Eucharistie : 25 août 2024

21ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

 

Nous sommes devant un choix

 

Première lecture

Le livre de Josué a connu une longue histoire. Les récits qui racontent l’installation d’Israël dans la vallée du Jourdain ont peut-être été rédigés dans les dernières décennies du royaume de Juda, avant la destruction de Jérusalem (587 av. J. Ch.). Mais d’autres parties du même livre ont été composées pendant ou après l’exil à Babylone, peut-être vers les années 500-450 avant la naissance de Jésus[1]. A travers ces pages plus récentes, on voulait expliquer pourquoi Israël n’avait plus son indépendance et était dispersé dans des terres différentes.

Cette idée apparaît clairement dans le dernier chapitre du livre. Ici, Josué et le peuple s’engagent à être fidèles à Dieu. Après cette longue narration, le livre nous donne des informations rapides sur la mort et la sépulture de Josué. Mais la finale du livre, qui nous a été conservée en grec, dit que, après cette période, « les fils d’Israël rendirent un culte aux dieux des nations qui les entouraient. Et le Seigneur les livra aux mains du roi de Moab »[2].

Quant à nous, ce matin, nous voulons nous arrêter sur la première partie de ce chapitre, là où Josué réunit toute la communauté à Sichem. Dès le temps des patriarches, cette ville est importante. Abraham, en arrivant dans la terre de Canaan, s’arrête à Sichem où il reçoit la promesse de la terre (Gen 12,6-7) ; et c’est à Sichem qu’on transportera le corps de Joseph pour lui donner une digne sépulture (Gen 33,18-20 et Josué 24,32)[3].

L’importance de la rencontre voulue par Josué est soulignée – dans la page qu’on lira dans un instant – par la tournure : toutes les tribus d’Israël à Sichem « se présentent devant Dieu » (v. 1)[4]. S’adressant au peuple, Josué parle d’abord comme un prophète[5], en commençant par ces mots : « Ainsi a dit Yahvéh, le Dieu d’Israël » (v. 2a)[6]. Il parle au nom de Dieu rappelant tout ce que Dieu a fait en conduisant le peuple hors de l’Égypte.

Après ce long discours (vv. 2b-13), qu’on ne lira pas ce matin, Josué intervient à titre personnel (vv. 14-15)[7]. Josué intervient d’abord avec quatre impératifs adressés à tout le peuple : « Respectez profondément Yahvéh et servez-le avec intégrité et fidélité. Et écartez les dieux qu’ont servis vos pères de l’autre côté du Fleuve et en Égypte, et servez Yahvéh uniquement » (v. 14). Et ici l’accent est sur le verbe « servir » répété deux fois. Ce service ne se réalise pas dans le culte mais dans la vie de tous les jours, une vie cohérente, totalement cohérente avec la foi. Voilà pourquoi le texte utilise une expression très intense : servir Yahvéh « avec intégrité et fidélité »[8]. Cet engagement envers Dieu exige, pour être cohérent, d’écarter d’autres divinités, les divinités que les ancêtres ont servies à Babylone – de l’autre côté de l’Euphrate – et en Égypte.

En terminant sa prise de position, Josué laisse au peuple la liberté de choisir : choisir de servir Yahvéh ou bien servir d’autres divinités. Mais le peuple doit savoir : « Moi et ma maison, nous servirons Yahvéh » (v. 15).

Après ces paroles de Josué, Israël déclare solennellement de vouloir faire le même choix : « Loin de nous[9] d’abandonner Yahvéh pour servir d’autres dieux ! » (v. 16). Et le peuple, en donnant la motivation pour ce choix, rappelle ce que Dieu a accompli pour faire sortir le peuple « hors du pays d’Égypte, hors de la maison d’esclaves » (v. 17). Ensuite, les tribus réunies terminent avec une affirmation très solennelle : « Nous aussi, nous servirons Yahvéh, car c’est lui qui est notre Dieu ». Malheureusement, le texte grec du livre de Josué et l’histoire nous montrent que, après la mort de Josué, Israël n’est pas resté fidèle à cet engagement. Et nous, serons-nous capables – dans les jours à venir – de vivre notre relation à Dieu « avec intégrité et fidélité » ?

