Eucharistie : 13 avril 2025

 Année C

 

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

L’entrée de Jésus à Jérusalem

Prière de bénédiction

Seigneur, aujourd’hui nous portons ces rameaux pour fêter Jésus comme notre roi. Accorde-nous d’entrer avec lui, un jour, dans la Jérusalem éternelle. Lui qui règne pour les siècles des siècles. Amen.

 

Lecture

Dans l’Évangile de Luc, c’est à Jérusalem que « s’accomplissent les jours de l’enlèvement » (9,51) de Jésus, les jours de sa mort, de son accueil auprès du Père. Et l’entrée à Jérusalem, dont nous faisons mémoire ce matin, va nous préparer à cet événement.

Le narrateur nous présente Jésus comme conscient de ce qui l’attend. C’est ainsi qu’il peut envoyer deux disciples chercher un ânon et leur anticiper la réaction des propriétaires. Et les propriétaires sont les « seigneurs » (v. 33) de l’ânon, mais c’est « le Seigneur » qui en a besoin (vv. 31.34), le roi qui vient « au nom du Seigneur » (v. 38).

La naissance de Jésus, donc son entrée dans le monde, avait été saluée comme « gloire dans les lieux très hauts et paix sur terre » (2,14). Mais maintenant, l’entrée de Jésus à Jérusalem est célébrée comme gloire et paix dans le ciel (v. 38). C’est la paix messianique, et les disciples, « toute la multitude des disciples » (v. 37), peuvent la reconnaître et la célébrer. Mais, toujours sur la terre… les habitants de Jérusalem ne savent pas accueillir ce roi qui entre dans la ville, et « quelques-uns des pharisiens » (v. 39) s’y opposent, d’une façon radicale.

Et nous, ce matin ?

 

De l’Évangile de Luc (19,28-40)

En ce temps-là, 28 Jésus marchait en avant, pour monter vers Jérusalem. 29 Et il advint : comme il s’approchait de Bethphagé et de Béthanie, en direction du mont dit des Oliviers, il envoya deux des disciples, 30 en disant : « Allez au village qui est en face. A l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est jamais assis ; et, après l’avoir détaché, amenez-le. 31 Et si quelqu’un vous demande : “Pourquoi le détachez-vous ?”, vous direz ainsi : “Le Seigneur en a besoin” ». 32 Étant donc partis, les envoyés trouvèrent [tout] comme Jésus leur avait dit. 33 Et pendant qu’ils détachaient le petit âne, ses seigneurs leur dirent : « Pourquoi détachez-vous le petit âne ? » 34 Ils dirent : « Le Seigneur en a besoin ».

35 Ils l’amenèrent à Jésus et, jetant leurs manteaux sur le petit âne, ils firent monter Jésus. 36 Et, pendant qu’il avançait, [les gens] étendaient leurs manteaux sur le chemin. 37 Comme Jésus approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la multitude des disciples, remplis de joie, commença à louer Dieu à grande voix pour tous les actes de puissance qu’ils avaient vus. 38 Ils disaient :

« Béni soit – d’une façon définitive – celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! (Ps 118,26).

Dans le ciel paix, et gloire dans les lieux très hauts ! »

39 Quelques-uns des pharisiens, du milieu de la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimande tes disciples ! ». 40 Et, répondant, il dit : « Je vous dis, si eux se taisent, les pierres crieront ».

Acclamons la Parole de Dieu.

 

Liturgie de la parole

 

Première lecture

Dans le livre d’Isaïe, nous avons quatre chants qui nous parlent d’un personnage nommé « Serviteur ». C’est le Serviteur de Yahvéh. Dans le troisième de ces chants, ce Serviteur se présente d’abord comme homme de la parole, une parole pour « soutenir le faible » (v. 4)[1]. Et cette parole lui vient de Dieu. En effet, « Matin après matin, il me fait dresser l’oreille pour écouter comme les disciples » (v. 4).

Dans la seconde partie de ce chant (vv. 6-7), notre personnage se présente surtout comme un homme souffrant : il est frappé au dos, on lui arrache la barbe, on lui crache dessus. Mais il voit sa souffrance non comme un châtiment de Dieu mais comme une expérience dans laquelle Dieu lui est proche (v. 7).

 

Lecture du livre du prophète Isaïe (50,4-7)

4 Yahvéh le Seigneur m’a donné

le langage des disciples ;

pour que je sache soutenir le faible,

il éveille en moi une parole de réconfort matin après matin.

Matin après matin, il me fait dresser l’oreille

pour écouter comme les disciples.

5 Yahvéh le Seigneur m’a ouvert l’oreille.

Et moi je ne me suis pas rebellé,

je ne me suis pas retiré en arrière.

6 Mon dos, je l’ai donné à ceux qui me frappaient,

et mes joues à ceux qui m’arrachaient [la barbe] ;

mon visage, je ne l’ai pas soustrait

face aux outrages et aux crachats.

7 Et Yahvéh le Seigneur me vient au secours :

c’est pourquoi je ne m’avoue pas vaincu,

c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre,

et je sais que je n’éprouverai pas de honte.

 

Parole du Seigneur.

 

Psaume

Le psaume 22 est certainement un des psaumes les plus connus. C’est le psaume dans lequel Jésus crucifié trouve son identité en criant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15,34 et Mt 27,46). Après cette demande très vigoureuse qui ouvre le psaume (v. 2), le poète présente sa grande souffrance[2]. Des gens se moquent de lui, en lui disant : « Tourne-toi vers Yahvéh ! » (v. 9)[3]. Et ensuite, en riant, ils parlent de Dieu en ces termes : « Qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il a mis en lui tout son plaisir ! » (v. 9).

