Avent 2020:
deuxième semaine
Accueillir de tout cœur le message de Jésus
La semaine passée, nous avons lu des textes qui nous ont présenté Jésus comme porteur de la parole de Dieu. Et, pendant cette deuxième semaine, je veux lire avec toi, mon ami, ma chère, une page de Luc, une page qui nous invite à accueillir de tout cœur la parole de Jésus.
A Nazareth, Jésus arrive dans la synagogue. On lui donne le livre du prophète Isaïe.
17 Il déroula le livre et il trouva le passage où il était écrit :
18 « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint.
Pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé,
pour proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue,
pour renvoyer en liberté ceux qui sont opprimés sans avenir,
19 pour proclamer une année d’accueil de la part du Seigneur ».
20 Puis il roula le livre, le rendit au servant et s’assit ; et les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui. 21 Il commença alors à leur dire :
« Aujourd’hui cette Écriture est accomplie, définitivement, à vos oreilles » (Luc 4,17-21)[1].
Dans l’Évangile de Luc, ici nous avons le premier discours de Jésus, un discours dans lequel Jésus résume et anticipe les thèmes principaux de toute sa prédication. Pour se présenter, Jésus cite deux versets du livre d’Isaïe (Isaïe 61,1-2)[2]. Le texte du prophète mentionne d’abord l’onction reçue à travers le don de l’Esprit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint ». Avec ces paroles, Jésus fait référence au don de l’Esprit qu’il a reçu au moment de son baptême (Luc 3,21s). Grâce à ce don de l’Esprit, Jésus peut accomplir la mission que Dieu lui a confiée : annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil de la part du Seigneur[3].
Après avoir lu le texte du prophète, Jésus annonce : « Aujourd’hui cette Écriture est accomplie, définitivement, à vos oreilles ». Et dans cette phrase, le mot « aujourd’hui » a une signification qui dépasse toute limite temporelle : pour les personnes dans la synagogue, le mot « aujourd’hui » évoque l’ouverture de l’année d’accueil de la part du Seigneur (v. 19) ; mais ce mot « aujourd’hui » vaut aussi pour les premiers lecteurs de l’Évangile et aussi pour nous : c’est « aujourd’hui » qui s’ouvre l’année dans laquelle le Seigneur nous accueille, c’est l’année que nous vivons maintenant[4]. Pour nous, c’est aujourd’hui que cette Écriture est accomplie, définitivement, à nos oreilles. A nous, à chacune et à chacun de nous, de l’accueillir de tout cœur. Nous devons donc éviter de faire comme les habitants de Nazareth qui, après avoir écouté cette parole, d’abord expriment leur admiration à l’égard de Jésus (v. 22) mais, peu après, « le chassent de la ville et veulent le précipiter de la crête de la colline sur laquelle leur ville était bâtie » (v. 29).
Cette page de l’Évangile me rappelle un verset du Coran, plus précisément de la sourate 2. Voici une traduction :
Nous avons bien donné l’Écriture à Moïse et Nous avons fait marcher sur ses traces d’autres Messagers. Nous avons donné à Jésus, le Fils de Marie, les preuves évidentes. Nous l’avons assisté par l’Esprit de la Sainteté. Est-ce que chaque fois qu’un messager vous apporte ce que vos âmes ne désirent pas, vous vous remplissez d’orgueil, traitant certains de menteurs et en tuant d’autres ? (Sourate 2,87)[5].
Comme dans la Sourate 19,34 et aussi dans onze autres pages du Coran, ici Jésus est présenté comme « Jésus, le fils de Marie ». Mais, par rapport au texte que nous lu il y a une semaine, dans ce verset Dieu ajoute : « Nous l’avons assisté par l’Esprit de la Sainteté ». Et ici l’Esprit, « le ‘rûh’ en arabe, est le souffle spirituel qui transmet la vie, c’est le principe spirituel de la vie, l’Esprit divin »[6].
La deuxième partie du verset coranique insiste sur la réaction des humains par rapport à la personne et au message des prophètes et de Jésus. Dans l’Évangile, les habitants de Nazareth dans un premier moment admirent Jésus, mais plus tard ils veulent le tuer. Et dans le Coran les réactions des humains par rapport aux prophètes et à Jésus ne sont pas différentes : on se remplit « d’orgueil, traitant certains de menteurs et en tuant d’autres ». Et ça chaque fois que le message apporté par les prophètes et par Jésus ne flatte pas les caprices des auditeurs.
Et nous, cher amie, cher ami, que voulons-nous faire ? Demandons à Dieu la force d’accueillir de tout cœur la parole et la personne des prophètes et de Jésus, duquel nous allons célébrer la naissance.
[1] Cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc (1,1-9,50), Labor et fides, Genève, 1991, p. 199.
[2] A ce texte d’Isaïe 61 (cité conformément à la traduction grecque de l’Ancien Testament), Luc ajoute une phrase d’Isaïe 58,6 : « renvoyer en liberté ceux qui sont opprimés sans avenir».
[3] Dans la phrase d’Isaïe 61,2, Jésus évite les mots : « annoncer un jour de remise des dettes mise en œuvre par Dieu ». Cf. A. Mello, Isaia. Introduzione, traduzione e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2012, p. 411s.
[4] Cf. E. Chiamenti, Luca 4,14-30, dans Luca. Nuova traduzione ecumenica commentata, a cura di E. Borghi, Edizioni Terra Santa, Milano, 2018, p. 79.
[5] Cette traduction reprend – avec de petits changements – celle qu’on lit dans M. Gloton, Jésus fils de Marie dans le Coran et selon l’enseignement d’Ibn ‘Arabî, Albouraq, Beyrouth, 2006, p. 81. Cf. aussi Le Coran. Traduction française et commentaire, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris, 1995, p. 102.
[6] Ainsi M. Gloton, Op. cit., p. 87.