Eucharistie – 10 fevrier 2019
« Dieu nous rejoint… à travers des personnes faibles
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10 février 2019 : 5ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Première lecture
Le livre d’Isaïe contient une page autobiographique : le récit de sa vocation prophétique. C’est l’année 740 avant Jésus Christ. C’est « l’année de la mort du roi Ozias » (v. 1). A l’époque d’Isaïe, tous savaient qu’Ozias avait été roi de Jérusalem. Mais, avec le mot « roi », Isaïe veut souligner un contraste : d’un côté le roi mort, de l’autre « le roi Yhwh Zebaot, le tout-puissant » (v. 5).
Dans l’année de la mort du roi, Isaïe ‘voit’ le Seigneur (v. 1). Mais la suite de la phrase nous dit que le prophète ne voit que son trône et la limite inférieure de son manteau : « le bas de son vêtement remplissait le temple ». Et le temple est rempli de fumée. En effet, Dieu ne peut pas être enfermé dans une structure humaine, on ne peut pas le voir, et sa présence échappe à toute mesure, à toute limite.
Même les séraphins, les êtres les plus terribles qu’on imaginait comme des serpents volants dans le désert , même les séraphins devaient se cacher devant Dieu et le reconnaître comme « qadosh », la parole hébraïque pour dire ‘saint’, ‘totalement différent’, ‘inimaginable’.
Par rapport à ce Dieu saint et inimaginable, Isaïe constate toute sa distance : « Hélas pour moi ! Je suis réduit au silence, car je suis un homme aux lèvres impures, et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures » (v. 5).
Il y a ensuite un geste de purification qui nous échappe entièrement, une purification avec de la braise « prise de sur l’autel ». Et, après ce geste, Dieu, le Dieu tout-puissant et trois fois saint, … décide d’envoyer quelqu’un au peuple.
Et Isaïe, dans sa générosité, répond immédiatement : « Me voici ! Envoie-moi ! » (v. 8).
Du livre d’Isaïe (6,1-8)
1 Dans l’année de la mort du roi Ozias.
Et je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé,
et le bas de son vêtement remplissait le temple.
2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui :
six ailes, six ailes pour chacun :
avec deux chacun se couvrait le visage,
et avec deux il couvrait ses pieds
et avec deux il volait.
3 Et il proclamait, l’un vers l’autre, et disait :
« Saint, saint, saint, Yhwh Zebaot, le tout-puissant ;
sa gloire remplit toute la terre ».
4 Et tremblaient, les pivots des portes,
à cause de la voix qui proclamait,
et le temple était rempli de fumée.
5 Et je dis : « Hélas pour moi ! Je suis réduit au silence,
car je suis un homme aux lèvres impures,
et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures
et mes yeux ont vu le roi Yhwh Zebaot, le tout-puissant ».
6 Et vola vers moi, un des séraphins,
et dans sa main il tenait une braise :
avec des pinces il l’avait prise de sur l’autel.
7 Et il fit toucher la braise sur ma bouche et il dit :
« Voici : celle-ci a touché tes lèvres :
ta faute est écartée et ton péché a été pardonné ».
8 Et j’entendis la voix du Seigneur qui disait :
« Qui enverrai-je et qui ira pour nous ? »
Et je dis : « Me voici ! Envoie-moi ! »
Psaume
Le psaume 138 est une invitation à louer Dieu et à avoir confiance en lui .
De ce psaume, nous allons lire quatre strophes. Dans la première (vv. 1-2a), le poète exprime sa décision : la décision de louer Dieu. Le poète dit : « Je te rendrai grâce de tout mon cœur » (v. 1). En présentant à Dieu son remerciement, le poète évoque sa situation : il est dans un milieu païen, où se trouvent de nombreuses statues des dieux, des « élohim » dit le texte hébreu. Mais notre poète, dans sa prière, s’oriente vers Jérusalem et surtout vers le temple saint de Dieu. Mais pourquoi prier Dieu ? Dans la première strophe, le poète ne le dit pas.
Mais le traducteur grec justifie pourquoi rendre grâce à Dieu : « Je te rendrai grâce » – ajoute le traducteur – « car tu as entendu les paroles de ma bouche ».
Dans le texte original en hébreu, la motivation pour rendre grâce à Dieu est exprimée dans la deuxième strophe : « Je rendrai grâce à ton nom pour ton amour et pour ta fidélité ». Et cet amour et cette fidélité, Dieu les concrétise à travers ses paroles, sa promesse qui se réalise toujours. Oui, dit notre poète, « ta promesse a surpassé ta renommée . Toujours dans la même strophe, le poète raconte comment Dieu lui a manifesté son amour et sa fidélité en intervenant personnellement dans sa vie. Il s’agit d’une intervention surprenante, une irruption grâce à laquelle Dieu a « stimulé », littéralement a « agité » en son âme, une force (v. 3).
Dans la troisième strophe (vv. 4-5), nous avons le vœu du poète : le remerciement qu’il a adressé à Dieu puisse devenir le remerciement que « tous les rois de la terre » adressent à Dieu. En effet, avec son remerciement à Dieu, le poète devient un témoin missionnaire du don reçu de Dieu, un témoin devant les rois de la terre . Et c’est ainsi que ces rois ne suivent plus d’autres divinités. Désormais, ils s’ouvrent à Dieu et découvrent Dieu comme celui qui prend soin des pauvres, des marginalisés. C’est ce que le poète dira dans le v. 6 qu’on ne lira pas ce matin.
Enfin, dans la quatrième strophe (vv. 7c-8), le poète parle à nouveau de soi-même et il exprime à Dieu sa pleine confiance. Même s’il est dans une situation de détresse, même si les ennemis en colère le menacent, Dieu le fera vivre et le sauvera. Mais l’amour de Dieu n’est pas seulement pour le poète qui vit une situation difficile. Dieu est le Dieu de toute la création, et pour la création toute entière le poète prie Dieu et il lui dit : « Les œuvres de tes mains, ne les délaisse pas ! ».
Quant à nous, en revenant sur les mots du psaume qui insiste sur l’amour de Dieu et sur l’action de rendre grâce à Dieu, nous pouvons intervenir avec ce refrain :
Nous te rendons grâce, Seigneur, pour ton amour.
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