Eucharistie: 29 juin 2024
Saint Pierre et Saint Paul — Solennité
Première lecture
La première lecture de ce matin est une page du seconde livre de Luc, les Actes des apôtres. A la fin du chapitre 11, Luc évoquait la solidarité des chrétiens d’Antioche : ils s’engageaient pour la communauté de Jérusalem qui vivait une période de pauvreté et de faim. Et, dans la page de ce matin, Luc nous présente la communauté chrétienne de Jérusalem menacée par les Juifs[1] et par le roi Hérode Agrippa I, que Luc appelle tout simplement Hérode. Ce roi Hérode est le fils d’Aristobule et petit-fils d’Hérode le grand, celui qui avait décidé le massacre des enfants au moment de la naissance de Jésus. Ce Hérode Agrippa I, il ne faut pas le confondre avec son oncle Hérode Antipas, le roi qui avait tué Jean le Baptiste et qui avait collaboré avec Pilate au moment de la condamnation de Jésus[2].
Hérode Agrippa I, depuis son enfance, avait vécu à Rome avec des richesses et des dépenses qui le réduisirent en pauvreté. Ses relations avec les empereurs romains ont connu des hauts et des bas. Il a été aussi emprisonné ; ensuite, de l’empereur Caligula il reçut une couronne d’or qu’il déposa au temple de Jérusalem. Et à Jérusalem, entre les années 41-44, il se lia avec les pharisiens et il s’opposa durement à la jeune communauté chrétienne[3]. Et la page de ce matin nous rappelle son hostilité par rapport aux chrétiens : « le roi Hérode mit la main sur certains membres de l’Église pour leur faire du mal. Il fit mourir par l’épée Jacques » (vv. 1-2). C’est la seconde vague de persécution qui s’abat sur l’Église de Jérusalem, après celle qui avait suivi la lapidation d’Etienne. Mais jusque-là, à différence des autorités religieuses et des Sadducéens, le peuple n’avait témoigné que de l’estime pour la communauté chrétienne[4]. Et ce changement des Juifs explique aussi la seconde décision d’Hérode Agrippa : « quand il vit que cela plaisait aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre » (v. 3).
Dans ce contexte de violence, le récit des Actes continue en nous présentant la seule mesure prise par la communauté chrétienne[5] : elle se donne à la prière « une prière ardente de l’Église montait sans relâche vers Dieu pour lui » (v. 5).
Quant à Pierre, même lorsque la situation va se précipiter, il n’est pas préoccupé de ce que le roi et le peuple vont décider : en effet, « cette nuit-là, Pierre était en train de dormir entre deux soldats. Il était lié par deux chaînes et des sentinelles devant la porte surveillaient la prison » (v. 6). Et, dans cette phrase, l’indication temporelle « cette nuit-là » évoque la nuit pascale, la nuit lorsque Dieu fait sortir son peuple de l’Égypte. Et plusieurs indices renvoient au récit de l’Exode : la nuit (Ex 12,8), l’ordre de se ceindre et de chausser ses sandales (comme en Ex 12,11) ; et la tournure « arracher de la main d’Hérode » (v. 11) évoque celle de l’Exode : « arracher de la main de Pharaon » (Ex 18,10)[6].
Par rapport à l’événement de l’Exode, dans le récit des Actes il y a une redistribution des rôles. L’action de Dieu c’est au profit de Pierre, mais l’ennemi dont il est arraché c’est le roi Hérode et « le peuple des Juifs », bénéficiaire – dans le passé – de la protection de Dieu. Et à la fin du récit, Pierre, en prenant conscience de ce qu’il a vécu, ne peut que reconnaître avec reconnaissance et déclarer : « Maintenant je sais vraiment que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a arraché de la main d’Hérode et de tout ce que le peuple des Juifs attendait ». C’est ainsi, dans la proximité de la Pâque (v. 4), que Pierre célèbre sa vraie Pâque, la libération de l’esclavage, de la persécution et du mal[7].
