Eucharistie: 27 octobre 2024

30ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

 

« Ceux qui ont semé dans les larmes » (Ps 126,5)

 

Première lecture

Le livre de Jérémie contient un écrit de consolation (Jér 30-31). Il s’agit d’un texte composé dans un moment tragique de l’histoire d’Israël, lorsque les armées de Babylone assiègent une première fois, en 597, et une deuxième fois, en 587, la ville de Jérusalem. Une partie des habitants a déjà été déportée à Babylone, d’autres personnes seront exilées au moment de la destruction du temple (en 587) et un peu plus tard encore (en 582/581)[1].

Dans ces années si sombres, Jérémie ose prendre la parole pour annoncer que Dieu n’oublie pas son peuple. Il interviendra et permettra aux exilés de rentrer, de se réunir avec les personnes restées à Jérusalem et aussi avec leurs frères du royaume du Nord qui étaient dispersés un peu partout.

Jérémie, cas unique dans la Bible, compose son écrit de consolation en six poèmes, alternant le masculin et le féminin[2]. En effet, le peuple est interpellé au masculin, comme « Jacob » dans le premier poème, au féminin comme « Sion » dans le deuxième, comme « peuple » au masculin dans le troisième, comme la « jeune femme Israël » dans le quatrième, comme « Jacob » dans le cinquième. Enfin, dans le sixième poème, le peuple est interpellé d’abord au féminin comme « Rachel », ensuite comme « Éphraïm » au masculin, enfin comme la « jeune femme Israël ». C’est ainsi que Jérémie nous apprend que les hommes et les femmes sont à un niveau paritaire et ont une même importance et dignité devant Dieu[3].

Quant à nous, ce matin nous allons écouter une partie du cinquième poème. D’après le poète, Dieu invite les peuples – avec cinq impératifs – à se réjouir et à invoquer le Seigneur. Leur prière est en faveur d’Israël mentionné comme « la première des nations » ou, littéralement « la tête des nations ». A travers cette tournure, un titre propre de David[4] est transféré à tout le peuple qui a survécu à la guerre et à la déportation à Babylone[5].

Les peuples sont invités par Dieu à le prier et à lui demander : « Sauve, Yahvéh, ton peuple, (sauve) les survivants d’Israël ! ».

Parce que Dieu exaucera cette prière des peuples, les Israélites – déportés à Babylone et aussi dispersés un peu partout – pourront rentrer. Ces personnes viendront du pays du nord et de tous les confins de la terre. Et parmi ces personnes, surtout les faibles : l’aveugle et l’invalide, ceux qui ont de la peine à marcher ; mais il y a aussi « la femme enceinte et celle qui vient d’accoucher » (v. 8). Et toutes ces personnes faibles feront leur voyage ensemble, elles sont une foule immense et… « reviendront ici », à Jérusalem.

Cette rentrée à Jérusalem sera un chemin difficile. Mais en chemin, les personnes ne seront pas abandonnées à elles-mêmes. Dieu accompagne ces personnes, et leurs supplications ne sont pas le cri d’un individu isolé, marginalisé, abandonné à lui-même. A travers les mots de Jérémie, Dieu déclare : « dans leurs supplications je les accompagnerai » (v. 9). Oui, Dieu prendra soin de ces personnes, l’eau ne leur manquera pas, et leur chemin sera droit, sûr. Ce chemin leur permettra de découvrir leur relation intime avec Dieu. C’est ce qu’on lit dans les dernières lignes du verset 9. Ici, notre page fait référence à deux textes.

* La première référence est à la promesse de Dieu à propos de David : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 Sam 7,14). Mais maintenant cette promesse est transférée à tout le peuple[6]. Dieu est un père pour tout le peuple et le peuple est, pour Dieu, un fils.

* La seconde référence est à Exode 4,22, là où Dieu qualifie Israël comme « mon fils, mon premier-né ». Dans la Genèse (41,50-52), Éphraïm est le deuxième fils de Joseph, Joseph que ses frères avaient vendu aux marchands qui allaient en Égypte (Gen 37,28). Dans la page de Jérémie, le nom « Éphraïm » est appliqué aux personnes qui rentreront après l’exil à Babylone. Mais, dans cette même page, il y a un renversement total. Éphraïm, le second fils de Joseph, nous est présenté comme le « premier-né ». A travers ce renversement, les personnes qui se sentent marginalisées comme Éphraïm pourront se découvrir dans une condition nouvelle, comme les premiers-nés de Dieu[7].

