Eucharistie: 11 juin 2023
Le Saint Sacrement
Année A, Solennité
Première lecture
‘Deutéronome’ est un mot grec ; il signifie ‘seconde loi’. C’est le titre qu’on a donné au cinquième livre de l’Ancien Testament. En effet, la ‘première loi’, écrite dans le livre de l’Exode, est ici ré-écrite sous forme de prédication[1]. En effet, le Deutéronome se présente comme une prédication faite par Moïse qui évoque l’histoire d’Israël dès la sortie de l’Égypte et jette un regard vers l’avenir.
De ce texte, la page que nous allons lire ce matin nous rappelle d’abord ce que Dieu a accompli pour son peuple dans le désert. Le Seigneur a éduqué son peuple en le confrontant aux difficultés, tout en lui fournissant les moyens de subsister, comme un père le fait pour ses enfants[2]. Le texte fait référence au niveau familial : d’ici la tournure « éduquer à l’obéissance »[3] sur laquelle le texte insiste. Et cette obéissance n’est pas à un ordre arbitraire, à un ordre quelconque. C’est l’obéissance à la seule parole qui nous fait vivre ! En effet, à Israël et à chacun de nous, le texte rappelle « une chose : que l’être humain ne vit pas de pain seulement, l’être humain vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvéh » (v. 3).
Si la première partie du texte commençait avec l’impératif « Souviens-toi de tout le chemin que Yahvéh, ton Elohim, t’a fait parcourir », la seconde partie est une invitation à ne pas oublier : « Veille à ne pas oublier Yahvéh ton Elohim ». Et, parmi ce qu’il ne faut pas oublier, le texte mentionne – un peu comme dans un chant[4] – quatre actions accomplies par le Seigneur : la libération d’une maison d’esclavage, le soutien donné dans la traversée du désert, le don de l’eau et de la manne.
Voilà comment le Deutéronome invitait à vivre après l’exil : à ne pas oublier les dons que Dieu avait faits à son peuple en le guidant vers la liberté et en l’accompagnant dans ses dangers.
Et cette invitation vaut aussi pour nous : à travers Jésus, Dieu nous libère de toute forme d’esclavage, il nous donne l’eau de la vie, il nous donne une nourriture bien plus surprenante que la manne : le corps même du Christ. Accueillons donc ces dons d’un cœur reconnaissant et fidèle[5].
Lecture du livre du Deutéronome (8,2-3 et 14b-16a)
Moïse disait au peuple d’Israël : « 2 Souviens-toi de tout le chemin que Yahvéh, ton Elohim, t’a fait parcourir pendant ces quarante années dans le désert. Il t’a éduqué à l’obéissance ; il voulait te mettre à l’épreuve, pour savoir ce qu’il y a dans ton cœur, pour voir si tu prends soin ou non de ses commandements. 3 Il t’a éduqué à l’obéissance, il t’a fait sentir la faim et il t’a donné à manger la manne. Toi, tu ne la connaissais pas et tes ancêtres ne l’ont pas connue. De cette façon, Yahvéh t’a fait connaître une chose : que l’être humain ne vit pas de pain seulement, l’être humain vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvéh.
14b Veille à ne pas oublier Yahvéh ton Elohim. C’est lui qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. 15 C’est lui qui t’a fait marcher dans le désert grand et terrible, peuplé de serpents brûlants et de scorpions, terre de sécheresse et de soif. C’est lui qui pour toi a fait jaillir l’eau du rocher le plus dur. 16a C’est lui qui, dans le désert, t’a donné à manger la manne que tes pères ne connaissaient pas ».
Parole du Seigneur.
Psaume
Le psaume 147 a probablement été composé vers la fin du cinquième siècle avant Jésus Christ[6]. C’est l’époque pendant laquelle Jérusalem, un siècle après la fin de l’exil à Babylone, connaît un mouvement de reconstruction au niveau des bâtiments et surtout du tissu social. Mais notre psaume considère la reconstruction en cours comme le résultat de l’intervention de Dieu lui-même.
