Eucharestie: 30 juin 2024

13ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

 

« Afin qu’une vie épanouie chante pour toi » (Psaume 30,13)

 

Première lecture

Le Livre de la Sagesse est le texte le plus récent de tout l’Ancien Testament. Il a été composé, probablement, une dizaine d’années avant la naissance de Jésus. L’auteur est un juif qui vit en Égypte, à Alexandrie, là où le Nil se jette dans la Méditerranée.

De ce livre, nous allons lire deux petits textes. Le premier est à l’intérieur d’une exhortation à aimer la justice. L’auteur commence ainsi : « Ne recherchez pas la mort en vivant d’une façon déréglée » (1,12). Ici, le mot mort n’évoque pas seulement la fin biologique de la vie, il évoque une vie loin de Dieu et de sa justice[1]. Et, à travers cette exhortation, l’auteur met l’individu devant ses responsabilités. C’est à l’individu de faire son choix[2].

Après l’exhortation, les versets suivants nous donnent la motivation. « Dieu n’a pas fait la mort » (v. 13). Comme dans les chapitres 2 et 3 de la Genèse, la mort est la conséquence de la désobéissance au plan de Dieu. En effet, Dieu ne l’a pas voulue primitivement[3].

Le deuxième petit texte de la Sagesse revient sur le projet de Dieu : « Dieu a créé l’humain pour une vie immortelle » (2,23). Et pour justifier cette affirmation, l’auteur fait référence à Genèse 1,27 : l’humain comme image de Dieu. Dieu n’a pas créé l’humain immortel mais « pour une vie immortelle »[4]. Voilà notre destin. Et nous ne devons pas nous laisser séduire par la puissance du Diviseur[5], du Méchant qui voudrait nous séparer de Dieu et de son projet de vie sans fin.

 

Lecture du livre de la Sagesse (1,12-15 ; 2,23-24)

112 Ne recherchez pas la mort en vivant d’une façon déréglée,

n’attirez pas à vous la ruine par les œuvres de vos mains.

13 Car Dieu n’a pas fait la mort,

et il ne prend pas plaisir à voir mourir des vivants.

14 En effet, il a créé tous les êtres pour qu’ils existent.

Toutes les générations du monde sont porteuses de vie.

En elles, il n’y a pas de poison qui donne la mort

et le règne de la mort ne règne pas sur la terre,

15 car c’est la justice qui est immortelle.

 

223 Dieu a créé l’humain pour une vie immortelle,

il a fait de lui une image de sa propre identité.

24 C’est par la jalousie du diable, du diviseur,

que la mort est entrée dans le monde,

et ceux qui prennent parti pour ce diviseur

vont à la recherche de la mort.

Parole du Seigneur.

Psaume

Le poète qui a composé le psaume 30 s’est trouvé en danger de mort, mais Dieu l’a sauvé. Voilà pourquoi, maintenant, il veut remercier Dieu et raconter cette expérience à la communauté[6]. La vie, celle du poète et la nôtre, est une alternance entre la souffrance, qui pèse parfois très lourde, et des moments de joie. Cette alternance ou ce contraste apparaît fréquemment dans les différentes parties du psaume[7].

De ce psaume, ce matin nous allons lire quatre strophes. La première (vv. 2.4) s’ouvre avec un remerciement : « Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout ». A travers son intervention, Dieu n’a pas laissé que les « ennemis » du poète puissent se réjouir. Comme souvent dans les psaumes, ici le mot « ennemis » fait référence au milieu – fréquemment hostile – dans lequel le poète vit, mais il évoque aussi les peurs qui nous accompagnent dans la vie. De tout ça, Dieu l’a libéré[8]. Et, en poursuivant la strophe, le poète voit Dieu comme celui qui l’a libéré de la menace de la mort et, en même temps, comme celui qui lui a ouvert de nouvelles possibilités de vie. Il peut donc dire à Yahvéh : « tu m’as rendu la vie quand j’étais parmi ceux qui descendent dans la tombe ».

Dans la deuxième strophe (vv. 5-6ab), le poète s’adresse aux croyants, aux « fidèles ». Et ce mot, « hasîdîm » en hébreu, évoque celles et ceux qui appartiennent à la communauté de Yahvéh, celles et ceux dont la vie est protégée par le « hèsèd », par la fidélité de Dieu[9]. A ces personnes, le poète peut évoquer la colère et l’amour de Dieu. Et il le fait un peu comme dans le livre d’Isaïe, là où Dieu – interpellant Israël comme son épouse – lui dit : « Dans un débordement d’irritation j’ai caché ma face, un instant, loin de toi ; mais avec une fidélité sans fin je te conserve ma tendresse » (Isaïe 54,8).