Lecture du livre des Actes des apôtres (12,1-11)
1 En ce temps-là, le roi Hérode mit la main sur certains membres de l’Église pour leur faire du mal. 2 Il fit mourir par l’épée Jacques, le frère de Jean. 3 Puis, quand il vit que cela plaisait aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre. C’était pendant les jours des Azymes, des Pains sans levain. 4 Hérode le fit donc saisir et jeter en prison, et il chargea quatre groupes de quatre soldats de le garder. Il voulait le faire comparaître devant le peuple après la Pâque. 5 Pierre était donc surveillé dans la prison ; mais une prière ardente de l’Église montait sans relâche vers Dieu pour lui.
6 Quand Hérode était sur le point de le faire comparaître, cette nuit-là, Pierre était en train de dormir entre deux soldats. Il était lié par deux chaînes et des sentinelles devant la porte surveillaient la prison. 7 Et voici : un ange du Seigneur survint et une lumière brilla dans le local. Frappant le flanc de Pierre, l’ange le réveilla ; puis il dit : « Lève-toi vite ! » Et les chaînes sont tombées de ses mains. 8 L’ange lui dit : « Mets ta ceinture et attache tes sandales ». Et Pierre fit ainsi. L’ange lui dit : « Enveloppe-toi de ton manteau, et suis-moi ». 9 Pierre sortit (de la prison) et le suivait. Il ne savait pas que l’intervention de l’ange était réelle, mais il pensait avoir une vision. 10 Ils passèrent le premier poste de garde, puis le second et arrivèrent à la porte de fer qui donne sur la ville. Cette porte s’ouvrit d’elle-même devant eux et ils sortirent. Ils s’avancèrent dans une rue et, tout à coup, l’ange quitta Pierre. 11 Pierre, revenu à lui-même, dit : « Maintenant je sais vraiment que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a arraché de la main d’Hérode et de tout ce que le peuple des Juifs attendait ».
Parole du Seigneur.
Psaume
Le psaume 34 a été composé après le retour de l’exil et la reconstruction du temple qui avait été détruit par les Babyloniens.
Dans le premier verset, qu’on ne lira pas ce matin, le poète fait d’abord référence à David. David, menacé par Saül, prend la fuite en allant vers l’ouest et arrivant à la ville de Gath. Mais à Gath, l’entourage du roi de la ville le reconnaît comme celui qui avait fait trembler les Philistins[8]. Étant reconnu, David a peur, il fait donc semblant d’être fou, et le roi de Gath le fait partir (1 Sam 21,11-16).
Dans ce départ de David, dans cette libération surprenante, le poète voit un signe de la bonté de Dieu envers les personnes persécutées et souffrantes[9]. En effet, le poète a fait lui-même cette expérience de Dieu qui libère de la peur. Et il la raconte dans la première partie du psaume (vv. 1-11), précisément au centre de cette partie : « J’ai cherché Yahvéh, et il m’a répondu, et il m’a délivré de toutes mes craintes » (v. 5). Mais, avant d’évoquer cette expérience personnelle, le poète en remercie Dieu, à tout instant[10], et invite les humbles, les petites gens, à se réjouir avec lui et à chanter à Dieu (vv. 2-4). Ensuite, toujours dans la première partie du psaume, le poète va montrer que son expérience personnelle est aussi celle des pauvres, des personnes qui mettent en Dieu leur confiance. En effet, ceux qui lèvent les yeux vers Dieu « rayonnent de joie et leur visage n’a plus à rougir » (v. 6). D’ici son invitation : « Goûtez et voyez qu’il est bon Yahvéh » (v. 9). Et ce verset termine par une béatitude : « heureux l’homme qui s’abrite en lui ». Cette béatitude, qui reviendra aussi dans d’autres psaumes[11], nous la retrouverons aussi sur la bouche de Jésus à propos de Pierre : Heureux es-tu, Simon fils de Jonas » (Mt 16,17).
Quant à nous, en écoutant cette première partie du psaume, nous pouvons intervenir en reprenant les mots du v. 5. Cette libération chantée par le poète du psaume s’accomplit aussi pour Pierre et aussi pour nous. En effet, le Seigneur nous délivre de toutes nos peurs. Notre refrain sera donc :
Yahvéh m’a délivré de toutes mes craintes.