Le psaume se compose de trois parties. La première (vv. 1-6) nous invite à chanter à Dieu parce qu’il rebâtit Jérusalem, rassemble les exilés et « guérit les personnes brisées dans le cœur ». La toute-puissance de Dieu s’exerce dans le ciel, jusqu’aux étoiles, mais aussi sur terre, dans la société.
La deuxième partie (vv. 7-11) invite à chanter à Dieu parce qu’il agit dans la création à travers les cycles de la nature, en donnant la pluie qui permet aux végétaux de germer à nouveau. Dieu prend soin de la nourriture du gros bétail et aussi des petits oiseaux, littéralement des « fils » du corbeau qui crient leur faim et qui « appellent ». Si Dieu prend soin des petites créatures, à plus forte raison il prend soin des hommes et des femmes qui l’appellent, de ceux et celles « qui le respectent et mettent leur espoir dans son amour » (v. 11).
De la troisième partie (vv. 12-20), nous lirons trois strophes.
* La première est encore une invitation à louer Dieu. Mais cette fois l’invitation est adressée directement à Jérusalem. Et la ville est présentée comme une femme et les habitants comme les « fils » (v. 13) qu’elle a engendrés et qui vivent dans son intimité. Et Dieu ? Dieu est celui qui protège cette femme et ses enfants. Dieu est le Dieu de cette femme et mère. Il est – ainsi dit le poète – ton Dieu, « ton Elohim ».
* Dans la deuxième strophe, Dieu est celui qui veut ta paix et qui assure ta nourriture à travers la succession des saisons : l’hiver et l’été. Mais Dieu ne se limite pas à nourrir : à sa famille aimée et à toute la terre, il envoie aussi sa parole. Le poète nous dit : « à toute vitesse court sa parole » (v 15).
* Enfin la dernière strophe. Après avoir souligné le rôle de la parole au niveau de la nature et de la terre, le poète évoque les « paroles » (v. 19) au pluriel, les paroles que Dieu a adressées au peuple d’Israël. En choisissant Israël parmi les peuples, Dieu permet à Israël et aux autres peuples de connaître et de mettre en œuvre « ses normes de droit ». C’est ainsi qu’on aura la paix et que Dieu sera vraiment glorifié dans le monde[7].
Quant à nous, ce matin, les paroles du psaume nous rappellent en particulier un « fils » de Jérusalem, Jésus. C’est à travers lui que Dieu veut établir la paix dans le monde. C’est lui qui est « la fleur du froment » qui nous rassasie maintenant et pour toujours[8]. D’ici notre refrain, à la fin de chaque strophe :
Glorifie le Seigneur, Jérusalem,
il est le prince de la paix et le froment qui nous rassasie.
Psaume 147 (versets 12-13, 14-15, 19-20)
12 Fais l’éloge, Jérusalem, de Yahvéh,
loue ton Elohim, ô Sion.
13 Car il a renforcé les verrous à tes portes,
il a béni tes fils dans ton intimité.
Refr. : Glorifie le Seigneur, Jérusalem,
il est le prince de la paix et le froment qui nous rassasie.
14 Il établit la paix dans ton territoire,
de la fleur du froment, il te rassasie.
15 Celui qui envoie sa voix sur la terre,
à toute vitesse court sa parole.
Refr. : Glorifie le Seigneur, Jérusalem,
il est le prince de la paix et le froment qui nous rassasie.
19 Il annonce ses paroles à Jacob,
ses décrets et ses normes de droit à Israël.
20 Il n’a pas fait ainsi pour toutes les nations,
elles n’ont pas connu ses normes de droit.
Louez Yah, intensément !
Refr. : Glorifie le Seigneur, Jérusalem,
il est le prince de la paix et le froment qui nous rassasie.