 

Lecture du livre de Josué (24,1-2a. 14-17. 18b)1 Et réunit, Josué, toutes les tribus d’Israël à Sichem, et il appelle les abashingantahe d’Israël, et ses chefs, et ses juges et ses scribes ; et ils se présentent devant Dieu. 2a Et dit, Josué, à tout le peuple : « Ainsi a dit Yahvéh, le Dieu d’Israël : 14 Respectez profondément Yahvéh et servez-le avec intégrité et fidélité. Et écartez les dieux qu’ont servis vos pères de l’autre côté du Fleuve et en Égypte, et servez Yahvéh uniquement. 15 Mais, s’il est mauvais à vos yeux de servir Yahvéh, choisissez pour vous, aujourd’hui, qui vous voulez servir, ou les dieux qu’ont servis vos pères lorsqu’ils étaient au-delà du Fleuve Euphrate, ou bien les dieux des Amorites dans le pays desquels vous habitez maintenant. Moi et ma maison, nous servirons Yahvéh ».

16 Et répond, le peuple, et dit : « Loin de nous d’abandonner Yahvéh pour servir d’autres dieux ! 17 Car Yahvéh est notre Dieu, lui qui nous a fait monter, nous et nos pères, hors du pays d’Égypte, hors de la maison d’esclaves. Il a fait sous nos yeux les grands signes que voici : il nous a protégés tout au long de la route que nous avons parcourue et parmi tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. 18b Nous aussi, nous servirons Yahvéh, car c’est lui qui est notre Dieu ».

Parole du Seigneur.

 

Psaume

Il y a deux semaines, la liturgie nous proposait une partie du psaume 34. Et ce matin, après la première strophe du psaume, la liturgie nous propose trois strophes de la dernière partie du poème. Dans ces trois strophes, le poète nous met sous les yeux le comportement de ceux qui font le mal et surtout du juste. Et de ces comportements, il nous indique aussi les conséquences. Évidemment, à travers ces deux portraits, le poète nous invite à nous comporter comme le juste[10].

La première strophe (vv. 16-17) de cette partie nous présente le juste à l’intérieur d’une société qui a fait du mal la norme de son comportement[11]. Le juste n’échappera pas aux malheurs de l’existence et aux souffrances que la société lui provoque. Mais, de ses malheurs et de ses souffrances Dieu libérera le juste, alors que le mal, inévitablement, retombera sur le méchant[12]. Pour parler de l’intervention de Dieu, le poète s’arrête sur « Les yeux de Yahvéh » – qui se préoccupe des justes – et sur « ses oreilles » qui écoutent lorsqu’on lance un appel au secours (vv. 16). Le poète mentionne aussi « Le visage de Yahvéh » qui ne tolère pas ceux qui font le mal et veut « effacer de la terre leur souvenir » (v. 17).

Après cette mention rapide des méchants, la strophe suivante (vv. 20-21) revient sur Yahvéh qui s’engage pour le juste, il le délivre de tous ses malheurs, il « prend soin de tous ses os » au point que « pas un d’entre eux ne sera brisé ». Et pour nous qui, ce matin, faisons mémoire de Jésus, cette expression nous rappelle l’Évangile. Au Calvaire, les soldats de l’armée romaine brisent les jambes des deux personnes crucifiées avec Jésus. Mais, « arrivés à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas ses jambes. Tout cela est arrivé pour que s’accomplisse l’Écriture : “Pas un de ses os ne sera brisé” » (Jean 19,33.36)[13].

