Eucharistie : 4 août 2024
18ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B
« Œuvrez … pour la nourriture qui demeure » (Jean 6,27)
Première lecture
Le livre de l’Exode ne mentionne pas seulement l’action de Dieu qui libère son peuple de l’esclavage en Égypte. Le livre raconte aussi l’ingratitude du peuple : « Et ils protestent, toute la communauté des fils d’Israël, contre Moïse et contre Aaron, dans le désert » (v. 2). Mais cette protestation contre Moïse et contre Aaron qui ont fait sortir Israël de l’Égypte, concerne… Yahvéh. En effet, Yahvéh est critiqué, surtout, pour avoir fait sortir le peuple de l’Égypte… pour le faire mourir de faim dans le désert (v. 3)[1].
Mais, après cette protestation du peuple, Dieu s’adresse à Moïse et lui indique quelle sera sa réaction : « Me voici : je fais pleuvoir du pain, pour vous, du haut des cieux. Et sortira, le peuple, pour recueillir chaque jour sa ration du jour » (v. 4). Dieu promet un pain qui vient « du haut des cieux », comme la pluie. Et ici les images du ciel et de la pluie soulignent efficacement la qualité d’un don qui est signe d’une présence de Dieu, un Dieu qui prend soin de son peuple[2]. Mais ce don veut aussi mettre le peuple à l’épreuve : Dieu espère que, avec cette épreuve, le peuple puisse faire preuve de fidélité par rapport à l’ « instruction[3] » de Dieu.
En poursuivant la narration, le livre de l’Exode nous présente Dieu qui parle encore avec Moïse et il annonce une double intervention en faveur du peuple : d’abord le don de la viande, ensuite celle du pain. Voilà le message que Moïse devra porter au peuple : « Au coucher du soleil, vous mangerez de la viande ; et le matin, vous serez rassasiés de pain et vous connaîtrez que c’est moi Yahvéh votre Elohim » (v. 12).
Ce message s’accomplit et le narrateur nous dit comment. Quant à la viande, il s’agit des « cailles » : « Et il fut (ainsi) : au soir, les cailles montèrent et elles recouvrirent le camp » (v. 13). Ces « cailles » sont, très probablement des oiseaux qui, en rentrant de leur migration en Europe, s’abattent épuisés dans la péninsule du Sinaï.
Mais le narrateur insiste surtout sur la manne : il parle de la rosée du matin, rosée qui, en évaporant, laisse sur le sol « quelque chose de fin, de granuleux, quelque chose de fin comme le givre » (v. 14)[4], la manne. Ensuite, il en explique le mot : « Mân hou ? » c’est-à-dire « Quoi cela ? ». Difficile à dire de quoi s’agit-il. Peut-être de la sécrétion sucrée de certains insectes qui vivent dans le désert.
En tout cas, comme le narrateur le souligne, cette nourriture est un don de Yahvéh (v. 15). En effet, le récit se termine avec ces mots : « Cela est le pain que Yahvéh vous donne comme nourriture ». A travers ces mots, le narrateur nous montre Dieu qui répond aux requêtes du peuple ; il répond non pour réagir aux protestations, au mécontentement du peuple ; Dieu répond afin que le peuple puisse comprendre que derrière cette nourriture il y a l’action miséricordieuse de Dieu, de Dieu qui « donne ».
Lecture du livre de l’Exode (16,2-4.12-15)
2 Et ils protestent, toute la communauté des fils d’Israël, contre Moïse et contre Aaron, dans le désert. 3 Et leur disent, les fils d’Israël : « Ah ! si on nous avait donné de mourir – par la main de Yahvéh – au pays d’Égypte, quand nous étions assis autour des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Oui, vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée ! »
4 Et dit, Yahvéh, à Moïse : « Me voici : je fais pleuvoir du pain, pour vous, du haut des cieux. Et sortira, le peuple, pour recueillir chaque jour sa ration du jour ; ainsi je vais le mettre à l’épreuve : marchera-t-il ou non selon mon instruction ?