Deuxième lecture
La communauté de Corinthe était composée, en majorité, par des personnes qui avaient abandonné la religion païenne et le culte à de fausses divinités. Et Paul, en écrivant aux Corinthiens, les met en garde : « Mes amis très chers, prenez la fuite, loin des cérémonies en l’honneur de faux dieux ». Paul part de l’idée que les Corinthiens parfois participent encore aux repas, avec les païens, en l’honneur des divinités[9]. Voilà pourquoi l’exhortation très dure de Paul : « feygete » en grec, « prenez la fuite ». Mais pourquoi cet impératif ? Derrière ces cérémonies et ces repas communs, il y a une relation qui se crée et qui s’approfondit : une relation entre les différents membres qui y participent et, en même temps, une relation avec la divinité.
Et Paul part de cette conviction pour expliquer aux Corinthiens le sens de la participation, pour les chrétiens, au repas eucharistique. Dans ce repas, nos relations entre nous s’intensifient. En plus, et surtout, nous entrons en relation avec le corps et le sang du Christ.
Dans la page que nous allons écouter dans un instant, les verbes sont à la première personne du pluriel : « nous buvons », « nous rompons ». Et ce pluriel souligne la dimension communautaire de nos liturgies. En participant à l’eucharistie, nous ne sommes jamais des individus, des personnes isolées. Nous sommes une communauté et, en participant à l’eucharistie, nos relations interpersonnelles se font plus intenses[10], elles reçoivent une nourriture nouvelle.
Dans la page, il y a aussi, et répété, le mot « communion ». Et à travers ce terme, Paul souligne que, en célébrant l’eucharistie, la communauté entre en communion avec le Christ. En faisant mémoire du dernier souper de Jésus avec les disciples, en buvant à la coupe et en rompant le pain, la communauté – à Corinthe et ici au Centre – entre « en communion avec le sang du Christ », entre « en communion avec le corps du Christ », son corps crucifié, son sang versé[11].
En terminant sa page, Paul revient sur l’unité que l’eucharistie crée – et doit créer – dans la communauté. Parce que c’est un seul pain qui nous nourrit, « nous formons un seul corps ». Les croyants deviennent, pour ainsi dire, ce qu’ils mangent[12] : un seul pain, un seul corps.
Lecture de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (10,16-17)
Frères et sœurs, 16 pensez à la coupe de la Cène pour laquelle nous remercions Dieu : lorsque nous en buvons, ne nous met-elle pas en communion avec le sang du Christ ? Et le pain que nous rompons : lorsque nous en mangeons, ne nous met-il pas en communion avec le corps du Christ ?
17 Il y a un seul pain ; aussi, bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps, car nous avons tous part au même pain.
Parole du Seigneur.
Séquence de la Fête-Dieu
Il s’agit d’un chant composé, très probablement, par saint Thomas d’Aquin, vers l’année 1264. Dans ce poème, l’auteur chante la ‘surprise’ du pain eucharistique, le pain vivant que Jésus, au moment de son dernier repas, donna à ses disciples. C’est le pain que, nous aussi, nous partageons et qui soutient chacune et chacun de nous sur notre chemin vers Dieu.
Cette séquence (ad libitum) peut être dite intégralement ou sous une forme abrégée à partir de :
« Le voici, le pain des anges ».
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement (Jean 6,51.58)
Alléluia.
Évangile
Dans l’Évangile de Jean, l’activité de Jésus en Galilée a son point culminant lorsque Jésus nourrit une grande foule, environ cinq mille hommes. La narration est très brève. Il y a là un garçon qui a cinq pains et deux petits poissons. « Alors Jésus prend les pains, il rend grâce et les distribue aux personnes qui sont assises. Il fait la même chose avec les poissons. Il leur en donne autant qu’ils veulent » (Jn 6,11). L’action de Jésus est présentée en toute simplicité. Mais les conséquences sont énormes. Les gens considèrent Jésus comme le prophète qui doit venir dans le monde. Ils veulent prendre Jésus pour le faire roi. Voilà pourquoi Jésus se retire seul sur la montagne. Puis, pendant la nuit, il rejoigne ses disciples en marchant sur la mer. Le jour suivant, la foule se met à nouveau à la recherche de Jésus. Et à ce moment-là, Jésus, d’après le narrateur, revient sur ce qui s’est passé le jour précédent et il leur parle du pain de vie.