La troisième strophe (vv. 6cd.12) revient sur le contraste entre colère et faveur. Mais cette fois, le poète utilise d’autres images : le contraste entre le soir et le matin, entre les pleurs et la joie, ensuite le contraste entre deuil et danse. La vie humaine est dominée par des contrastes. Il y a la douleur et les larmes et la peur ; mais il y a aussi la joie parce que Dieu est tout près de nous et il ne nous abandonne jamais[10].

Si dans le premier verset de la strophe, le poète utilise l’image d’une alternance (soir – matin, pleurs – joie), le dernier verset mentionne un changement définitif : « Tu as changé mon deuil en une danse, tu as déchiré mes habits funèbres et tu m’as habillé de joie » (v. 12). Le deuil est fini, les habits funèbres ne sont pas mis à côté et conservés pour un autre deuil : non, ils sont déchirés, pour toujours !

Dans la dernière strophe (v. 13), le poète exprime le but de l’intervention de Dieu. Dieu, « tu as déchiré mes habits funèbres » et cela « afin qu’une vie épanouie chante pour toi ». Ici, surprenante est l’utilisation du mot « kâvôd ». Ce terme, qui dérive d’une racine qui signifie « être lourd », habituellement désigne le poids, l’importance, la gloire, surtout la gloire de Dieu. Mais dans notre psaume, ce mot évoque la personne humaine, son intimité, sa vitalité pleinement épanouie[11]. Voilà le projet que Dieu a pour chacune et chacun de nous.

Pour terminer : Dieu est intervenu dans la vie du poète, il l’a remis debout, il a fait de sa vie une « vie épanouie ». Quant à nous, essayons de découvrir cette même action de Dieu dans notre vie personnelle. Enrichi(e)s par cette prise de conscience, chacune et chacun de nous pourra intervenir, à la fin de chaque strophe, avec le refrain :

         Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout.

 

Psaume 30 (versets 2.4. 5-6ab. 6cd.12. 13)

2 Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout ;

tu n’as pas laissé mes ennemis se réjouir à propos de moi.

4 Yahvéh, tu m’as fait remonter hors du séjour des morts,

tu m’as rendu la vie quand j’étais parmi ceux qui descendent dans la tombe.

Refr. : Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout.                                             

 

5 Chantez pour Yahvéh, vous ses fidèles,

célébrez-le en faisant mémoire de sa sainteté,

6ab car sa colère ne dure qu’un instant

mais sa faveur toute la vie.

Refr. : Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout.                                             

 

6cd Le soir s’attardent les pleurs,

mais au matin c’est un cri de joie.

12 Tu as changé mon deuil en une danse,

tu as déchiré mes habits funèbres et tu m’as habillé de joie.

Refr. : Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout.                                             

 

13 Cela afin qu’une vie épanouie chante pour toi

et ne se taise pas.

Pour toujours, Yahvéh mon Elohim,

je te célébrerai.

Refr. : Je t’exalte, Yahvéh, car tu m’as remis debout.                                             

 

Deuxième lecture

Dans la Deuxième lettre aux Corinthiens, les chapitres 8 et 9 ont un même sujet : la collecte que Paul organisait en faveur de la communauté de Jérusalem. Elle était le fruit d’un accord pris, vers l’année 49, dans l’Assemblée de Jérusalem. Les communautés constituées de personnes d’origine non-juive étaient libres par rapport aux normes de la Loi de Moïse. Mais cela à condition de « se souvenir des pauvres » (Gal 2,10) de Jérusalem[12].

Et maintenant, en écrivant aux Corinthiens, Paul évoque la générosité avec laquelle les communautés de Macédoine – dans les villes de Philippes, de Thessalonique et de Bérée – ont accepté de s’engager dans cette collecte. Et cet engagement, ils l’ont vécu comme une « grâce » que Dieu leur accordait. En effet, ces chrétiens étaient « éprouvés par de sérieuses détresses ; mais leur joie était si grande qu’ils se sont montrés extrêmement généreux, bien que très pauvres. J’en suis témoin, ils ont donné selon leurs possibilités et même au-delà, et cela spontanément. Ils nous ont demandé, avec beaucoup d’insistance, la grâce de participer à ce service en faveur des saints » (2 Cor 8,2-4), donc des chrétiens de Jérusalem.