Psaume 34 (versets 2-3. 4-5. 6-7. 8-9)
2 Je veux remercier Yahvéh à tout instant,
ma bouche chantera toujours sa louange.
3 En Yahvéh se glorifiera mon âme,
qu’ils écoutent, les humbles, et qu’ils se réjouissent.
Refr. : Yahvéh m’a délivré de toutes mes craintes.
4 Dites avec moi : « Yahvéh est grand ! »,
chantons (tous) ensemble son nom.
5 J’ai cherché Yahvéh, et il m’a répondu,
et il m’a délivré de toutes mes craintes.
Refr. : Yahvéh m’a délivré de toutes mes craintes.
6 Ceux qui lèvent les yeux vers lui rayonnent de joie
et leur visage n’a plus à rougir.
7 Voilà un pauvre qui a crié au secours :
Yahvéh l’a entendu et l’a sauvé de toutes ses détresses.
Refr. : Yahvéh m’a délivré de toutes mes craintes.
8 Le messager de Yahvéh monte la garde autour de ses fidèles,
et il les libérera.
9 Goûtez et voyez qu’il est bon Yahvéh :
heureux l’homme qui s’abrite en lui.
Refr. : Yahvéh m’a délivré de toutes mes craintes.
Deuxième lecture
Comme le dit le titre, la Deuxième lettre à Timothée est évidemment adressée à Timothée, le compagnon que Paul mentionne fréquemment dans ses lettres et qu’il qualifie comme son propre « enfant » (1 Cor 4,17 ; Phil 2,22). Quant à l’auteur de la Deuxième lettre à Timothée, les biblistes s’interrogent : elle a été écrite directement par Paul ou bien c’est un disciple de Paul qui a rédigé la lettre ?[12] En tout cas, même si elle a été écrite par un disciple de Paul, elle contient une page qui est probablement une des dernières écrites par Paul, vers la moitié des années 60, à la veille de sa mort[13].
Il s’agit d’une page très personnelle. Dans les premières lignes du texte, Paul jette un regard sur sa vie. Il en parle sur le ton de la confiance, un peu comme en écrivant un testament devant la proximité ou la prévision de la mort[14]. Et la mort est comparée à un sacrifice, à un acte par lequel une personne se dépouille de tout pour se donner totalement à Dieu[15]. Elle est présentée aussi – et le mot revient seulement ici dans tout le Nouveau Testament – comme un départ : « le moment de mon départ est arrivé » (v. 6). Les ami(e)s de Paul, les personnes pour lesquelles Paul s’est engagé auront nostalgie de lui. Mais Paul les invite, comme il invite Timothée, à regarder en avant : il y aura une nouvelle rencontre : tout près du Seigneur. En effet, le Seigneur va me donner une couronne, « et pas seulement à moi mais à tous ceux qui attendent avec amour le moment de sa manifestation finale» (v. 8).
Après cette affirmation, on pourrait croire que la lettre est terminée. Mais ce n’est pas le cas. Paul ajoute des informations concrètes à propos de sa solitude en prison. Il est seul avec Luc, et il invite Timothée à venir chez lui : « Efforce-toi de venir me rejoindre au plus vite » (v. 9). Nous on ne lira pas cette deuxième section. Mais on écoutera la partie finale de cette page.
Dans cette partie (vv. 16-18), Paul évoque sa condition de prisonnier et son procès. En prison, Paul, abandonné par la plupart de ses collaborateurs, sait qu’il sera bientôt condamné à mort. Et il vit cette situation en pensant à ce que Jésus a vécu dans ses derniers jours[16]. Si Jésus a été abandonné par ses disciples, Paul peut dire : « tous m’ont abandonné » (v. 16). Et, comme Jésus pardonne en mourant (Lc 23,34), de même Paul déclare : « Que Dieu ne leur en tienne pas compte ! » (v. 16).