De ce long discours que l’évangéliste met sur la bouche de Jésus, nous allons lire la dernière partie. Si Jésus a distribué les pains, maintenant il s’identifie avec le pain. Il dit : « Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel » (v. 51). Le pain donné le jour précédent – bien que donné d’une façon prodigieuse, cinq pains pour cinq mille personnes – ne pouvait pas préserver de la mort[13]. Déjà dans l’Ancien Testament, la manne donnée d’une façon surprenante dans le désert, tout en nourrissant, n’avait pas empêché aux gens de mourir. Mais Jésus, lui-même, est le pain vivant et, « si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (v. 51).
En poursuivant son discours, Jésus parle de sa chair et de son sang. Le mot ‘chair’, qui revient six fois, évoque la personne humaine dans sa totalité et sa faiblesse[14]. Et, dans l’Évangile de Jean (1,14), Jésus est, précisément, la Parole qui s’est faite chair et a demeuré parmi nous. Quant au mot ‘sang’, la référence est à la mort, à l’agneau pascal. La nuit avant de quitter l’Égypte, chaque famille tuait l’agneau, en mangeait la chair et mettait le sang sur les deux montants et la poutre au-dessus de la porte d’entrée (Ex 12,3ss). En faisant ainsi, la famille était épargnée de la mort.
Et Jésus, en parlant de sa chair et de son sang, utilise des verbes très intenses : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (v. 54). Le verbe ‘manger’ – en grec il y a littéralement ‘mâcher’ – et le verbe ‘boire’ évoquent ainsi une union complète, une ‘assimilation’, une ‘perte’ de l’autre dans la personne du croyant. En d’autres termes : l’acte de manger sa chair et de boire son sang réalise – d’une manière durable – l’union intime des fidèles avec Jésus[15]. Oui, la personne qui se nourrit de sa chair et de son sang « demeure en moi et moi, je demeure en lui » (v. 56).
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6,51-58)
Jésus disait aux foules des Juifs : « 51 Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie ».
52 Alors les Juifs discutent violemment entre eux. Ils disent : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ».
53 Jésus leur dit alors : « Oui, je vous le dis, c’est la vérité : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas en vous la vie. 54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 55 Car ma chair est (une) vraie nourriture, et mon sang est (une) vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui. 57 Le Père qui m’a envoyé est vivant, et moi, je vis par le Père. De la même façon, celui qui me mange vivra, lui aussi, par moi. 58 Voici le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme le pain que vos ancêtres ont mangé. Eux, ils sont morts, mais celui qui mange ce pain vivra pour toujours ».
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Comme les fils d’Israël, Seigneur, nous aussi
nous regrettons les oignons d’Égypte ;
nous aussi, nous sommes errants
dans des déserts de plus en plus terribles.
Nous te prions : de ton rocher très dur,
fais jaillir aussi pour nous de l’eau vivante
et donne-nous, comme nourriture, le pain des forts
afin que personne ne se perde en chemin,
le chemin vers une terre nouvelle. Amen[16].
[David Maria Turoldo, prêtre et poète italien : 1916-1992]
Prière des fidèles
* Le Deutéronome nous invite à regarder à notre vie, à notre besoin de nourriture. Nous avons besoin d’une nourriture matérielle, mais aussi de ta parole. C’est ta parole qui peut donner un sens à notre vie. En effet, « l’être humain ne vit pas de pain seulement, l’être humain vit de tout ce qui sort de la bouche de Yahvéh ». Que ta parole, Seigneur, puisse nous nourrir et nous orienter de jour et jour.
* En parlant de toi, le poète du psaume nous dit : « Celui qui envoie sa voix sur la terre, à toute vitesse court sa parole ». Eh bien, rends-nous attentifs, Seigneur à ta parole ! C’est la parole à travers laquelle tu bâtis et tu établis la paix dans nos familles, dans nos quartiers, dans notre pays et sur toute la terre. Fais que notre confiance envers ta parole puisse être présente et résister, en nous, aussi dans les moments douloureux et parfois tragiques que nous vivons.