La dernière strophe (vv. 22-23) revient sur le contraste entre le méchant et le juste. A propos du méchant, le poète affirme que c’est sa malice – et non Dieu – qui le fait mourir. Mais, dans la ligne suivante il évoque – d’une façon indirecte – Dieu : « ceux qui détestent le juste seront traités en coupables » par Dieu. Enfin le dernier verset, le verset 23. Notre psaume est un poème alphabétique, un poème qui respecte, dans la première lettre de chaque verset, les lettres de l’alphabet hébreu dans leur ordre. Mais, à cet alphabet, on a jouté – après l’exil à Babylone – le verset 23[14].

Et ce verset insiste sur l’action de Dieu. Ici, elle est toute en faveur des personnes qui sont détestées par les riches et les puissants. Dieu leur est tout proche comme il est tout proche de celles et ceux qui servent le Seigneur. Dieu – nous dit le poète – « libère la vie de ses serviteurs ». Ici le poète utilise le verbe « libérer », le verbe qui qualifie l’action de Dieu qui libère les exilés en Égypte. Grâce à ce verbe, l’action de Dieu n’est plus liée au peuple en tant que tel, elle est transférée à une communauté plus limitée, celle des pauvres[15] et des justes que le poète a mentionnés plusieurs fois dans le psaume.

Quant à nous, en écoutant ce psaume, nous sommes invité(e)s à nous comporter comme ces personnes, les pauvres, les justes, les serviteurs[16] de Dieu et comme « tous ceux qui se réfugient en lui » (v. 23). C’est ainsi que nous pourrons goûter et constater que bon est Yahvéh. Je vous propose donc d’intervenir en soulignant cet aspect que l’auteur du psaume nous a appris dans le verset 9. Notre refrain sera donc

Goûtez et voyez que bon est Yahvéh !

 

Psaume 34 (versets 2-3. 16-17. 20-21. 22-23)

2 Je bénirai Yahvéh en tout temps,

sa louange sans cesse dans ma bouche.

3 En Yahvéh mon âme se glorifie,

que les pauvres écoutent et se réjouissent.

            Refr. : Goûtez et voyez que bon est Yahvéh !

 

16 Les yeux de Yahvéh sont vers les justes,

et ses oreilles vers leur appel au secours.

17 Le visage de Yahvéh est contre ceux qui font le mal,

pour effacer de la terre leur souvenir.

            Refr. : Goûtez et voyez que bon est Yahvéh !

 

20 Nombreux sont les malheurs du juste,

et de tous Yahvéh le délivre.

21 Il prend soin de tous ses os,

pas un d’entre eux ne sera brisé.

            Refr. : Goûtez et voyez que bon est Yahvéh !

 

22 La malice fera mourir le méchant,

et ceux qui détestent le juste seront traités en coupables.

23 Yahvéh libère la vie de ses serviteurs,

et ne seront pas traités en coupables tous ceux qui se réfugient en lui.

            Refr. : Goûtez et voyez que bon est Yahvéh !

 

Deuxième lecture

 Ce dimanche, la liturgie nous propose une des dernières pages de la lettre aux Éphésiens. Ici l’auteur – Paul ou plus probablement un collaborateur de Paul – reprend une petite section de la lettre aux Colossiens : « Femmes, soyez soumises aux maris, comme il convient : dans le Seigneur ! Et vous, les maris, aimez vos femmes et ne soyez pas durs envers elles » (Col 3,18-19). Et, en reprenant ces exhortations, la lettre aux Éphésiens va approfondir, du point de vue théologique, la relation conjugale[17].

En commençant sa page, l’auteur reprend le verbe « se soumettre », mais il en fait une norme non seulement pour les femmes mais aussi pour les maris : « soumettez-vous les uns aux autres à cause du respect que vous avez pour le Christ » (v. 21). Il faut dépasser toute attitude de supériorité entre les deux partenaires d’un couple et aussi dans la communauté[18].