Après avoir mentionné sa solitude, Paul peut avouer : « Mais le Seigneur, lui, était auprès de moi, il m’a donné sa force » (v. 17). C’est ainsi que, prenant la parole devant le tribunal romain, Paul a pu annoncer jusqu’au bout la Bonne Nouvelle. Et elle a été entendue « de tous les païens » (v. 17).
Enfin, toujours en évoquant sa situation, Paul fait référence au psaume 22, le psaume qui a accompagné Jésus dans sa souffrance au point de dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15,34 et Mt 27,46). Paul revient sur ce même psaume[17] lorsqu’il voit sa situation comme menacée par la gueule du lion : « j’ai été délivré de la gueule du lion. Le Seigneur me délivrera encore de tout mal qu’on peut me faire » (vv. 17-18). De même, le poète du psaume décrivait sa situation en ces termes : les ennemis « ouvrent la gueule contre moi, ces lions déchirant et rugissant » (Ps 22,14). Et il demandait à Dieu : « Sauve ma vie de l’épée, arrache-moi à la gueule du lion » (Ps 22,21-22).
Et maintenant, Paul a confiance : « Le Seigneur me délivrera encore de tout mal… il me sauvera en me faisant entrer au ciel, dans son Royaume » (v. 18). Écoutons comment Paul présente sa situation et comment il voit son avenir. Ouvrons notre cœur à cette page qui est la dernière que l’apôtre nous a laissée.
Lecture de la Deuxième lettre à Timothée (4,6-8 et 16-18)
Mon bien-aimé Timothée, 6 quant à moi, me voici déjà offert à Dieu en sacrifice, et le moment de mon départ est arrivé. 7 J’ai combattu le beau combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. 8 Et maintenant, la couronne m’attend. C’est la couronne accordée en retour d’une vie juste. Le Seigneur, le juste juge, va me la donner en ce jour-là, et pas seulement à moi mais à tous ceux qui attendent avec amour le moment de sa manifestation finale.
16 La première fois que j’ai présenté ma défense au tribunal, personne ne m’a assisté, tous m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas compte ! 17 Mais le Seigneur, lui, était auprès de moi, il m’a donné sa force. C’est ainsi que, à travers moi, son message fut pleinement proclamé et il fut entendu de tous les païens. Et j’ai été délivré de la gueule du lion. 18 Le Seigneur me délivrera encore de tout mal qu’on peut me faire ; il me sauvera en me faisant entrer au ciel, dans son Royaume céleste. A lui la gloire pour les siècles des siècles ! Amen.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. (Mt 16,18)
Alléluia.
Évangile
Comme dans d’autres pages de l’Évangile, dans la page de ce matin Matthieu revient sur un récit de Marc (Mc 8,27-30). Il revient sur la page de Marc dans laquelle Jésus interroge ses disciples : que disent les gens au sujet de Jésus ? Et les gens pensent que Jésus est un prophète revenu au monde : ou Jean Baptiste, que le roi Hérode avait tué, ou bien Élie, que l’Ancien Testament disait avoir été ravi au ciel, ou bien, nous lisons dans Matthieu, le prophète Jérémie.
Après ces réponses, Jésus pose la même question aux disciples. Et cette fois c’est Pierre qui, à titre personnel, répond : « Tu es le Christ ». Ce mot grec, comme son correspondant hébreu « Messie », évoque le personnage attendu depuis des siècles, la personne que Dieu va oindre et consacrer comme son envoyé. Mais, dans l’Évangile de Matthieu, Pierre va plus loin en disant à Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 16). Oui, Jésus est le Fils du Dieu vivant, en Jésus Dieu est avec nous[18] et œuvre avec nous[19] et il donne la vie aux humains destinés à la mort.
Dans Matthieu, et seulement dans Matthieu, Jésus répond à Pierre. Jésus reconnaît que la déclaration faite par Pierre ne naît pas de lui. Elle ne peut pas naître d’un humain : l’humain est faiblesse, un être de chair et de sang. Ce que Pierre a déclaré est un don, une révélation donnée par Dieu, par « mon Père qui est dans les cieux » (v. 17).