* Aux chrétiens de Corinthe et à nous ce matin, Paul rappelle les conséquences qui doivent jaillir de notre participation à l’eucharistie : parce que c’est un seul pain qui nous nourrit, « nous formons un seul corps ». Que ton pain, Seigneur, puisse vraiment faire – de notre communauté – une communauté unie, une communauté dans laquelle les différences puissent être acceptées et vécues comme enrichissantes.
* L’Évangile évoque d’une façon très directe ta mort, Jésus, ta chair donnée pour la vie du monde. Aide-nous à prendre conscience de l’importance de ta mort. Elle est le signe le plus fort de ta solidarité envers nous. Tu n’as pas vécu la mort comme une fatalité dépourvue de sens. Tu as voulu la vivre comme un service, comme un don, total, de ton humanité et aussi de ta faiblesse humaine, à chacune et à chacun de nous.
* L’Évangile nous invite aussi à manger la chair du Fils de l’homme et à boire son sang. Et cette action concrète devient porteuse de signification : elle nous permet de vivre et d’approfondir, jour après jour, notre intimité avec toi. En effet, « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui ». Après nous avoir nourri(e)s de ta chair et de ton sang, fais que notre vie soit cohérente avec ce que tu as vécu et ce que tu nous as enseigné.
[1] Cf. R. Virgili, Per leggere il Pentateuco, dans E. Borghi – R. Petraglio (a cura di), La Scrittura che libera. Introduzione alla lettura dell’Antico Testamento, Borla, Roma, 2008, p. 104.
[2] Cf. ZeBible. L’autre expérience. Ancien et Nouveau Testament, Biblio’O, Villiers-le-Bel, 2011, p. 259.
[3] Pour cette traduction du verbe « ‘anah », cf. E. Otto, Deuteronomium 4,44-11,32, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2012, p. 907. Pour une étude globale sur ce verbe dans tout l’AT, cf. E. S. Gerstenberger, ‘anah, dans Theologisches Wörterbuch zum Alten Testament, in Verbindung mit George W. Anderson et alii, hrsg. von G. J. Botterweck, H. Ringgren und H.-J. Fabry, Band VI, Kohlhammer, Stuttgart – Berlin – Köln, 1989, p. 248ss.
[4] Cf. G. von Rad, Deuteronomio, Paideia, Brescia, 1979, p. 81.
[5] Cf. ZeBible. L’autre expérience. Ancien et Nouveau Testament, Biblio’O, Villiers-le-Bel, 2011, p. 260.
[6] Pour ce psaume, cf. E. Zenger, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 824ss.
[7] Ibid., p. 835.
[8] Cf. M. Girard, Les psaumes redécouverts. De la structure au sens (Ps 101-150), Bellarmin, Montréal, 1994, p. 523.
[9] Cf. W. Schrage, Der erste Brief an die Korinther. 2. Teilband. 1 Kor 6,12-11,16, Benziger Verl., Solothurn und Düsseldorf, – Neukirchener Verl., Neukirchen-Vluyn, 1995, p. 431.
[10] Cf. G. Barbaglio, La Prima lettera ai Corinzi. Introduzione, versione e commento, EDB, Bologna, 1995, p. 481. Cf. aussi W. Schrage, Op. cit., p. 437.
[11] Cf. D. Zeller, Der erste Brief an die Korinther, übersetzt und erklärt, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2010, p. 337s.
[12] Ainsi D. Zeller, Ibid., p. 338.
[13] Cf. M. Mazzeo, Vangelo e lettere di Giovanni. Introduzione, esegesi e teologia, Paoline, Milano, 2007, p. 201.
[14] Cf. Ibid., p. 204.
[15] Cf. Ibid., p. 209.
[16] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2004, p. 680s.