Après cette exhortation pour tout le monde, notre auteur s’adresse aux femmes et les invite – dans la ligne de la lettre aux Colossiens – à la soumission. La soumission de la femme mariée à son époux fait partie des conventions de l’époque. Mais les femmes chrétiennes d’Éphèse doivent vivre cette soumission avec une motivation nouvelle : le fait d’être soumises « au Seigneur ». La similitude entre la soumission au mari et la soumission au Seigneur nous permet de comprendre que cette soumission est de l’ordre de l’amour rendu parce qu’il jaillit d’un amour reçu[19]. L’auteur nous le dit dans la suite de la phrase, quand il établit un parallélisme entre le mari « tête » pour la femme et le Christ « tête » pour l’Église. En effet, si le mari est « tête » pour la femme, c’est parce que son agir envers la femme est à l’image de celui du Christ envers l’Église, modèle de l’amour, et non en raison d’une supériorité qui lui reviendrait par nature[20]. Et à propos du Christ, la lettre souligne : « Le Christ est, en effet, le Sauveur de l’Église qui est son corps » (v. 23). Comme tête de l’Église, le Christ n’est pas son ‘dominateur’, il est son « Sauveur »[21]. Enfin, en terminant son exhortation aux femmes, la lettre reprend le thème de la soumission, en soulignant à nouveau le parallélisme : « Mais, comme l’Église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leurs maris » (v. 24).

La deuxième partie de notre page est une exhortation aux maris : « Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église. Il a donné sa vie pour elle » (v. 25). Ici, l’impératif « Maris, aimez votre femme » nous permet de comprendre que le mari ne peut absolument pas profiter de la position ‘soumise’ de la femme. Au contraire, il doit l’aimer[22] d’un amour qui dépasse toute mesure : cet amour doit être comme celui du Christ pour l’Église, le Christ qui « a donné sa vie pour elle ». Et la lettre insiste sur la relation entre le Christ et l’Église, en évoquant aussi des données que seulement le Christ a pu accomplir : il l’a lavée à travers le baptême, il l’a rendue belle, sainte et pleine de gloire. Et à ce niveau, la sainteté et la beauté de l’Église ne sont pas le présupposé à partir duquel le Christ choisit l’Église ; non, elles sont le résultat de son amour pour elle[23].

Après ces considérations théologiques, la lettre revient sur le thème de l’amour : « les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même » (v. 28). Et avec ces derniers mots, la lettre fait référence au commandement de l’amour du prochain (Lév 19,18) que notre auteur va commenter dans les lignes suivantes. Aimer la femme c’est s’engager pour elle comme on s’engage pour son corps, pour le nourrir, pour en prendre soin. Et le résultat sera l’unité entre homme et femme, une unité qui sera, en même temps, la réalisation du projet de Dieu : « et les deux ne seront qu’une seule chair » (Gen 2,24). Notre auteur applique cette citation à la relation entre le Christ et l’Église. Il écrit : « Ce mystère est grand. Et moi je vous dis : il s’agit du Christ et de l’Église » (v. 32). Mais ce mystère, ce mystère grand, se dévoile à travers ce qu’un homme et une femme vivent : ensemble, si « les deux ne seront qu’une seule chair » (v. 31).


Lecture de la lettre aux Éphésiens (5,21-32)

Frères, 21 soumettez-vous les uns aux autres à cause du respect que vous avez pour le Christ. 22 Femmes, soyez soumises à vos maris, comme vous l’êtes au Seigneur, 23 car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête. Le Christ est, en effet, le Sauveur de l’Église qui est son corps. 24 Mais, comme l’Église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leurs maris.

25 Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église. Il a donné sa vie pour elle, 26 afin qu’elle soit sainte : il l’a rendue pure par l’eau du baptême et par la parole ; 27 il a voulu présenter à lui-même cette Église pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans aucun défaut. Il a voulu qu’elle soit sainte et sans reproche. 28 De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. 29 En effet, personne n’a jamais détesté son corps. Au contraire, on le nourrit, on prend soin de lui. C’est ce que le Christ a fait pour l’Église, 30 parce que nous sommes membres de son corps.