Et Pierre, auquel Dieu s’est révélé, va avoir un rôle – pour la communauté chrétienne – comparable à celui d’Abraham et de Sara pour tous ceux qui poursuivent la justice. En effet, le livre d’Isaïe (51,1-2) exhorte : « Écoutez-moi, vous qui recherchez la justice, regardez dans quel rocher vous avez été taillés, dans quelle réserve de pierres vous avez été pris. Regardez vers Abraham, votre père, et vers Sara qui vous a mis au monde ». Et maintenant c’est Pierre le rocher, la pierre sur laquelle Jésus construira la nouvelle communauté. Et la « puissance de la mort » ne peut rien contre une communauté fondée sur la relation vivante d’un disciple avec son Seigneur[20].
Jésus évoque enfin « les clés du Royaume des cieux » (v. 19). A Pierre, un peu comme à Élyaqim dans le livre d’Isaïe (Is 22,22), est confiée la responsabilité de la maison, la responsabilité de lier et de délier. Mais cette responsabilité ne va pas déresponsabiliser la communauté chrétienne et les disciples d’hier et d’aujourd’hui. En effet, aux disciples qui veulent savoir si dans la communauté il y a quelqu’un plus grand que les autres, Jésus rappelle la responsabilité de tous : « ce que vous lierez sur la terre sera lié, définitivement, dans le ciel, et ce que vous délierez sur la terre sera délié – d’une façon définitive – dans le ciel » (Mt 18,18)[21].
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (16,13-19)
13 Jésus arrive dans la région de Césarée de Philippe. Il interroge ses disciples en disant : « Pour les gens, qui est le Fils de l’homme ? » 14 Ils lui disent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ».
15 Jésus leur dit : « Et pour vous, qui suis-je ? » 16 Simon Pierre, en répondant, dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». 17 Jésus lui répond en disant : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car chair et sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. 18 Et moi, je te dis que toi, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la Puissance de la mort ne pourra rien contre elle. 19 Je te donnerai les clés du Royaume des cieux ; et ce que tu lieras sur la terre, sera lié, définitivement, dans les cieux ; et ce que tu délieras sur la terre, sera délié – d’une façon définitive – dans les cieux ».
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Père, toi aussi tu es un Dieu humble et bon,
un Dieu qui choisit les petits et les faibles
pour confondre les grands et les puissants,
un Dieu toujours attentif au sort des justes ;
même si nous avons de la peine à te comprendre,
nous te demandons de te chanter,
parce que tu t’es révélé dans ton Fils
comme libérateur des pauvres ;
aide-nous à devenir, nous aussi,
attentifs à ta façon de te comporter dans l’histoire
et à comment tu veux que ton œuvre de libération
soit continuée par tous les pauvres du monde.
Amen[22].
[David Maria Turoldo: prêtre et poète, Italie, 1916-1992]
Prière des fidèles
* Le livre des Actes nous présente Pierre, Pierre que le Seigneur « a arraché de la main d’Hérode ».
Oui, tu choisis les créatures les plus faibles pour confondre les plus fortes et tu fais des humbles les premiers de ton Royaume. Eh bien : donne-nous de te servir malgré nos faiblesses. Et, devant nos infidélités et nos trahisons – qui sont comme celle de Pierre au moment de l’arrestation et de la mort de Jésus sur la croix – permet-nous de revenir et de te dire comme Pierre : « Seigneur, tu sais que je t’aime ».
* Le psaume nous invite à mettre en toi, Seigneur, notre confiance. En effet le poète avoue : « J’ai cherché Yahvéh, et il m’a répondu, et il m’a délivré de toutes mes craintes ». Oui, il me délivre de toutes mes craintes, il me délivre aussi de la crainte de ton châtiment. A toi, Seigneur, un grand merci pour cette révélation, pour cette délivrance. Elle nous permet de vivre notre vie d’une façon différente, elle nous pousse à nous engager, par amour et seulement par amour, pour plus de justice dans le monde et pour te « remercier à tout instant ».