Après avoir rappelé le comportement des chrétiens de Macédoine, Paul invite les Corinthiens à faire de même. En commençant son exhortation, Paul rappelle d’abord la bonne situation de la communauté de Corinthe : « vous avez tout en abondance : la foi, la parole[13], la connaissance de Dieu, un zèle sans limite et l’amour que nous avons éveillé en vous » (v. 7). Après avoir évoqué cette « abondance », l’apôtre peut conclure : « Ayez donc aussi – en abondance – de la générosité en cette œuvre de grâce » (v. 8). Et le terme « grâce », que Paul a utilisé pour parler de la collecte, revient aussi au verset 9[14] pour évoquer le don généreux que le Christ nous a fait : « Vous connaissez en effet la grâce de notre Seigneur Jésus Christ. Il était riche, mais pour vous, il s’est fait pauvre, afin de vous rendre riches par sa pauvreté » (v. 9). En effet, avant de prendre chair, Jésus était riche sous tous les point de vue ; en se faisant chair, il a tout perdu. Il s’est fait pauvre pour nous enrichir. Mais cette richesse, en quoi consiste-t-elle ? Elle n’est pas dans l’argent ni dans le pouvoir ; elle est dans la fraternité[15] : en effet, Jésus a fait de nous ses sœurs et ses frères, des enfants de son Père, des filles et des fils qui veulent faire comme Jésus : donner soi-même aux autres[16].

Dans la seconde partie de son exhortation, Paul souligne un aspect qui caractérise cette fraternité : c’est l’égalité. En effet, « Il ne s’agit pas de vous faire tomber dans le besoin pour soulager les autres, mais il s’agit de suivre une règle d’égalité » (v. 13). Cette égalité n’est pas celle déterminée par le droit et la justice humaine. Elle est une égalité qui naît de l’amour des chrétiens, un amour qui a ses racines dans les dons de grâce que Dieu nous fait[17].

Et Paul termine son exhortation en évoquant le projet de Dieu, le projet que Dieu a manifesté lorsqu’Israël était dans le désert. En effet, Dieu a pris soin de son peuple en donnant la manne. Et, devant ce don surprenant, Moïse demande à chaque chef de famille d’en ramasser une quantité précise pour chaque membre de la famille. Il y a ceux qui en recueillent beaucoup et ceux qui en recueillent peu. Mais, au moment de la distribution, chacun en reçoit la juste quantité. En revenant sur ce récit, Paul cite Exode 16,18 : « Qui a beaucoup (ramassé) n’a rien eu de trop, qui a peu (ramassé) n’a manqué de rien ». Nous avons ici un ordre que Dieu donne à travers Moïse. Et cet ordre est une invitation à s’engager pour construire une communauté de vraie fraternité[18].

 

Lecture de la Deuxième lettre de Paul aux Corinthiens (8,7.9.13-15)

Frères, 7 vous avez tout en abondance : la foi, la parole, la connaissance de Dieu, un zèle sans limite et l’amour que nous avons éveillé en vous. Ayez donc aussi – en abondance – de la générosité en cette œuvre de grâce. 9 Vous connaissez en effet la grâce de notre Seigneur Jésus Christ. Il était riche, mais pour vous, il s’est fait pauvre, afin de vous rendre riches par sa pauvreté.

13 Il ne s’agit pas de vous faire tomber dans le besoin pour soulager les autres, mais il s’agit de suivre une règle d’égalité. 14 Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins ; et ça afin que ce qu’ils ont ou auront en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité. 15 Et ça conformément à ce qui est écrit – écriture définitive – à propos de la manne : « Qui a beaucoup (ramassé) n’a rien eu de trop, qui a peu (ramassé) n’a manqué de rien ».

Parole du Seigneur.

 

Alléluia. Alléluia.

Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort ;

il a fait resplendir la vie par l’Évangile. (2 Tim 1,10)

Alléluia.