 

Lecture du Livre du prophète Jérémie (31,7-9)

7 Oui, ainsi dit Yahvéh :

Poussez des cris de joie pour Jacob,

poussez des acclamations à propos de la première des nations !

Clamez, jubilez, dites :

« Sauve, Yahvéh, ton peuple,

(sauve) les survivants d’Israël ! ».

8 Me voici : je les fais venir du pays du nord,

et je les rassemble depuis les confins de la terre.

Parmi eux, l’aveugle, l’invalide,

la femme enceinte et celle qui vient d’accoucher :

ensemble – une foule immense – ils reviendront ici.

9 Ils viendront en pleurant,

et dans leurs supplications je les accompagnerai.

Je vais les conduire à des rivières pleines d’eau,

par un chemin facile,

où ils ne trébucheront pas.

Oui, je suis un père pour Israël,

et Éphraïm est mon premier-né ».

Parole du Seigneur.

 

Psaume

 Le prophète Jérémie avait annoncé le retour des exilés. Et, environ cinquante ans après cette annonce, le retour a eu lieu.

Quant au psaume 126, il évoque ce même retour, mais dans une autre perspective. Après la joie et l’euphorie du retour, maintenant c’est le temps de la reconstruction, une reconstruction difficile et pleine de souffrance[8], comme chacun et chacune de nous a pu en faire l’expérience ‘sur sa peau’, ici chez nous, dans nos Quartiers.

Le psaume 126 est un poème « des montées ». Comme en montant vers Bugarama, une des caractéristiques du poème est de poser le regard sur les mêmes lieux, sur les mêmes expériences mais d’un point de vue différent. C’est ce qui se vérifie, en particulier avec le mot « shibat », un mot qu’on retrouve – dans toute la Bible – seulement dans notre psaume. Ce mot, qu’on peut traduire avec « situation », évoque un changement, une situation nouvelle. Par conséquence, lié au verbe « shûb », il signifie « rétablir une situation » (v. 1). Dans notre psaume, ce regard vers une situation rétablie prend en considération deux moments différents : la fin de l’exil à Babylone et un changement attendu pendant la période après l’exil. Le premier regard domine la première partie du psaume, le second la seconde partie.

Dans la première partie (vv. 1-3), le poète évoque l’intervention de Dieu qui a mis en œuvre la fin de l’exil : « Quand Yahvéh a rétabli la situation de Sion[9], nous étions comme ceux qui rêvent ».

Et la joie liée au retour après l’exil nous est présentée comme inimaginable, comme la joie d’un rêve (v. 1). Mais cette joie n’est pas seulement rêvée. Elle est concrète, elle se manifeste dans un sourire et dans un cri de joie. D’abord le sourire : notre bouche qui se remplit de sourire, voilà comment nous exprimons à Dieu notre louange[10]. Avec le sourire à travers lequel nous louons Dieu pour ce qu’il accomplît en nous, le poète mentionne aussi un « un cri de joie », une expression qu’on retrouvera aussi dans les versets 5 et 6.

Toujours dans la première partie du psaume mais dans la seconde strophe (versets 2cd-3), deux voix différentes se lèvent. D’abord la voix des nations païennes, ensuite celle d’Israël. Les deux proclament une profession de foi[11]. Les païens, en évoquant ce que Dieu a fait pour Israël, proclament : « Il a fait grandes, Yahvéh, ses œuvres envers ceux-là ». Quant aux exilés qui rentrent après la déportation à Babylone, ils ne peuvent qu’avouer : « Il a fait grandes, Yahvéh, ses œuvres envers nous ».

