Natale 2018
« Nous avons tous été remplis de son amour » (Jean 1,16)
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Eucharistie, 25 décembre 2018
Première lecture
Vers les années 550-520 avant Jésus Christ, la ville de Jérusalem se trouve dans un état pénible. Une partie de la population est à Babylone où elle a été déportée, d’autres personnes ont été tuées ou ont pris la fuite. Seulement un petit groupe de déportés ose profiter du changement politique mis en œuvre par le perse Cyrus, roi de Babylone, et rentre à Jérusalem . Mais à Jérusalem, les personnes qui rentrent de l’exil et celles restées sur place, se sentent menacées. Voilà pourquoi il y a des sentinelles, des abanyezamu aux quatre coins de la ville, des abanyezamu postés sur ce qui reste de ses remparts , pour dénicher l’arrivée d’éventuels ennemis.
Mais le prophète, qui compose le petit poème que nous allons écouter dans un instant, voit… autre chose. En effet, il voit arriver celui « qui annonce la bonne nouvelle » (v. 7). Le poète insiste : la bonne nouvelle, la paix, le bien, le salut, des réalités devenues possibles car – comme le dit le messager qui arrive – « Ton Dieu règne » (v. 7). Et les abanyezamu, au lieu d’annoncer l’arrivée des ennemis, peuvent ainsi pousser des cris de joie « car ils voient face à face Yahvéh qui, dans ses entrailles maternelles , revient à Sion » (v. 8).
Après cette première strophe du poème (vv. 7-8), la strophe suivante (vv. 9-10) est encore plus surprenante. En effet, elle nous présente les « ruines de Jérusalem » invitées à chanter, à exploser de joie parce que « Yhwh console son peuple ». Oui, Dieu console son peuple, il console les personnes qui sont restées à Jérusalem, le petit groupe de celles qui sont rentrées, mais il console aussi ceux et celles qui sont encore en exil à Babylone. Il console aussi les personnes dispersées aux quatre coins de la planète, les personnes oubliées, négligées et opprimées sous le regard de toutes les nations.
En effet, l’intervention de Dieu, le travail que Dieu – comme un ouvrier – va accomplir en retroussant les manches et en mettant à nu son bras, atteint « toutes les extrémités de la terre » (v. 10). Le poète nous le rappelle : toutes les extrémités de la terre, comme les Quartiers nord de Bujumbura, pourront voir le salut que notre Dieu apporte.
Lecture du livre du prophète Isaïe (52,7-10)
7 Qu’ils sont beaux, sur les montagnes,
les pieds de celui qui annonce la bonne nouvelle,
qui fait entendre le message de la paix,
qui annonce la bonne nouvelle du bien,
qui fait entendre le message du salut,
qui dit à Sion : « Ton Dieu règne ».
8 C’est la voix des hommes que tu as placés comme sentinelles :
ils élèvent la voix,
ensemble ils poussent des cris de joie,
car ils voient face à face Yhwh
qui, dans ses entrailles maternelles, revient à Sion.
9 Acclamez, poussez des cris de joie
toutes ensemble, ruines de Jérusalem !
Car Yhwh console son peuple,
il libère Jérusalem.
10 Yhwh met à nu, sous les yeux de toutes les nations,
le bras qui réalise son action divine,
et toutes les extrémités de la terre verront
le salut de notre Dieu.
Psaume
Le psaume 98 a été composé probablement pendant le cinquième siècle avant la naissance de Jésus. L’auteur revient sur la page du livre d’Isaïe qu’on a lue il y a un instant , et invite à louer Yhwh. De cette invitation, ce matin nous lirons seulement les quatre premières strophes.
Dans la première strophe (v. 1), l’invitation est suivie d’une motivation. Il faut louer Dieu « car il a fait des merveilles » (v. 1). Et, parmi ces merveilles, le poète évoque – en particulier – la fin de l’exil à Babylone. Ceci est le résultat de l’intervention de Dieu : « Sa main droite, son bras très saint lui ont permis de sauver » son peuple.
Cette action de Dieu qui a sauvé son peuple – nous dit la deuxième strophe (vv. 2-3ab) –
Dieu l’a accomplie « sous les yeux des nations ». En permettant que les exilé(e)s reviennent sur leur terre, Dieu « a révélé sa justice ». Surtout, il a manifesté « son amour » et « sa fidélité pour la maison d’Israël ».
Si dans la première et dans la deuxième strophe l’invitation à la louange était adressée, implicitement, à Israël, dans la troisième (vv. 3cd-4) cette invitation s’adresse à tous les habitants de la terre. En effet, « toutes les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu ». D’une façon très cohérente, le poète invite la terre toute entière à faire son « acclamation pour Yhwh» et aussi à chanter des psaumes.
Et la quatrième strophe reprend cette invitation à chanter des psaumes, à chanter des psaumes « sur la harpe, au son de la trompette et à la voix de la corne de bélier ». Avec tous ces instruments, les peuples sont invités à faire jaillir leur acclamation « au visage du Roi Yhwh». Le poète parle du « visage » de Yahvéh, Yhwh que les peuples chantent comme roi, comme leur roi.
Quant à nous, ce matin, nous voulons suivre cette invitation que le poète donne à tous les habitants du monde. Nous voulons laisser éclater notre joie parce que « toutes les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (v. 3). D’ici notre refrain à la fin de chaque strophe :
La terre tout entière a vu le sauveur que Dieu nous donne.
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