 

Évangile

Ce matin, l’Évangile de Marc nous présente deux récits étroitement liés. Un est celui de Jaïros et de sa fille de douze ans. Elle est « mourante » (v. 23) et son papa invite Jésus à se rendre chez elle pour la guérir. Mais en allant dans la maison de Jaïros, une femme, qui a des pertes de sang depuis douze ans, touche Jésus et elle guérit. En poursuivant son chemin, des messagers annoncent à Jaïros la mort de sa fille. Mais Jésus rassure Jaïros, arrive chez la fillette et la réveille à la vie.

Il y a donc un récit de guérison et un récit de résurrection, une femme libérée de sa maladie et une fillette libérée de la mort. Dans les deux cas, le point de départ est une situation sans espoir : devant une personne morte, que peut-on espérer ? Mais aussi pour la femme malade, l’espoir n’est plus possible : elle a déjà tout essayé et tout dépensé, et elle a vu sa situation aller « vers le pire » (v. 26). Et pourtant, même lorsqu’on n’a plus aucun motif pour espérer[19]…, un chemin inattendu s’ouvre. Et ça, grâce à Jésus, Jésus qui guérit, Jésus qui réveille à la vie.

Dans le récit de guérison, fondamentale est l’action de la femme. D’après les normes de l’Ancien Testament, la femme devait rester totalement isolée pour ne pas rendre impure toute chose et toute personne qu’elle touchait. Mais la femme transgresse ces normes : elle touche le vêtement de Jésus (v. 27). « Et à l’instant, la source de son sang fut séchée et elle connut par son corps qu’elle était guérie » (v. 29). Mais le détail le plus étonnant de ce récit est dans la réaction de Jésus, Jésus qui – dans cette femme qui transgresse les normes de pureté – voit la « foi » de la femme. Surprenant est aussi le mot « fille » que Jésus utilise pour s’adresser à la femme. Ce terme semble suggérer que, dans la guérison de la femme, Jésus voit une nouvelle naissance[20].

Dans le deuxième récit, l’accent est encore sur la foi. Jésus demande à Jaïros : « Sois sans crainte, crois seulement ». (v. 36). Et, dans la suite du récit, Jésus surprend tout le monde quand il dit : « L’enfant n’est pas morte, elle dort » (v. 39). Les gens se moquent en écoutant cette affirmation. Mais Jésus se comporte d’une façon cohérente. Il fait le geste simple de celui qui réveille une autre personne[21] : il prend la main de l’enfant et lui parle, « et à l’instant la jeune fille se leva » (v. 42).

Un dernier détail va terminer le récit : Jésus demande le silence sur ce qui vient de se passer. Cette consigne du silence est un détail important. Il faut attendre la mort et la résurrection de Jésus. Seulement à la lumière de la résurrection de Jésus, on pourra découvrir le sens profond de ce que Jésus a accompli en ‘réveillant’ la fille de Jaïros[22].

Surprenante est aussi la dernière ligne du récit : Jésus demande de donner à manger à la fillette réveillée de la mort. Ce détail a probablement une valeur symbolique pour nous qui allons écouter l’Évangile : nous, les chrétiens ressuscités à une nouvelle vie grâce à Jésus, nous devons entretenir, jour après jour, cette vie nouvelle[23].

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (5, 21-43)

21 Dans la barque, Jésus avait traversé de nouveau vers l’autre rive (du lac). Une foule nombreuse se rassembla près de lui. Et il était au bord de l’eau. 22 Et arrive l’un des chefs de la synagogue, nommé Jaïros : et, voyant Jésus, il tombe à ses pieds 23 et le supplie avec insistance en disant : « Ma petite fille est mourante ; viens poser les mains sur elle pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive ». 24 Et Jésus partit avec lui.

Et une foule nombreuse le suivait et ils le pressaient de toutes parts. 25 Et une femme, qui était dans un écoulement de sang depuis douze ans… 26 – et elle avait beaucoup souffert (du traitement) de beaucoup de médecins et avait dépensé tout ce qu’elle avait, mais elle n’avait reçu aucun avantage ; au contraire, elle allait plutôt vers le pire -, 27 cette femme, donc, avait entendu parler au sujet de Jésus. Elle vint alors dans la foule, derrière lui, et elle toucha son vêtement. 28 Car elle disait : « Si j’arrive à toucher au moins ses vêtements, je serai sauvée ». 29 Et à l’instant, la source de son sang fut séchée et elle connut par son corps qu’elle était guérie de sa maladie. 30 Et à l’instant, Jésus prit conscience en lui-même de la puissance sortie de lui, il se retourna au milieu de la foule et il disait : « Qui a touché mes vêtements ? ». 31 Et ses disciples lui disaient : « Tu vois la foule qui te presse et tu dis : Qui m’a touché ? » 32 Mais Jésus regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. 33 Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint et tomba devant lui et lui dit toute la vérité. 34 Mais (Jésus) lui dit : « Fille, ta foi t’a sauvée, définitivement. Va en paix et sois guérie de ta maladie ».