La seconde partie du psaume (vv. 4-6) reprend la déclaration que nous avons lue au début du psaume. Mais dans cette reprise, on passe de l’indicatif à l’impératif : « Rétablis, Yahvéh, notre situation » (v. 4). Le regard est sur les difficultés du présent et vers un changement qu’on attend. C’est un changement dans la vie quotidienne de la communauté qui prie le psaume[12]. Ce changement est comparable à la situation du paysan : la peine et les larmes en allant semer, la joie en rentrant après la moisson. C’est un changement qui peut se vérifier après des mois, mais il peut aussi se vérifier en peu de jours, comme le changement du Nyabagere après une nuit de pluie.

Quant à nous, ce matin, nous aussi nous attendons un changement, nous voulons entrer, de plus en plus, dans un mystère qui nous dépasse, le mystère de l’amour de Dieu qui s’est manifesté en Jésus[13]. C’est ainsi que nous pourrons constater : « Combien de choses le Seigneur a fait pour moi ! Avec quelle tendresse il m’a accompagné(e) ». Et, en rappelant tout ça, nous pourrons revenir sur les mots du poète au verset 3. Et ce sera notre refrain à la fin de chaque strophe :  

Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :

nous étions pleins de joie.

 

Psaumes 126 (versets 1-2ab. 2cd-3. 4-5. 6)

1 Chant des montées.

Quand Yahvéh a rétabli la situation de Sion,

nous étions comme ceux qui rêvent.

2ab Alors, se remplit d’un sourire notre bouche

et notre langue d’un cri de joie.

Refr. :             Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :

nous étions pleins de joie.

 

2cd Alors ils disaient parmi les nations :

« Il a fait grandes, Yahvéh, ses œuvres envers ceux-là ».

3 Il a fait grandes, Yahvéh, ses œuvres envers nous,

nous étions pleins de joie.

Refr. :             Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :

nous étions pleins de joie.

 

4 Rétablis, Yahvéh, notre situation,

comme tu ranime les torrents dans le sud désertique.

5 Ceux qui ont semé dans les larmes

dans un cri de joie moissonneront.

Refr. :             Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :

nous étions pleins de joie.

 

6 En allant, il va et il pleure,

portant le sac de la semence,

en revenant, il revient dans un cri de joie,

chargé de sa récolte.

Refr. :             Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :

nous étions pleins de joie.

 

Deuxième lecture

 Comme pour les trois derniers dimanches, la liturgie de ce matin nous propose une page de l’Épître aux Hébreux. Et, dans la page de ce matin, l’Épître nous présente le Christ qui réalise toutes les conditions nécessaires pour nous assurer le salut. A ces croyants qui sont devenus chrétiens mais qui conservent une certaine nostalgie des célébrations vécues dans leur passé juif, l’auteur de l’Épître présente Jésus comme grand prêtre. Comme grand prêtre, Jésus a la fonction « d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés » (v. 1). Avec ces mots, l’auteur fait référence aux rites mentionnés dans l’Ancien Testament, en particulier au livre du Lévitique où Moïse, s’adressant à Aaron, lui disait : « Approche-toi vers l’autel et offre ton sacrifice pour le péché et ton sacrifice complet, pour faire la liturgie du pardon en ta faveur et en faveur du peuple » (Lév 9,7). Et la narration continuait avec cette phrase : « Et s’approcha, Aaron, vers l’autel et égorgea le veau du sacrifice pour son propre péché » (Lév 9,8). Mais notre Épître, en revenant sur ces actions en faveur des humains, se limite à dire que le rôle de Jésus est « d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés » (v. 1), non pour son propre péché comme Aaron.

Dans ce même verset, avant de souligner la fonction de Jésus comme grand prêtre, notre auteur évoque l’humanité de Jésus et il souligne le double lien qui unit Jésus et nous[14]. D’abord le lien d’origine : Jésus, comme tout grand prêtre, a été « pris parmi les humains ». Ensuite le lien lié à sa fonction : Jésus a été « établi en faveur des humains dans leur relation avec Dieu » (v. 1).