12 J’ai entendu les protestations des fils d’Israël. Parle à eux en disant : Au coucher du soleil, vous mangerez de la viande ; et le matin, vous serez rassasiés de pain et vous connaîtrez que c’est moi Yahvéh votre Elohim ». 13 Et il fut (ainsi) : au soir, les cailles montèrent et elles recouvrirent le camp ; et au matin, fut une couche de rosée autour du camp. 14 Et s’évapora, la couche de rosée, et voici : sur la surface du désert, quelque chose de fin, de granuleux, quelque chose de fin comme le givre, sur la terre. 15 Et voient, les fils d’Israël, et disent chaque homme à son frère : « Mân hou ? », c’est-à-dire « Quoi cela ? », car ils ne savaient pas ce que cela était. Et dit, Moïse, à eux : « Cela est le pain que Yahvéh vous donne comme nourriture ».
Parole du Seigneur.
Psaume
Dans le psautier, il y a douze poèmes qualifiés comme « Psaumes d’Asaph » (Ps 50 et 73-83). Asaph est un des lévites qui, à l’époque de David et de Salomon, font leur service devant l’arche et aussi dans le temple de Jérusalem. Asaph joue des cymbales retentissantes, il compose des poèmes et il chante. Ses descendants travailleront dans le temple jusqu’à sa destruction et à l’exil. Aux poèmes d’Asaph appartient le psaume 78, une composition complexe, une méditation sur l’histoire d’Israël.
Cette composition très longue (72 versets) se compose de deux parties précédées d’une longue introduction[5].
Dans l’introduction (vv. 1-11), le poète nous dit pourquoi il a créé son poème. A travers son récit, il veut « expliquer les énigmes du passé » (v. 2), il veut les transmettre à la génération qui viendra. De cette partie, nous allons lire une strophe. Ici, en parlant au nom de la communauté, il évoque l’histoire d’Israël. Les anciennes générations ont transmis le message du salut à la génération actuelle, et cette dernière va l’annoncer aux générations à venir. Et le message du salut va prendre la forme d’un chant de louange pour ce que Dieu a accompli. Aux générations de demain nous « raconterons les actions glorieuses de Yahvéh » (v. 4c).
Après l’introduction, dans la première partie (vv. 12-53) du psaume le poète évoque la période qui va de la sortie de l’Égypte aux expériences vécues dans le désert du Sinaï. Le peuple traverse la mer, il est nourri – dans le désert – avec le don de la manne et des cailles. Mais à la bonté de Dieu, le peuple répond par l’infidélité.
De cette partie, la liturgie nous propose une strophe (vv. 23-24). En elle, le poète chante l’action de Dieu, Dieu qui réagit devant le peuple qui ne peut pas se nourrir dans le désert. Dieu ouvre « les portes des cieux », là où il habite. Et des cieux, comme nous avons lu dans la première lecture, Dieu « fait pleuvoir sur eux de la manne pour qu’ils mangent »[6]. Et la strophe se termine en évoquant aussi « le blé des cieux ».
Enfin la dernière strophe. Ici, le verset 25 revient sur le don du pain. Après l’avoir défini comme « le blé des cieux », le poète crée une nouvelle expression, le « pain des forts ». L’Ancien Testament utilise le mot « forts » pour parler des soldats de valeur ou des chefs à des niveaux différents (Ps 76,6 ; 1 Sam 21,8)[7]. Mais le même mot, au singulier, est aussi utilisé pour caractériser Dieu comme « le Fort de Jacob » (Gen 49,24) ou « le Fort d’Israël » (Is 1,24), donc celui qui protège son peuple[8]. Dans notre psaume le mot en question, parfois traduit avec « anges »[9], pourrait peut-être évoquer les Israélites dans le désert, les Israélites rendus forts grâce à la nourriture donnée par Dieu.
Quant aux derniers mots de cette strophe, ils introduisent la dernière partie du psaume, là où le poète évoque l’installation dans la vallée du Jourdain. En vue de ce voyage, le Seigneur « a fait partir son peuple comme un troupeau » (v. 52a). Et un peu comme dans le cantique de Moïse (Ex 15,13-17), le poète du psaume chante Dieu qui a fait entrer son peuple « dans son domaine sacré », Sion et toute la terre de Palestine qui appartient à Yahvéh (Za 2,16)[10].