35 Il parlait encore quand arrivent, de chez le chef de la synagogue, (des gens) qui disent à Jaïros : « Ta fille est morte ; pourquoi déranger encore le Maître ? » 36 Mais Jésus, surprenant cette parole prononcée, dit au chef de la synagogue : « Sois sans crainte, crois seulement ». 37 Et il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques et Jean, le frère de Jacques. 38 Et ils vont à la maison du chef de la synagogue. Et Jésus regarde l’agitation, et des (gens) qui pleurent et poussent beaucoup de cris. 39 Et il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte, elle dort ». 40 Et ils se moquaient de lui. Mais Jésus met tout le monde dehors et prend avec lui le père de l’enfant et la mère et (les trois disciples) qui sont avec lui. Il entre là où était l’enfant, 41 et il saisit la main de l’enfant et lui dit : « Talitha qoum », ce qui veut dire : « Jeune fille, je te le dis, réveille-toi ! » 42 Et à l’instant la jeune fille se leva et elle marchait, en effet elle avait douze ans. Et ils furent, à l’instant, hors d’eux-mêmes, pris d’un grand étonnement. 43 Et Jésus leur fit beaucoup de recommandations afin que personne ne le sache, et il leur dit : « Donnez-lui à manger ».

Acclamons la Parole de Dieu.

Prière d’ouverture
 

Seigneur, si le soir nous apporte la tristesse

parce qu’un autre jour meurt,

c’est une grande grâce

si nous avons commis moins de fautes que hier.

Mais lorsque le soleil se lève,

il nous donne une joie encore plus grande,

car nous sommes encore vivants,

car nous avons dépassé la nuit,

car nous pouvons encore agir et travailler pour la justice ;

et cela en mettant en toi notre confiance,

pour ne plus te trahir et pour pouvoir finalement

nous réjouir de ton repos à la fin des jours[24].

[David Maria Turoldo, prêtre et poète, Italie, 1916-1992]

 

Prière des fidèles

* Le livre de la Sagesse nous rappelle un message fondamental pour notre vie de tous les jours : tu as fait de l’humain, Seigneur, une image de ta propre identité ! Aide-nous à te respecter en sachant que, seulement en respectant les autres et nous-mêmes, nous pouvons vraiment respecter ta personne et ton identité.

* Le psaume nous aide à vivre les difficultés que nous vivons de jour en jour. Comme tu as fait avec le poète que tu « as remis debout », tu nous relèves après chaque notre chute. Et, après chaque expérience de mort, la mort d’une personne qui nous était proche, tu nous invites à regarder en avant avec confiance. Pour nos morts, et aussi pour chacune et chacun de nous, tu as préparé un avenir auprès de toi : « une vie épanouie », une vie en intimité avec toi et avec ton Fils et notre Frère Jésus. Soutiens-nous, Dieu notre Père, dans ce chemin vers toi.

* En écrivant à la communauté des Corinthiens, Paul leur mentionne les dons qu’ils ont reçu : « la foi, la parole, la connaissance de Dieu, un zèle sans limite et l’amour ». Et ces dons, nous aussi, dans notre communauté, nous les avons reçus. En te remerciant pour ces dons, aide-nous, Jésus notre frère, à nous faire solidaires avec celles et ceux qui sont dans le besoin. Que la foi et l’amour puissent nous donner la force de partager nos biens avec ces personnes. C’est ainsi que nous pourrons faire un peu comme toi, toi qui t’es « fait pauvre », afin de nous rendre riches par ta pauvreté.

* Jésus notre frère, ce que tu as accompli dans ta vie, tes actes de tendresse comme prendre la main d’un enfant et de la réveiller à la vie sont des signes importants et nous renvoient à ce que le Père a fait pour toi et fera aussi pour nous : la résurrection. Que ta tendresse et la tendresse du Père puisse nous encourager devant ce ‘sommeil’ qui est la mort.