La dimension humaine de Jésus est soulignée aussi dans la suite du texte. En effet, le verset 2 souligne que la qualité primordiale de Jésus c’est d’être un homme capable de « ressentir de la compassion », une commisération naturelle[15] « pour ceux qui sont dans l’ignorance et s’égarent ». Cette affirmation est une nouveauté par rapport à l’Ancien Testament qui ne connaît pas une action sacerdotale inspirée à la compassion[16]. La compassion, qui anime Jésus, est bien compréhensible, « car il est, lui aussi, atteint de tous côtés par la faiblesse » (v. 2). En effet, pour pouvoir compatir à nos misères, Jésus doit en avoir fait l’expérience personnelle. Or, toute la vie terrestre de Jésus témoigne de sa réelle humanité, mais celle-ci se révèle surtout à l’heure de la mort, c’est-à-dire dans les pires humiliations et la plus extrême souffrance[17] qui sera mentionnée plus en avant dans l’Épître (au verset 7).

Après cette présentation de Jésus comme grand prêtre, notre Épître introduit un aspect nouveau : Jésus est celui que Dieu appelle « mon fils » (v. 5). Pour préparer ses lecteurs, à propos d’Aaron il affirme : l’honneur et la fonction de grand prêtre « personne ne peut se l’attribuer ; on y est appelé par Dieu, comme ce fut le cas pour Aaron » (v. 4). Cette affirmation concernant Aaron est appliquée aussi au Christ : « De même, ce n’est pas le Christ qui s’est donné la gloire de devenir grand prêtre ; il l’est devenu à l’appel de celui qui lui a dit : Tu es mon fils, et moi, aujourd’hui, je t’ai engendré, pour toujours » (v. 5). Ici, c’est à l’aide du Psaume 2 verset 7 que notre auteur présente Jésus comme Fils de Dieu. Ensuite – avec la référence au Psaume 110/109 verset 4 – notre auteur parle de Jésus ‘ordonné’ prêtre par Dieu, prêtre non dans la ligne d’Aaron mais de Melkisédec[18]. A travers ce choix, Dieu rompt les règles historiques : Melkisédec et Jésus ne rentrent pas dans la généalogie sacerdotale d’Aaron. Dieu manifeste ainsi son projet de changer le ‘visage’ du sacerdoce, non plus dans la tradition des lévites mais dans la révélation de Jésus et en Jésus. En Jésus, le grand prêtre éminent, s’accomplit la nouvelle alliance. Dieu n’exige plus qu’on lui offre des animaux sacrifiés. C’est le Christ lui-même qui s’offre à Dieu en sacrifice[19].

 

Lecture de la lettre aux Hébreux (5,1-6)

1 Tout grand prêtre, en effet, pris parmi les humains, est établi en faveur des humains dans leur relation avec Dieu. Son rôle est d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés.

2 Il peut, certes, ressentir de la compassion pour ceux qui sont dans l’ignorance et s’égarent, car il est, lui aussi, atteint de tous côtés par la faiblesse. 3 Et, à cause de cette faiblesse, il doit – pour lui-même aussi bien que pour le peuple – présenter des sacrifices pour les péchés. 4 Cet honneur, personne ne peut se l’attribuer ; on y est appelé par Dieu, comme ce fut le cas pour Aaron.

5 De même, ce n’est pas le Christ qui s’est donné la gloire de devenir grand prêtre ; il l’est devenu à l’appel de Celui qui lui a dit : « Tu es mon fils, et moi, aujourd’hui, je t’ai engendré, pour toujours » (Ps 2,7), 6 et cela en accord avec cette autre parole : « Toi, tu es prêtre pour l’éternité, à la manière de Melkisédec » (Ps 110/109,4).

Parole du Seigneur.

 

Alléluia. Alléluia.

Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort,

il a fait resplendir la vie par l’Évangile. (2 Tim 1,10)

Alléluia.

 

Évangile

 Après nous avoir montré les disciples qui refusent le chemin vers la passion et ne pensent qu’au pouvoir (Mc 10,35-45), Marc nous présente Bartimée. Il nous indique son nom, il indique aussi le nom de son père. Et il souligne sa condition : un mendiant, physiquement assis hors de la ville, marginal donc. De plus, il est aveugle : par conséquent, dans la théologie de l’époque, il est considéré impur parce que, ne pouvant voir ce qui est souillé, il ne peut pas l’éviter[20].