Quant à nous, en écoutant cette louange à Dieu qui prend soin de son peuple, nous voulons intervenir – à la fin de chaque strophe – reprenant l’affirmation du verset 24. Voici donc notre refrain :
Le Seigneur donne le pain du ciel !
Psaume 78 (versets 3-4ac, 23-24, 25.52a.54a)
3 Ce que nous avons entendu et connu,
ce que nos pères nous ont transmis,
4ac nous ne le cacherons pas à leurs descendants,
nous leur raconterons les actions glorieuses de Yahvéh.
Refr. : Le Seigneur donne le pain du ciel !
23 (Dieu) a commandé aux nuages d’en haut,
et il a ouvert les portes des cieux,
24 et il a fait pleuvoir sur eux de la manne pour qu’ils mangent,
et il leur a donné le blé des cieux.
Refr. : Le Seigneur donne le pain du ciel !
25 Chacun a mangé du pain des forts,
(Dieu) leur a envoyé de la nourriture pour les rassasier.
52a Puis il a fait partir son peuple comme un troupeau,
54a et il l’a fait entrer dans son domaine sacré.
Refr. : Le Seigneur donne le pain du ciel !
Deuxième lecture
Dimanche passé, la lettre aux Éphésiens nous exhortait à être une communauté unie, à vivre dans l’amour et la paix. Et ce matin la même lettre nous invite à nous défaire de notre conduite d’autrefois. Il nous faut un changement radical. Le texte nous le dit déjà dans la première phrase : « ne vivez plus comme les païens qui vivent dans des convictions qui ne mènent à rien » (v. 17).
Ici, en évoquant le passé des Éphésiens, un passé vécu dans la religion païenne, la lettre exprime un jugement très dur : il s’agit d’une religion dans laquelle les convictions religieuses ne mènent à rien. Derrière cette phrase il y a la conviction exprimée dans un psaume : « Yahvéh connaît les pensées des humains ; il sait qu’elles sont inefficaces » (94,11), comme un souffle qui cesse après un moment, un souffle sur lequel tu ne peux pas compter. Par conséquent, la personne qui ne connaît pas Dieu se perd dans ses convictions et dans les divinités qu’elle même se construit[11]. Et ce regard négatif sur le passé des Éphésiens sera repris un peu plus en avant, avec une phrase encore plus dure : la vôtre « c’était la conduite de personnes corrompues par les convoitises, des convoitises engendrées par la faute » (v. 22)[12].
Quant au changement vécu par les Éphésiens, il est devenu possible grâce au Christ. Concrètement, les Éphésiens ont « appris » le Christ, l’ont « écouté », ont été « instruits » en lui (vv. 20-21). D’abord le premier verbe, « apprendre ». Dans la traduction grecque de l’Ancien Testament, le verbe apprendre évoque surtout l’acte de se soumettre à la volonté de Dieu et à la loi. Mais dans notre lettre, le verbe fait référence à une personne : le Christ. Le chrétien, au lieu de se soumettre à une norme abstraite et impersonnelle, rencontre une personne vivante, une personne grâce à laquelle il peut apprendre comment vivre et donner un sens à sa vie[13]. Quant au verbe « écouter », il fait référence à la proclamation de l’évangile, à l’annonce apportée par les apôtres, une annonce reçue comme une force vivifiante[14]. Enfin le troisième verbe, « instruire », qui évoque l’approfondissement au niveau de la catéchèse[15]. Toujours pour ces trois verbes, encore un détail. Le premier avait comme complément « le Christ », le deuxième mentionnait une instruction « en lui » et le pronom évoquait encore le Christ. Mais le troisième verbe fait référence à « Jésus ». C’est de cette façon que la lettre nous présente les deux moments constitutifs de l’identité du Seigneur : « Jésus » dans sa condition humaine, « Christ » dans sa condition de ressuscité auprès de Dieu[16].