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[1] H. Engel, Das Buch der Weisheit, Verlag Katholisches Bibelwerk, Stuttgart, 1998, p. 57.

[2] Cf. J. Vílchez Líndez, Sapienza, Borla, Roma, 1990, p. 164.

[3] Cf. C. Larcher, Le Livre de la sagesse ou la sagesse de Salomon, Gabalda, Paris, 1983, p. 198.

[4] L’importance de cette expression a été soulignée par L. Alonso Schökel dans une communication orale. Cf. J. Vílchez Líndez, Sapienza, Borla, Roma, 1990, p. 193.

[5] Pour cette traduction du mot grec habituellement traduit par ‘diable’, cf. Nouveau Vocabulaire Biblique, sous la direction de J.-P. Prévost, Bayard – Médiaspaul, Paris – Montréal, 2004, p. 331ss.

[6] B. Maggioni, Davanti a Dio. I salmi 1-75, Vita e pensiero, Milano, 2001, p. 95.

[7] G. Ravasi (Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 551ss) voit un contraste dans chaque section: vie et mort (vv. 2-4), pleurs et joie (vv. 5-6), stabilité et instabilité (vv. 7-9), vie et mort (vv. 10-11), pleurs et joie (vv. 12-13).

[8] Cf. E. Zenger, I Salmi. Preghiera e poesia, vol. 1. Col mio Dio scavalco muraglie, Paideia, Brescia, 2013, p. 82.

[9] G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 554.

[10] E. Zenger, I Salmi. Preghiera e poesia, vol. 1. Col mio Dio scavalco muraglie, Paideia, Brescia, 2013, p. 83.

[11] Pour cette interprétation, cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 557. Parfois, en modifiant légèrement la voyelle du terme hébreu, on lit « kâvéd » qui signifie « le foie », un organe lourd, donc l’intimité au centre de la personne. Cf. H. W. Wolff, Antropologia dell’Antico Testamento, Queriniana, Brescia, 1975, p. 90s. Mais, toujours en gardant le terme « kâvôd », on pourrait penser à un vocatif pour parler de Dieu : « afin qu’on te chante, ô Gloire ! ». Cf. D. Barthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament. Tome 4. Psaumes, Academic Press – Vandenhoeck & Ruprecht, Fribourg – Göttingen, 2005, p. 169.

[12] G. Barbaglio, Le lettere di Paolo. Traduzione e commento. Volume 1, Borla, Roma, 1980, p. 664. Cf. aussi R. E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Bayard, Paris, 2000, p. 599s.

[13] Ici le mot « parole » peut signifier « parole inspirée » (ainsi G. Barbaglio, Le lettere di Paolo. Traduzione e commento. Volume 1, Borla, Roma, 1980, p. 669) ou bien « parole de sagesse » (cf. G. Kittel, « légo ktl. », dans Grande lessico del Nuovo Testamento, fondato da G. Kittel, continuato da G. Friedrich, Vol. VI, Paideia, Brescia, 1970, col. 288).

[14] M. Quesnel, Deuxième épître aux Corinthiens, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 795), nous rappelle que le mot « grâce » revient sept fois dans ce chapitre (vv. 1.4.6.7.9.16.19).

[15] Ainsi E. Best, II Corinzi, Claudiana, Torino, 2009, p. 90.

[16] Cf. M. Quesnel, Deuxième épître aux Corinthiens, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 795.

[17] Ainsi G. Stählin, « isos ktl. », dans Grande lessico del Nuovo Testamento, fondato da G. Kittel, continuato da G. Friedrich, Vol. IV, Paideia, Brescia, 1968, col. 1079.

[18] M. Priotto, Esodo. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2014, p. 309.

[19] N. Casalini, Introduzione a Marco, Franciscan Printing Press, Jerusalem, 2005, p. 126.

[20] Cf. C. Focant, Évangile selon Marc dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 181.

[21] Cf. C. Focant, L’évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004, p. 212.

[22] Cf. J. Gnilka, Marco, Cittadella editrice, Assisi, 1987, p. 297. Cf. aussi A. Pronzato, Un cristiano comincia a leggere il vangelo di Marco. Vol. I, Gribaudi, Casale Monferrato, 1979, p. 306.

[23] Cf. P. Lamarche, Evangile de Marc. Commentaire, Gabalda, Paris, 1996, p. 154.

[24] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Lungo i fiumi… » I Salmi, traduzione poetica e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2003, p. 101.

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