31 C’est à cause de cela que « l’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair » (Gen 2,24). 32 Ce mystère est grand. Et moi je vous dis : il s’agit du Christ et de l’Église.
 

Parole du Seigneur.

Alléluia. Alléluia.

Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie ;

tu as les paroles de la vie éternelle. (cf. Jean 6,63c.68c)

Alléluia.

 

Évangile

Avec l’Évangile de ce matin, nous sommes à la fin du discours sur le pain, « le pain vivant qui est descendu du ciel » (6,51). Les personnes qui ont écouté ce discours sont les juifs et aussi les disciples. Et l’évangéliste pense aussi aux croyants de la communauté pour laquelle il écrit l’Évangile[24].

La page de ce matin se compose de deux sections. Dans la première (vv. 60-66), un groupe de disciples proteste contre l’exigence annoncée par Jésus : pour faire partie de sa communauté, il faut dédier sa vie aux autres, comme Jésus a fait en prenant soin de la faim des gens. Ces disciples qui protestent veulent un roi qui triomphe, non un homme qui donne tout soi-même[25]. Voilà pourquoi parmi les disciples il y a des personnes qui ont de la peine à accepter le message de Jésus et qui considèrent sa parole comme une parole « rude » (v. 60), inacceptable pour leur conception de Dieu. La parole de Jésus les scandalise. Ils connaissent la famille humaine de Jésus et refusent de croire que la parole de Dieu s’est faite chair en Jésus. Comment pourront-ils croire que, dans la mort, Jésus va retourner auprès du Père ? « Si vous voyiez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant… ? » (v. 62). Devant ces difficultés à croire en Jésus, Jésus ne peut que conclure : la foi dépasse les possibilités de l’homme. Elle est possible seulement si nous sommes vivifié(e)s par l’Esprit (v. 63). Elle est un don de Dieu (v. 65), une fascination (comme nous l’avons vu il y a deux semaines), une attraction opérée par lui (v. 44). Et Jésus l’affirme une nouvelle fois dans la page de ce matin : « je vous ai dit – affirmation définitive – que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père » (v. 65). Ces paroles provoquent une crise intense parmi les disciples. Seulement les personnes qui reconnaissent – dans ses paroles – l’Esprit qui vivifie d’une façon qui dépasse les logiques de la chair acceptent[26] : les autres donc, parmi les disciples « se retirèrent en arrière et cessèrent de faire route avec lui » (v. 66).

Dans la seconde partie du récit (vv. 67-69), Jésus interroge les Douze – et nous avec eux – sur la foi : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (v. 67). A cette question fondamentale pour les Douze mais aussi pour nous aujourd’hui, Pierre répond au nom du groupe : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des exigences qui communiquent une vie éternelle » (v. 68)[27].

Mais la réponse donnée – au pluriel – par Pierre ne suffît pas. Il ne faut pas se cacher derrière le groupe. Il ne faut pas se séparer de Jésus comme Judas, malheureusement, l’a fait.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (6,59-69)

59 Jésus avait donné un enseignement dans une synagogue de Capharnaüm. 60 Après l’avoir entendu, beaucoup de ses disciples commencèrent à dire : « Cette parole est rude ! Qui peut l’écouter ? »

61 Mais, sachant en lui-même que ses disciples murmurent à ce sujet, Jésus leur dit : « Ces paroles sont un obstacle pour vous ? 62 Alors, si vous voyiez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant… ?

63 C’est l’Esprit qui fait vivre, l’homme tout seul ne peut rien faire. Les exigences que, moi, je vous ai annoncées – annonce définitive – sont Esprit, et elles sont vie. 64 Mais certains parmi vous ne croient pas ». En fait, Jésus savait dès le début qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui allait le livrer. 65 Et il disait : « Voilà pourquoi je vous ai dit – affirmation définitive – que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père ».

66 À partir de ce moment, donc, beaucoup de ses disciples se retirèrent en arrière et cessèrent de faire route avec lui.

