans Deutéronome 5.
Quant à nous, ce matin, nous allons écouter la page suivante par rapport au décalogue. Dans ce récit, Moïse exhorte le peuple à respecter fidèlement les dix paroles que Dieu vient de donner.
La page est très soignée du point de vue de la langue . S’adressant au peuple, Moïse l’interpelle avec la deuxième personne du singulier : « tu ». En effet, il s’adresse au peuple comme à un groupe uni, une communauté .
Dans cette page, il y a des phrases complexes avec des mots répétés : « prendre soin », « donner », « cœur ». Plus importante encore est l’exhortation – adressée à Israël -, exprimée avec le verbe « écouter » (vv. 3 et 4). La seconde fois que cette structure revient, elle est accompagnée de l’affirmation théologique la plus fondamentale de la religion d’Israël : « Ecoute, Israël, Yahvéh notre Dieu, Yahvéh (qui est) un » (v. 4). Et ici, l’adjectif « notre » veut préciser le projet que Dieu a : Dieu est un, et il fait de son peuple un peuple uni, une communauté qui puisse s’adresser à Dieu en l’appelant « notre Dieu ». Et ce peuple, uni par Dieu et en Dieu, est invité à l’aimer : « tu aimeras Yahvéh, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta force » (v. 5). Et ce verbe « aimer » devient, dans le Deutéronome, le verbe fondamental : il dit, dans ce verset et fréquemment dans tout le livre , en quoi consiste la relation d’Israël, et aussi de chacun et chacune de nous, envers Dieu.

Lecture du livre du Deutéronome (6,2-6)

1 Moïse dit au peuple : « Tu respecteras Yhwh ton Dieu en prenant soin de toutes ses prescriptions et de ses commandements que moi je te donne – à toi, et à ton fils et au fils de ton fils – tous les jours de ta vie, afin que tes jours se prolongent. 3 Et tu écouteras, Israël, et tu prendras soin de mettre en pratique ce qui est bien pour toi et ce qui te fera devenir (un peuple) très nombreux – comme te l’a dit Yhwh, le Dieu de tes pères – dans un pays qui déborde de lait et de miel.

4 Ecoute, Israël, Yhwh notre Dieu, Yhwh (qui est) un. 5 Et tu aimeras Yhwh, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta force. 6 Et ces paroles, que moi aujourd’hui je te donne, seront dans ton cœur.

 

Psaume
Le psaume 18 est le seul psaume qu’on lit aussi, avec de petites variantes, ailleurs dans l’Ancien Testament (en 2 Samuel 22). Ce psaume est un des poèmes les plus longs de tout le psautier . Il est composé de 51 versets. Il s’agit d’un chant de remerciement, un remerciement que le premier verset du psaume attribue à David une fois libéré de tous ses ennemis et des menaces de Saül.
De ce psaume, nous allons lire trois strophes. La première (vv. 2-3) s’ouvre avec une déclaration d’amour : « Je t’aime, Yhwh, du fond de mes entrailles » (v. 2). Et ici c’est le seul cas, dans toute la Bible, où le verbe « aimer du fond de ses entrailles » a, comme sujet, un être humain qui s’adresse à Dieu. En effet, dans les autres attestations, ce même verbe a, comme sujet, Dieu lui-même . Mais pourquoi cet amour pour Dieu ? Le poète nous le dit dans la même strophe. Dieu est “tout” pour le poète : il est « mon rocher où je me réfugie, il est la force qui me sauve » (v. 3).
L’idée de Dieu qui me sauve revient aussi dans la deuxième strophe (v. 4). Elle s’ouvre avec la proclamation « Digne de louange » référée, évidemment, à Yhwh. Il s’agit d’une proclamation qu’on retrouve aussi ailleurs dans le psautier . A travers elle, le poète exprime toute sa confiance dans le Seigneur qui intervient dans son histoire personnelle. Quant à la suite du verset, ici le poète nous dit en quoi consiste cette intervention de Dieu. Dieu est celui qui « me sauve de l’ennemi, la mort ». Et ici le poète utilise le mot hébreu « ‘oyebi », un

pluriel d’excellence, pour indiquer l’ennemi le plus important et terrible, la mort .
Enfin la troisième strophe (vv. 47.51) avec l’acclamation : « Vivant est Yhwh». Oui, Yahvéh est le vrai et unique souverain. Qu’il soit donc béni et qu’il triomphe ! (v. 47). Le psaume se termine avec un chant d’action de grâce, un chant dans lequel la communauté, après l’exil à Babylone, évoque son attente du messie : le roi attendu pour l’avenir sera un modèle de justice. Dieu le sauvera et lui soumettra tous les peuples.
Voilà comment – à une communauté dans l’angoisse comme la nôtre – le psaume apporte une espérance . Et notre réaction peut être un peu comme celle du poète qui commence le psaume en avouant son amour pour le Seigneur. D’ici notre refrain à la fin de chaque strophe :

Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

Psaume 18 (versets 2-3. 4. 47.51ab)

2 Je t’aime, Yhwh, du fond de mes entrailles : tu es ma force.
3 Yhwh est mon solide rocher, ma forteresse, mon libérateur.
Il est mon Dieu, mon rocher où je me réfugie.
il est mon bouclier, la force qui me sauve, mon refuge !
Refr. :  Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

4 Digne de louange (Yhwh) !
Je fais appel à Yhwh
et il me sauve de l’ennemi, la mort !
Refr. :  Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

47 Vivant est Yhwh et béni soit mon rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de mon salut !
51 Il fait de grandes choses pour le salut de son roi,
il montre son amour pour celui qu’il a choisi.
Refr. :  Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.
[…]

> testo integrale (pdf)

> Lectures pure l’Afrique … et toute la Terre 2018