Eucharistie, 10 mars 2019
« Mon Dieu en qui je mets ma confiance » (Psaume 91,2)
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Eucharistie, 10 mars 2019 : 1er dimanche de carême – Année C
Première lecture
Dans le livre du Deutéronome, on a un premier (1,6-4,43) et un second discours de Moïse. Dans ce dernier discours, très long (4,44-26,19), l’auteur fait dire à Moïse ce que l’israélite devra faire une fois arrivé dans la vallée du Jourdain. On annonce deux célébrations (26,1-11 et 26,12-15). La première est une liturgie dans laquelle le fidèle offre à Dieu les premiers produits de la terre. Cette offrande est présentée comme la réponse – une réponse très personnelle – à Dieu qui a réalisé ses promesses faites aux ancêtres . En effet, le fidèle, en présentant son offrande, dit au prêtre : « Je déclare aujourd’hui à Yahvéh ton Elohim, que je suis venu dans le pays que Yahvéh a promis à nos pères de nous donner » (v. 3).
Ensuite, comme nous lirons dans un instant, le prêtre va déposer l’offrande devant l’autel. Quant au fidèle, il intervient à nouveau en déclarant sa foi. Il rappelle l’histoire : d’abord la condition d’errant, ensuite le séjour en Egypte et l’esclavage, l’invocation adressée à Dieu et la réponse de Dieu, la libération ! Dans ce petit récit, le fidèle raconte son histoire personnelle et celle de son peuple. En effet, il utilise la première personne du singulier « mon père était un Araméen nomade » , et aussi la première personne du pluriel « nous ont maltraités, les Egyptiens ». Et à la fin, après avoir déposé l’offrande devant Dieu, il y a la joie : la joie du fidèle et aussi de toute la communauté, en particulier des lévites, qui n’ont aucune terre, et des immigrés.
Une dernière remarque. La page du Deutéronome parle de l’offrande des « premiers produits du sol » (vv. 2.10), donc les fruits les meilleurs qui naissent de la vitalité de la terre. Et ces premiers fruits deviennent un symbole : le don de notre vie, de notre jeunesse. Et en donnant à Dieu note vie, notre vie trouve son sens, sa signification profonde. D’ici la joie, une joie partagée avec les autres, avec les pauvres qui sont à côté de nous . Une joie partagée, et aussi les biens partagés, « tous les biens que Yhwh ton Elohim t’a donnés » (v. 11) .
Du livre du Deutéronome (26,4-11)
Moïse disait au peuple :
Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, 4 le prêtre prendra le panier de ta main
et le déposera devant l’autel de Yhwh ton Elohim. 5 Alors, tu prendras la parole et tu diras devant Yhwh ton Elohim :
« Mon père était un Araméen nomade. Et il est descendu en Egypte, et il a vécu là avec le petit groupe qui était avec lui. Et là, il était devenu une nation grande, puissante et nombreuse. 6 Mais nous ont maltraités, les Egyptiens, ils nous ont humiliés, ils nous ont soumis à un dur esclavage. 7 Alors, nous avons crié vers Yhwh, l’Elohim de nos pères, et Yhwh a entendu notre voix ; et il a vu notre humiliation, notre peine et notre oppression. 8 Et il nous a fait sortir, Yhwh, hors de l’Égypte, par sa main forte et son bras étendu, par un exploit irrésistible, par des signes et des actions extraordinaires ; 9 et il nous a fait venir vers ce lieu et il nous a donné ce pays, un pays qui déborde de lait et de miel. 10 Et maintenant, voici : j’apporte les premiers produits du sol que tu m’as donné, Yhwh». Et tu les déposeras devant Yhwh ton Elohim, tu te mettras à genoux devant Yhwh ton Elohim. 11 Et tu te réjouiras, avec le lévite et avec l’immigré qui sont au milieu de toi, pour tous les biens que Yahvéh ton Elohim t’a donnés, à toi et à ta maison.
Psaume
Du début jusqu’aux derniers versets, le psaume 91 évoque l’expérience de l’angoisse vécue devant des dangers qui se présentent inattendus. Comme nous-aussi le constatons, hélas trop fréquemment, chaque jour et de tout part peuvent jaillir des menaces qui risquent de nous bloquer. Mais à ces angoisses, le poète du psaume oppose sa conviction profonde : dans tous ces dangers, il y a un espace qui nous protège et nous sauve : c’est Dieu .
Déjà dans la première strophe (vv. 1-2), le poète déclare qu’il a mis en Dieu sa confiance . Et il en parle à travers des images. D’abord Dieu comme abri : lorsque je suis en voyage, je peux passer la nuit chez une personne dans laquelle j’ai pleine confiance. Dieu est aussi un refuge, une forteresse qui protège la personne persécutée par un individu ou menacée par la guerre.
Dans une deuxième partie du psaume (vv. 3-8), un prophète ou un prêtre s’adresse au poète du psaume pour lui assurer que Dieu est un protecteur : il protège des maladies et aussi des ennemis.
Après cette partie qu’on ne lira pas ce matin, c’est encore un prophète ou un prêtre qui parle au poète. Le poète avait parlé de Dieu disant : « (Tu es) mon refuge» (v. 2). Et maintenant, probablement au temple, on le rassure : « Parce que tu as dit : “Yahvéh est
pour moi un refuge”, aucun mal ne t’arrivera » (vv. 9-10). Parce que tu as voulu venir dans le temple, dans la demeure du Très-Haut, même rentré chez toi, « aucun malheur n’approchera de ta maison » (v. 10). Et tu ne seras pas protégé seulement à la maison. Dieu te protègera même en chemin, partout, « dans tous tes chemins » (v. 11).
Dans l’avant dernière strophe (vv. 12-13), c’est toujours le prophète ou le prêtre qui rassure le fidèle venu au temple. L’accent est toujours sur Dieu qui protège le croyant. Mais l’action de Dieu dépasse tout ce que nous pouvons dire de lui. Voilà pourquoi, dans cette strophe, l’orateur ne mentionne plus directement Dieu , il évoque son action comme accomplie à travers ses messagers, les anges. Les anges « te porteront dans leurs bras pour que ton pied ne heurte contre une pierre » (v. 12). Et la protection de Dieu à travers ses anges te permettra de marcher « sans danger sur le lion et la vipère » (v. 13), et d’écraser même « le tigre et les serpents ».
Enfin la dernière strophe (vv. 14-15). Ici c’est Dieu lui-même à prendre la parole et à dire quelle peut être notre relation à lui. Elle peut être une relation intime : le fidèle peut s’attacher à Dieu. Et dans la Bible le verbe « s’attacher » peut être utilisé pour exprimer une relation intime, la relation d’amour entre un homme et sa femme. La même intimité est évoquée aussi dans le verbe suivant : « connaître ». Le vrai fidèle est donc celui qui « s’attache à moi » et qui « connaît mon nom » . Et à une personne qui se lie à Dieu de cette façon, Dieu assure : « dans (sa) détresse, moi-même je serai avec lui » (v. 15).
Quant à nous, le fait de savoir que – déjà maintenant – Dieu est avec nous nous permet de vivre différemment nos angoisses. D’ici notre refrain à la fin de chaque strophe :
Dans ma détresse, tu es avec moi :
un grand merci à toi, Seigneur !
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