* La lettre à Timothée nous montre Paul comme un croyant profondément engagé pour l’évangile mais, en même temps, comme un homme qui ne se sent pas au-dessus des autres. La couronne qui l’attend, le Seigneur va la donner non seulement à lui mais aussi « à tous ceux qui attendent avec amour le moment de sa manifestation finale ». Donne-nous, Seigneur, la force de nous engager un peu comme Paul et aussi d’attendre avec amour ta manifestation future.
* Dans l’Évangile, Jésus notre frère, tu nous rappelles que nous ne pouvons pas te comprendre à partir de ce que nous savons déjà. Nos connaissances d’Élie, de Jérémie et des autres prophètes ne suffisent pas. Nous avons besoin d’un don, d’une révélation de la part de Dieu, de la part de ton Père. Qu’il nous donne, jour après jour, de découvrir le mystère de ta personne, et de vivre ta proximité, ton intimité qui nous prend totalement et nous dépasse.
[1] Pour la relation entre la fin du chapitre 11 et le récit du chapitre 12, cf. D. Marguerat, Les Actes des apôtres (1-12), Labor et fides, Genève, 2007, p. 429.
[2] Pour ces trois souverains, cf. O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 171 et 479 (avec les dynasties asmonéenne et hérodienne).
[3] Cf. le chapitre titré « Agrippa I » dans E. Schürer, Storia del popolo giudaico al tempo di Gesù Cristo. Vol I, Paideia, Brescia, 1985, pp. 541-554.
[4] Ainsi D. Marguerat, Les Actes des apôtres (1-12), Labor et fides, Genève, 2007, p. 431.
[5] C. M. Martini, Atti degli apostoli. Versione, introduzione e note, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2019, p. 181.
[6] Cf. D. Marguerat, Les Actes des apôtres, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 566.
[7] Cf. D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2004, p. 762.
[8] Cf. A. Caquot – Ph. De Robert, Les livres de Samuel, Labor et fides, Genève, 1994, p. 262.
[9] Cf. E. Zenger, Psalm 34. Lebenszeugnis eines Geretteten für die Armen, dans F.-L. Hossfeld. – E. Zenger, Die Psalmen, Band I. Psalm 1-50, Echter Verlag, Würzburg, 1993, p. 213.
[10] L’adjectif « tout », utilisé dans le verset 2, reviendra encore sept fois dans le psaume (aux versets 5.7.11.18.20.21.23).
[11] La tournure « heureux l’homme qui», on la retrouve dans 40,5 ; 94,12 ; 127,5. Cf. L. Koehler – W. Baumgartner, Lexicon in Veteris Testamenti libros, Brill, Leiden, 1958, p. 168, sous la voix « gèvèr » qui signifie « homme ».
[12] Cf. C. Pellegrino, Lettere a Timoteo. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2011, p.147ss.
[13] M. Gourgues, Les deux lettres à Timothée. La lettre à Tite, Cerf, Paris, 2009, p. 58.
[14] M. Gourgues, Les deux lettres à Timothée. La lettre à Tite, Cerf, Paris, 2009, p. 329.
[15] Cf. C. Spicq, Les épîtres pastorales, Gabalda, Paris, 1969, p. 804.
[16] Cf. C. Pellegrino, Lettere a Timoteo. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2011, p. 211ss.
[17] Pour la comparaison entre 2 Timothée 4,16-18 et le Psaume 22, cf. C. Spicq, Les épîtres pastorales, Gabalda, Paris, 1969, p. 810.
[18] « Dieu avec nous » est la signification du terme « Emmanuel ».
[19] Ainsi U. Luz, Vangelo di Matteo. Volume 2. Commento ai capp. 8-17, Paideia, Brescia, 2010, p. 573.
[20] Cf. E. Cuvillier, Évangile selon Matthieu, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 93.
[21] Pour la relation entre Mt 16,19 et Mt 18,18 et aussi avec Jn 20,23, cf. S. Grasso, Il Vangelo di Matteo: commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 506s.
[22] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Lungo i fiumi ». I salmi. Traduzione poetica e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 1987, p. 114.