67 Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » 68 Simon Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des exigences qui communiquent une vie éternelle. 69 Et nous, nous avons mis – définitivement – notre confiance en toi, et nous savons que tu es le Saint de Dieu ».

Acclamons la Parole de Dieu.

 

Prière d’ouverture

Mon Dieu, quelle guerre cruelle !

Je trouve deux hommes en moi :

l’un veut que, plein d’amour pour Toi,

mon cœur Te soit toujours fidèle ;

l’autre, à Tes volontés rebelle,

me révolte contre Ta loi.

 

Hélas ! en guerre avec moi-même,

où pourrai-je trouver la paix ?

Je veux, et je n’accomplis jamais.

Je veux ; mais – ô misère extrême –

je ne fais pas le bien que j’aime,

et je fais le mal que je déteste.

 

Ô grâce, ô rayon salutaire !

Viens me mettre avec moi d’accord,

en domptant par un doux effort

cet homme qui T’est si contraire,

fais Ton esclave volontaire

de cet esclave de la mort[28].

[Jean Racine, poète tragique, France : 1639-1699]

 

Prière des fidèles

* Le livre de Josué nous met devant un choix : ou les dieux ou Dieu. Israël a choisi Dieu. Mais, après avoir choisi Dieu, après avoir vu les grands signes accomplis par Dieu, un Dieu qui veut la liberté et la libération, Israël n’est pas resté fidèle à son engagement. Aide-nous, Seigneur, à être cohérents et cohérentes dans nos engagements envers toi.

* Le poète du psaume mentionne ceux qui font le mal et il nous assure : c’est leur malice qui va les conduire à la mort. Mais le poète nous présente surtout le juste dans ses souffrances et ses malheurs, et il nous assure : « Nombreux sont les malheurs du juste, et de tous Yahvéh le délivre. Il prend soin de tous ses os, pas un d’entre eux ne sera brisé ». Essayons de nous engager à vivre une vie juste, et le Seigneur nous accompagnera sur ce chemin.

* La lettre aux Éphésiens peut nous aider à vivre notre vie de couple. L’homme et la femme sont invités à se soumettre « les uns aux autres à cause du respect » que l’homme et la femme ont pour le Christ. Il faut donc dépasser toute attitude de supériorité entre les deux partenaires d’un couple. Et, surtout dans une société dans laquelle le mari fréquemment se considère comme ‘maître’, la lettre insiste : « Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église. Il a donné sa vie pour elle ». Le mari est donc invité à aimer sa femme et à donner sa vie pour elle. Et la femme fera de même. Que ce message puisse nous guider dans notre vie de couple.

* Parfois, ta parole, Jésus, nous paraît difficile à mettre en pratique. Nous sommes un peu comme certains de tes disciples qui disaient : « Cette parole est rude ! Qui peut l’écouter ? ». Mais, même devant les difficultés de tes exigences et devant la tentation de nous éloigner de toi, nous voulons faire comme Pierre qui t’a avoué : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des exigences qui communiquent une vie éternelle ». Accompagne-nous, Jésus notre frère, sur ton chemin difficile.

 

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[1] Pour les différentes étapes de la formation du livre de Josué, cf. T. Römer, Josué, dans T. Römer – J.-D. Macchi – C. Nihan (éd.), Introduction à l’Ancien Testament, Labor et fides, Genève, 2004, p. 254ss. Cf. aussi G. Hentschel, Il libro di Giosuè, dans Introduzione all’Antico Testamento, Queriniana, Brescia, 2008, p. 313ss.

[2] Cf. A. Gelin, Josué. Traduit et commenté, dans L. Pirot – A. Clamer (sous la direction de), La sainte Bible. Texte latin et trad. française d’après les textes originaux avec un commentaire exégétique et théologique, Tome III : Josué – Juges – Ruth – Samuel – Rois, Letouzey et Ané, Paris, 1955, p. 133.