Après avoir mentionné la rencontre avec le Christ – la rencontre qui change nos vies – la lettre en tire les conséquences : la vie nouvelle des croyantes et des croyants ! Il s’agit « de vous défaire de votre conduite d’autrefois », de déposer ou dévêtir la conduite précédente, littéralement « de déposer l’humain ancien ». L’image est celle d’un vêtement vieux, qui ne correspond plus aux nouvelles conditions de vie. A une première lecture, on pourrait penser à une action extérieure : changer d’habit. Mais la tournure « déposer l’humain ancien » nous dit qu’il faut changer soi-même d’une façon très personnelle[17]. La lettre nous le dit dans la phrase suivante : « Laissez-vous renouveler entièrement dans votre cœur et votre esprit » (v. 23).
Et la dernière phrase insiste sur la nouveauté, une nouveauté au niveau de la personne : « devenez une personne nouvelle, une personne créée selon Dieu » (v. 24). Cette nouveauté, pour laquelle nous devons nous engager, dépassera – totalement – tous nos efforts[18]. Chacune et chacun de nous sera une personne « créée » par Dieu et « selon Dieu ». Et avec ces deux derniers mots, la lettre revient sur le récit de la création (Gen 1,26-27), elle nous renvoie à l’acte créateur et aux humains à l’image de Dieu. Cette nouvelle création est l’accomplissement du projet initial de Dieu[19]. Et les caractéristiques de ce projet de Dieu sont « la justice et la sainteté qui ont leur source dans la vérité » (v. 24). La « justice », comme fréquemment dans le langage de la Bible, évoque un comportement conforme à la volonté de Dieu. La « sainteté » insiste encore davantage sur la relation avec Dieu, Dieu qui – lui seul – est saint. Enfin, la source c’est « la vérité », la vérité qui, d’après le verset 21, « est en Jésus »[20].
Voilà le chemin que la page de la lettre aux Éphésiens ouvre devant nous ce matin.
De la lettre aux Éphésiens (4,17.20-24)
Frères, 17 je vous le dis, et je (vous) le demande avec insistance dans le Seigneur : ne vivez plus comme les païens qui vivent dans des convictions qui ne mènent à rien. 20 Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris (à connaître) le Christ, 21 si c’est de lui que vous avez écouté, si c’est en lui que vous avez été instruits conformément à la vérité qui est en Jésus.
22 Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois. C’était la conduite de personnes corrompues par les convoitises, des convoitises engendrées par la faute. 23 Laissez-vous renouveler entièrement dans votre cœur et votre esprit. 24 Et, comme si vous mettiez un vêtement neuf, devenez une personne nouvelle, une personne créée selon Dieu : dans la justice et la sainteté qui ont leur source dans la vérité.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
L’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. (Mt 4,4b)
Alléluia.
Évangile
Après le signe des pains distribués à la foule, Jean nous parle de Jésus qui s’isole. Mais la foule le cherche à nouveau et le retrouve à Capharnaüm, sur l’autre rive du lac, et l’interroge : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » (v. 25).
Dans sa réponse, Jésus est très dur. Il dénonce le comportement de ses interlocuteurs : ils s’arrêtent sur les signes, c’est-à-dire sur le pain qui peut remplir le ventre, mais ils ne savent pas comprendre ce que les signes signifient. Le pain donné par Jésus est autre chose, il est une nourriture qui demeure pour la vie éternelle.
Enfin, dans la suite du dialogue, nous lisons une affirmation vraiment surprenante. Lorsque les interlocuteurs de Jésus semblent disposés à œuvrer aux œuvres de Dieu, Jésus répond : « L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (v. 29).
L’œuvre de Dieu, l’action que Dieu accomplit dans la vie des hommes, cette œuvre est le courage de croire[21], de mettre toute sa confiance en Jésus, un homme faible comme nous, un homme que Dieu a mis à côté de nous comme notre compagnon de route. En effet, le vrai pain, « le pain de la vie » (v. 35), c’est lui, lui « qui donne la vie au monde » (v. 33). Écoutons.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6,24-35)
24 La foule vit que Jésus n’était plus là, ni ses disciples non plus. Alors ils montèrent eux-mêmes dans les barques et vinrent à Capharnaüm pour chercher Jésus. 25 Ils le trouvèrent sur l’autre côté de la mer et lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
26 A eux, Jésus répondit et dit : « En vérité, en vérité, je vous dis : vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes ; vous me cherchez parce que vous avez mangé les pains et avez été rassasiés. 27 Œuvrez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure pour une vie éternelle, celle que le Fils de l’homme vous donnera ; en effet, Dieu le Père a mis sur lui la marque de son autorité ».