Pourtant, cet homme aveugle a une lucidité mentale beaucoup plus développée que ses compatriotes. Eux, en Jésus, ne voient qu’un homme de Nazareth, lui, au contraire, il sait reconnaître en Jésus le « fils de David » (vv. 47 et 48). Et il s’adresse à lui en disant : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! ». Cette prière est fondamentale. Dans l’Évangile, cet aveugle est la seule personne qui s’adresse à Jésus en l’appelant par son nom. Et le fait d’appeler quelqu’un par son nom est un signe d’amitié ; ça signifie qu’on veut être ami de cette personne. En plus, le fait de dire « aie pitié de moi » signifie avoir compris que Jésus est miséricorde, la miséricorde dont on a – profondément – besoin[21].  

Quant à Jésus, sa réaction ne se fait pas attendre, il ne veut pas que Bartimée reste enfermé dans son isolement ; c’est ainsi qu’il demande qu’on appelle l’aveugle.

L’aveugle, interrogé par Jésus, dit son désir de retrouver la vue. Jésus, au lieu de prononcer une parole de guérison, invite l’aveugle à partir vers une existence nouvelle : « Jésus lui dit : va ! » (v. 52). Ensuite, Jésus prend note du fait que la guérison a eu lieu et que c’est à sa foi que l’aveugle en est redevable. C’est grâce à cette foi que Jésus a pu le tirer d’affaire[22].

Toujours grâce à cette foi, à cette confiance en Jésus, Bartimée, au lieu de se mettre à reconstruire sa vie pour lui-même, se met, sans avoir reçu aucune invitation, à suivre Jésus. Il se met à le suivre et il « le suivait sur le chemin » (v. 52).

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (10,46b-52)

46b Et comme Jésus sortait de Jéricho – lui et ses disciples et une assez grande foule – le fils de Timée, Bartimée, un aveugle, un mendiant, était assis le long du chemin. 47 Et, entendant que c’était Jésus le Nazaréen, il se mit à crier et à dire : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » 48 Beaucoup (de gens) lui faisaient des reproches pour qu’il se taise. Mais lui criait beaucoup plus : « Fils de David, aie pitié de moi ! » 49 Et, s’arrêtant, Jésus dit : « Appelez-le ». Et ils appellent l’aveugle, en lui disant : « Aie confiance, lève-toi, il t’appelle ». 50 Lui, rejetant son manteau, sautant sur ses pieds, vint vers Jésus. 51 Et, lui répondant, Jésus dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni (= maître), que je retrouve la vue ! » 52 Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé, définitivement ! ». Et aussitôt il retrouva la vue et le suivait sur le chemin.

 

Acclamons la Parole de Dieu.

 

Prière d’ouverture

Nous voulons te prier, Seigneur,

pour tous les déportés de la terre,

pour tous les exilés de leurs pays,

pour les gens de toute couleur,

pour les pauvres fils et filles de la Nuit…

Nous voulons te prier aussi

pour le « petit reste » des fidèles :

qu’ils puissent continuer à te faire confiance, Seigneur.

Amen[23].

[David Maria Turoldo, prêtre et poète, Italie : 1916-1992]

 

Prière des fidèles

* La page de Jérémie parle de ceux qui rentrent de l’exil, des déportés, des déplacés, de ceux qui étaient des ennemis et qui maintenant veulent se réconcilier et se réunir : parmi eux, l’aveugle, l’invalide, la femme enceinte et celle qui vient d’accoucher, ensemble, une foule immense ! Permets-nous de réaliser, Seigneur, à petite échelle, « ici », dans nos quartiers, ce projet de Dieu.

* Le psaume nous invite à découvrir Dieu qui fait grandes ses œuvres dans la vie des déportés qui retournent à Jérusalem mais aussi dans la vie de tous les jours, même lorsqu’on sort semer dans un sanglot ou on pleure à la maison. Aide-nous, Seigneur, à découvrir tes traits maternels dans nos souffrances.