[3] Cf. M. Cucca – G. Perego, Nuovo atlante biblico interdisciplinare. Scrittura, storia, geografia, archeologia e teologia a confronto, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2012, p. 32 (voir aussi p. 64).

[4] Ainsi V. Fritz, Das Buch Josua, Mohr, Tübingen, 1994, p. 239.

[5] R. G. Boling, Joshua, Doubleday, New York, 1982, p. 534.

[6] Pour cette tournure fréquente chez les prophètes, on peut lire par exemple : Is 37,21 ; Jér 28,2 ; 29,4. 8. 21. 25; 42,18; 2 Rois 22,18 ; etc.

[7] En hébreu, le passage du discours prophétique à l’intervention – à titre personnelle – de Josué est souligné (au début du v. 14) par l’expression « ve‘attah », littéralement « et maintenant » qui introduit l’impératif « Respectez profondément ». Cf. V. Fritz, Das Buch Josua, Mohr, Tübingen, 1994, p. 243.

[8] Pour l’importance de cette tournure qu’on retrouve aussi dans Juges 9,16.19, cf. Fritz, Ibid, p. 243.

[9] Pour l’interprétation de l’expression « hâlîlâh lânou » qu’on peut traduire « Loin de nous » ou « Quelle profanation ce serait pour nous », cf. L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 254. Cf. aussi F. Maas, hll pi. / profanare, dans E. Jenni – C. Westermann, Dizionario teologico dell’Antico Testamento. Volume I, Marietti, Torino, 1978, col. 494ss.

[10] On peut donc qualifier cette section du psaume comme une « parénèse », une exhortation à prendre le juste comme modèle. Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 623ss.

[11] Ainsi E. Zenger, Psalm 34, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Die Psalmen. Bd I, Ps 1-50, Echter, Würzburg, 1993, p. 214.

[12] J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 319.

[13] Pour ce texte de l’Évangile qui fait référence au verset 21 de notre psaume (et aussi à Exode 12,46), cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 624s.

[14] E. Zenger, Psalm 34, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Die Psalmen. Bd I, Ps 1-50, Echter, Würzburg, 1993, p. 211.

[15] G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 626.

[16] Le mot « serviteurs », utilisé par le poète au verset 23, est construit à partir du verbe « servir » que nous avons rencontré plusieurs fois dans la première lecture.

[17] A. Dettwiler, Épître aux Éphésiens, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 864.

[18] R. Penna, Lettera agli Efesini. Introduzione, versione e commento, EDB, Bologna, 1988, p. 229.

[19] Ainsi C. Reynier, L’épître aux Éphésiens, Cerf, Paris, 2004, p. 175.

[20] Ibid.

[21] Ainsi A. Lindemann, Der Epheserbrief, TVZ, Zürich, 1985, p. 102.

[22] A. Martin, Lettera agli Efesini. Introduzione, traduzione e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2011, p. 86.

[23] Ibid., p. 87.

[24] R. Schnackenburg, Il vangelo di Giovanni. Parte seconda, Paideia, Brescia, 1977, p. 145.

[25] J. Mateos – J. Barreto, Il vangelo di Giovanni. Analisi linguistica e commento esegetico, Cittadella, Assisi, 1982, p. 328.

[26] M. Nicolaci, Vangelo secondo Giovanni. Traduzione e commento, dans I Vangeli, a cura di R. Virgili, Ancora, Milano, 2015, p. 1410s.

[27] Pour la traduction du mot « ‘rêmata » avec « exigences » aux vv. 63 et 68, cf. J. Mateos – J. Barreto, Il vangelo di Giovanni. Analisi linguistica e commento esegetico, Cittadella, Assisi, 1982, p. 326 et aussi p.193s.

 

[28] Les 100 plus belles prières du Monde, choisies et présentées par A. Chafigoulina, Calman-Lévy, Paris, 1999, p. 157s. Une traduction en italien on peut la lire dans G. Ravasi, Preghiere. L’ateo e il credente davanti a Dio, Mondadori, Milano, 2000, p. 176s.