28 Ils lui dirent donc : « Que nous faut-il faire pour œuvrer aux œuvres de Dieu ? ».
29 Jésus répondit et dit à eux : « L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ».
30 Ils lui dirent donc : « Quel signe fais-tu donc, toi, pour que nous voyions et que nous croyions en toi ? A quoi œuvres-tu ? 31 Au désert, nos pères ont mangé la manne, ainsi qu’il est écrit – écriture définitive – : “Il leur a donné à manger un pain venant du ciel” ».
32 Jésus donc leur dit : « En vérité, en vérité, je vous dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venant du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du ciel, le vrai. 33 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde ».
34 Ils lui dirent donc : « Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là ! »
35 Jésus leur dit : « Moi, je suis le pain de la vie ; celui qui vient à moi n’aura sûrement pas faim et celui qui croit en moi n’aura sûrement pas soif, jamais ».
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Père, toi qui as accompli des œuvres merveilleuses
dans toute l’histoire de l’humanité,
toi qui as pardonné, dans ton immense amour,
les nombreuses fautes de nos pères,
permets-nous de savoir lire avec foi les événements de la vie ;
accepte que nous t’offrions, avec le Christ,
le fruit de nos œuvres
afin que tu les purifies et les sanctifies ;
donne-nous de mêler, dans nos chants,
le récit de notre histoire
à l’intérieur de laquelle tu continues d’œuvrer,
et pardonne-nous, comme tu as pardonné à nos pères,
lorsque nous aussi nous ne sommes pas capables
de répondre à ton amour. Amen.
(D. M. Turoldo, prêtre et poète, 1916-1992)[22].
Prière des fidèles
* Le livre de l’Exode nous parle des ancêtres et de leur ingratitude envers Dieu qui voulait leur libération. Malgré leur ingratitude, Dieu a continué à prendre soin d’eux en leur donnant de la nourriture dans le désert. Permets-nous, Seigneur, de répondre à ton amour avec un peu plus de générosité et un peu moins d’ingratitude.
* Le psaume nous parlait de la nourriture, dans le désert, comme « du pain des forts » et comme un « blé des cieux ». Le poète veut donc nous aider à comprendre que tout ce que la vie nous donne est, à la racine, une nourriture qui nous donne des forces nouvelles et un signe de ton amour. Aide-nous, Seigneur, à prendre conscience de l’abondance de ton amour, un amour qui dépasse toute notre capacité de le comprendre et de l’expliquer.
* La lettre aux Éphésiens nous rappelle l’intervention profonde de Dieu dans notre vie. Mais elle nous rappelle aussi que nous devons accueillir cette intervention, nous devons nous laisser « renouveler entièrement » dans notre cœur. Et notre disponibilité à l’action de Dieu doit se manifester concrètement « dans la justice et la sainteté » qui ont leur source en toi, Seigneur. Donne-nous, Seigneur, la force de correspondre, de jour en jour, à ton action.
* L’Évangile de Jean nous a rappelé, Dieu notre Père, l’importance de « croire » en Jésus, de faire confiance à ton Fils que tu nous as envoyé. Nous savons que cette confiance est un don, ton don, ton œuvre. Mais cette « œuvre de Dieu » ne se fera pas sans nous, sans un vrai engagement de notre part. Aide-nous, Seigneur, sur ce chemin.
Prière finale
Pain rompu
Toi, Seigneur Jésus, tu es un pain rompu
et ce repas eucharistique est la terre de notre foi retrouvée,
de notre espoir retrouvé,
de notre amour compris d’une façon nouvelle.
Donne-nous d’annoncer ta résurrection,
d’être un pain rompu,
d’être un pain allumé par ton feu dans la nuit du monde.
Fais que, fortifiés par ton sang versé,
nous puissions témoigner le commandement suprême de l’amour qui pardonne.
