Carême 2021: quatrième semaine
Réfléchir sur la parole de Dieu et agir et porter des fruits
Pendant cette quatrième semaine de carême, je veux lire avec toi, ma chère, mon ami, une section du chapître 32. Dans cette section, Jésus fils de Sirac nous parle des sages qui savent interpréter et transmettre la Loi du Seigneur.
Voici comment le petit-fils de l’auteur a traduit en grec le texte de son grand-père:
14 Celui qui respecte le Seigneur recevra (son) instruction
et ceux qui le cherchent dès l’aurore obtiendront (sa) faveur.
15 Celui qui scrute la Loi en sera rassasié,
mais pour celui qui fait semblant de la suivre, la Loi deviendra un piège.
16 Ceux qui respectent le Seigneur reconnaîtront ce qu’il veut,
leurs bonnes actions brilleront comme la lumière.
17 La personne méchante n’accepte pas le reproche
elle trouve des excuses pour faire tout ce qu’elle veut.
18 Un homme de décision n’omet jamais de réfléchir ;
mais celui qui est étranger à la réflexion et l’orgueilleux, nulle crainte ne les fait hésiter.
19 Sans décision ne fais absolument rien,
et de ton action tu n’auras pas à te repentir (Siracide 32,14-19).
Dans ces versets, le Siracide souligne le contraste entre celui qui est sage et le méchant. Notre auteur insiste surtout en présentant le sage: il respecte le Seigneur (vv. 14 et 16) et le cherche dès l’aurore, il accueille son instruction et la met en pratique. C’est ainsi que ses «bonnes actions brilleront comme la lumière» (v. 16). En effet, elles jaillissent d’une réflexion car «un homme de décision n’omet jamais de réfléchir» (v. 18). Et ici «homme de décision» est vraiment, pour le Siracide, le juste qui a décidé de choisir le service du Seigneur, et dont la décision oriente désormais toute la vie[1]. Au contraire, «celui qui est étranger à la réflexion[2] et l’orgueilleux, nulle crainte ne les fait hésiter» (v. 18) Ensuite, après ces considérations, le verset 19 – en revenant sur le terme «décision» – nous adresse un impératif: «Sans décision ne fais absolument rien».
Ces versets, qui soulignent l’importance de la parole de Dieu sur laquelle nous devons réfléchir, me rappellent le Coran où je lis:
24N’as-tu pas vu comment Dieu propose, en parabole, une bonne parole ? Elle est pareille à un bon arbre dont la racine est solide et la ramure est [dressée] dans le ciel. 25Il donne à tout moment de quoi manger, avec l’autorisation de son Seigneur. Dieu cite les exemples aux humains afin qu’ils réfléchissent ! 26Une mauvaise parole est semblable à un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité. 27Dieu raffermit ceux qui ont cru, par la parole ferme, dans la vie ici-bas et dans la vie dernière (Sourate 14,24-27a).
Ces versets nous parlent de Dieu: Dieu s’exprime à travers des exemples qui soulignent un contraste: la «bonne parole» et la «mauvaise parole», un «bon arbre» et un «mauvais arbre». Un peu comme dans le Siracide, le contraste est là: la bonne parole est, évidemment, celle qui reconnaît Dieu; au contraire la mauvaise parole est la parole qui refuse Dieu, qui nie l’existence de Dieu. Celui qui est fidèle à la bonne parole est comme «un bon arbre dont la racine est solide et la ramure est [dressée] dans le ciel», et cet arbre porte ses fruits (v. 25). Au contraire, celui qui refuse Dieu et sa parole est comme « un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité». La décision de refuser le message de Dieu n’a aucun fondement solide[3], c’est comme un arbre déraciné et sans aucune stabilité. Engageons-nous, donc, à vivre intensément notre relation à Dieu et à réfléchir, jour après jour, sur sa parole. C’est ainsi que nous deviendrons, ma chère, mon ami, une femme ou un «homme de décision», une personne qui s’engage, qui «n’omet jamais de réfléchir» et qui ne fait absolument rien «sans décision». Et sur ce chemin nous serons ensemble.
[1] J. Hadot, Penchant mauvais et volonté libre dans la Sagesse de Ben Sira (L’Ecclésiastique), Presses universitaires, Bruxelles 1970, p. 204s.
[2] Ainsi F. Vigouroux, La sainte Bible polyglotte. Ancien Testament, tome 5. L’Ecclésiastique – Isaïe – Jérémie – Les lamentations – Baruch, Roger et Chernoviz libraires-éditeurs, Paris 1904, p. 153.
[3] Ismaïl ibn Kathîr, L’exégèse du Coran en 4 volumes. Traduction : Harkat Abdou, Vol. 2, Sourate 6 (Les Troupeaux) – Sourate 17 (Le Trajet nocturne), Dar Al-Kutub Al-ilmiyah, Beyrouth 2000, p. 707.