* La lettre aux Hébreux nous a parlé de toi, Jésus notre frère, et de ta relation avec nous. Toi, tu as été « pris parmi les humains » et « en faveur des humains ». Oui, dans ton humanité, tu ressens « de la compassion pour ceux qui sont dans l’ignorance et s’égarent » et tu t’engages en faveur de nous pour nous permettre de vivre une relation intime avec Dieu qui est ton Père et notre Père. Que ta relation avec nous puisse, de jour en jour, s’intensifier et nous pousser à remercier Dieu qui t’a voulu « prêtre pour l’éternité, à la manière de Melchisédeq ». 

* Seigneur Jésus, que tu veuilles, encore aujourd’hui, rompre le cercle de notre isolement et appeler. Appelle chaque personne qui, aux marges de la société, t’attend et t’invoque. Invite-la à retrouver confiance, à laisser son manteau de mendiant et à affronter la vie debout sur ses pieds.

 

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[1] Cf. Bible TOB, note à Jér 52,28-30. Cf. aussi G. Fischer, Jeremia 26-52, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2005, p. 653s.

[2] Cf. G. Fischer, Il libro di Geremia, Città Nuova, Roma, 1995, p. 143s.

[3] Ainsi G. Fischer, Jeremia 26-52, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2005, p. 121.

[4] Ce titre revient seulement dans 2 Sam 22,44 et dans le Psaume 18,44.

[5] G. Fischer, Il libro di Geremia, Città Nuova, Roma, 1995, p. 157.

[6] G. Fischer, Il libro di Geremia, Città Nuova, Roma, 1995, p. 158.

[7] Ce renversement est dans la ligne de Genèse 48,13-20, là où Jacob, en bénissant Manassé et Éphraïm, les deux fils de Joseph, avait dit à propos de Manassé : « Son petit frère (Éphraïm) sera plus grand que lui, et sa descendance sera plénitude de nations » (v. 19).

[8] Cfr. B. Piacentini, I Salmi. Preghiera e poesia, Paoline, Milano, 2012, p. 662.

[9] Pour cette traduction cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 576s. Cf. aussi Ancien Testament interlinéaire hébreu-français, avec le texte de la Traduction Œcuménique de la Bible et de la Bible en français courant, Alliance Biblique Universelle, Villiers-le-Bel, 2007, p. 2153.

[10] Ainsi le pape François commentait notre psaume dans sa méditation du 26 octobre 2015. Cf. Francesco. E io sono preghiera. I Salmi nelle parole del Papa, Castelvecchi, Roma, 2018, p. 116.

[11] Ainsi G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 583.

[12] Cf. E. Zenger, Psalm 126, dans F.-L. Hossfeld / E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 509.

[13] Il s’agit toujours des mots du pape François dans sa méditation du 26 octobre 2015. Cf. Francesco. E io sono preghiera. I Salmi nelle parole del Papa, Castelvecchi, Roma, 2018, p. 117.

[14] F. Urso, Lettera agli Ebrei. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2014, p. 78s.

[15] Pour cette valeur du verbe « metropathein » qu’on lit seulement ici dans toute la Bible, cf. C. Spicq, L’épître aux Hébreux. Vol. II. Commentaire, Gabalda, Paris, 1953, p. 108s. Cf., du même auteur, Notes de lexicographie néo-testamentaire. Tome II, Éditions universitaires – Vandenhoeck & Ruprecht, Fribourg – Göttingen, 1978, p. 563-565, sous la voix « metropatheô ».

[16] Ainsi C. Marcheselli-Casale, Lettera agli Ebrei. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2005, p. 241.

[17] Ainsi C. Spicq, L’épître aux Hébreux. Vol. II. Commentaire, Gabalda, Paris, 1953, p. 105.

[18] Melkisédec (un mot hébreu qui signifie « mon roi est justice », est mentionné, d’une façon mystérieuse, dans Gen 14,17-20). Cf. O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 250.

[19] Ainsi C. Marcheselli-Casale, Op. cit., p. 245s.

[20] C. Focant, L’évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004, p. 405.

[21] Cf. S. Fausti, Il Vangelo di Marco, EDB, Bologna, 2018, p. 229.

[22] Cf. E. Trocmé, L’évangile selon saint Marc, Labor et fides, Genève, 2000, p. 277.

[23] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2004, p. 409.