Et toi, Marie, mère de l’eucharistie,
apprends-nous à vivre nos jours,
en obéissant au plan divin du salut,
dans le service concret des frères
et dans l’attente de passer de ce monde au Père,
de contempler Jésus Christ, Seigneur de la gloire,
de vivre la plénitude de la Pâque sans déclin[23].
(Carlo Maria Martini, cardinal, Milan. 1927-2012)
[1] Cf. M. Priotto, Esodo. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2014, p. 303s.
[2] Ibid., p. 304.
[3] Derrière le mot « instruction » le texte hébreu a le terme « torah » ; cf. G. Lidke / C. Petersen, Torah, Istruzione, dans E. Jenni – C. Westermann, Dizionario teologico dell’Antico Testamento, Vol. II, Marietti, Casale Monferrato, col. 931ss. Pour ce mot dans notre page, cf. Ch. Dohmen, Exodus 1-18, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2015, p. 384.
[4] Pour le terme « granuleux », qui revient seulement ici dans tout l’Ancien Testament hébreux, cf. B. S. Childs, Il libro dell’Esodo, Piemme, Casale Monferrato, 1995, pp. 284 et 299.
[5] Cf. J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 702ss.
[6] Pour la relation entre le v. 24 du psaume et Ex 16,4, cf. F.-L. Hossfeld, Psalm 78, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 51-100, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2000, p. 435.
[7] Cf. H. H. Schmid, ’abbîr, dans E. Jenni – C. Westermann, Dizionario teologico dell’Antico Testamento. Volume I, Marietti, Torino, 1978, col. 23 / Cf. la voix « ’abbîr » dans L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 27s.
[8] Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. II (Salmi 51-100), EDB, Bologna, 2015, p. 635s.
[9] Ainsi la traduction grecque de notre verset « arton aggelôn », et la traduction latine selon la Septante « panem angelorum ». Au contraire, la traduction latine que saint Jérôme a faite selon l’hébreu a « panem fortium ».
[10] Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. II (Salmi 51-100), EDB, Bologna, 2015, p. 645.
[11] Cf. R. Schnackenburg, Der Brief an die Epheser, Benziger Verlag: Zürich, Einsiedeln, Köln, und Neukirchener Verlag: Neukirchen, Vluyn, 1982, p. 200.
[12] Pour la traduction des derniers mots du v. 22, cf. M. Bouttier, L’épître de saint Paul aux Éphésiens, Labor et fides, Genève, 1991, p. 210.
[13] Cf. R. Penna, Lettera agli Efesini. Introduzione, versione e commento, EDB, Bologna, 1988, p. 205.
[14] Ainsi F. Montagnini, Lettera agli Efesini. Introduzione, Traduzione e Commento, Queriniana, Brescia, 1994, p. 281.
[15] R. Schnackenburg, Der Brief an die Epheser, Benziger Verlag: Zürich, Einsiedeln, Köln, und Neukirchener Verlag: Neukirchen, Vluyn, 1982, p. 203.
[16] Cf. R. Penna, Lettera agli Efesini. Introduzione, versione e commento, EDB, Bologna, 1988, p. 206.
[17] Cf. S. Romanello, Lettera agli Efesini. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2003, p. 163.
[18] Cf. C. Reynier (L’épître aux Éphésiens, Cerf, Paris, 2004, p. 156) qui commente : « L’homme nouveau créé par Dieu n’est pas le produit de l’activité humaine ».
[19] M. Bouttier, L’épître de saint Paul aux Éphésiens, Labor et fides, Genève, 1991, p. 211.
[20] Cf. R. Penna, Lettera agli Efesini. Introduzione, versione e commento, EDB, Bologna, 1988, p. 208.
[21] Cf. J. Zumstein, L’Évangile selon saint Jean (1-12), Labor et fides, Genève, 2014, p. 222 : « L’œuvre dont Dieu attend l’accomplissement n’est pas un ‘faire’ mais un ‘croire’ ».
[22] D. M. Turoldo – G. Ravasi, “Lungo i fiumi…”. I Salmi. Traduzione poetica e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 1987, p. 270.
[23] C. M. Martini, Invocare il Padre. Preghiere, EDB, Bologna, 2012, p. 116.