En plus, il est encerclé par un groupe de malfaiteurs qui sont autour de lui comme… « des chiens ». C’est le poète lui-même qui évoque ses souffrances en ces termes : « Oui, des chiens m’encerclent, une bande de malfaiteurs m’entoure défigurant mes mains et mes pieds » (v. 17)[4].

Dans cette situation, le poète souffrant adresse à Dieu sa prière, pour sa vie, son seul bien. Et dans sa prière, animé par une confiance très intense, il dit à Dieu : « Yahvéh, ne t’éloigne pas ! Toi qui es ma force, viens vite à mon secours » (v. 20). Et il termine sa supplication en découvrant que Dieu n’est pas loin. Pour dire sa surprise, un seul mot lui suffit, un seul mot adressé à Dieu : « ‘anîtani », qu’on peut traduire par « tu m’as répondu » (v. 22)[5].

Et, de cette réponse donnée par Dieu, jaillit la louange : « Je veux (donc) raconter ton nom à mes frères, au milieu de l’assemblée je te loue. (Et) vous qui respectez Yahvéh, louez-le ! » (vv. 23-24a).

Quant à nous, en écoutant ces strophes du psaume, nous ne pouvons que faire mémoire de Jésus qui, en mourant, a prié ce même psaume. Notre refrain sera donc :

Mon Dieu, mon Dieu,

pourquoi m’as-tu abandonné ? (Ps 22,2a.)

 

Psaume 22 (versets 8-9. 17-18a. 19-20. 22c-24a)

8 Tous ceux qui me voient se moquent de moi,

avec leurs lèvres ils font des grimaces,

ils secouent la tête en disant :

9 « Tourne-toi vers Yahvéh ! Qu’il le délivre !

Qu’il le sauve, puisqu’il a mis en lui tout son plaisir ! »

Refr. :             Mon Dieu, mon Dieu,

pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

17 Oui, des chiens m’encerclent,

une bande de malfaiteurs m’entoure

défigurant mes mains et mes pieds

18a et je peux compter tous mes os.

Refr. :             Mon Dieu, mon Dieu,

pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

19 Entre eux, ils partagent mes habits

et tirent au sort pour savoir qui aura mon vêtement.

20 Et toi, Yahvéh, ne t’éloigne pas !

Toi qui es ma force, viens vite à mon secours.

Refr. :             Mon Dieu, mon Dieu,

pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

22c Tu m’as répondu !

23 Je veux (donc) raconter ton nom à mes frères,

au milieu de l’assemblée je te loue.

24a (Et) vous qui respectez Yahvéh, louez-le !

Refr. :             Mon Dieu, mon Dieu,

pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

Deuxième lecture

Dans un instant, nous allons écouter un poème qui, peut-être, était chanté dans les premières communautés chrétiennes. Ce chant, que Paul cite dans la lettre aux Philippiens, parle de Jésus en présentant deux mouvements.

Le premier (vv. 6-8) d’en haut en bas, de la condition divine à la condition humaine la plus basse, la condition d’esclave, et l’anéantissement de la mort. Voilà ce que Jésus a vécu.

Le deuxième mouvement (vv. 9-11) d’en bas en haut : c’est la réponse de Dieu[6] à ce que Jésus a vécu : Dieu « l’a souverainement exalté » (v. 9). Et le poème chante le mouvement de la mort à la résurrection et à la glorification universelle du Christ, un mouvement dans lequel le Christ va associer l’humanité entière.

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens (2,6-11)

6 Le Christ Jésus, étant de condition divine,

n’a pas considéré son égalité à Dieu comme une proie à saisir.

7 Mais, lui-même, il s’est anéanti

prenant condition d’esclave

et devenant semblable aux humains ;

et, reconnu à son aspect vraiment comme un homme,

8 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort,

et à la mort sur une croix !

9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté

et lui a fait don du Nom

qui est au-dessus de tout nom,

10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse,

dans les cieux, sur la terre et sous la terre,

11 et que toute langue proclame :

« Jésus Christ est Seigneur »

à la gloire de Dieu le Père.

Parole du Seigneur.

 

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.

Pour nous, le Christ est devenu obéissant,

jusqu’à la mort, et à la mort de la croix.

C’est pourquoi Dieu l’a exalté :

il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. (cf. Phil 2,8-9)

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.

 

Évangile

Dans un moment, nous allons écouter le récit de la passion selon Luc. Certes, nous pouvons avoir l’impression de connaître ces récits. Combien de fois nous les avons écoutés. Et pourtant… chacune des narrations évangéliques a ses caractéristiques.

C’est le cas de Luc qui, dans son récit, souligne la solidarité de Jésus avec les sans loi. A la fin du souper, en faisant référence au livre d’Isaïe, Jésus déclare « il faut que s’accomplisse en moi ce qui est écrit : “Il a été compté parmi les sans loi” » (22,37 ; cf. Is 53,12). Et en racontant de Jésus qui est conduit au supplice, Luc écrit : « Ils emmenaient aussi deux autres malfaiteurs, avec lui, pour les exécuter » (23,32). La solidarité de Jésus avec les malfaiteurs ne pouvait être soulignée d’une façon plus efficace.

Et cette solidarité est l’espace dans lequel Jésus pardonne aux malfaiteurs : il pardonne à celui qui vient l’arrêter ; il lui soigne l’oreille (22,51) qu’une personne lui avait coupée. Surtout il pardonne à ceux qui viennent de le crucifier. Nous allons écouter : « Jésus disait : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (23,34). Et au malfaiteur crucifié avec lui, Jésus peut assurer : « En vérité, je te dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (23,43).

La narration de Luc veut être aussi un récit qui nous aide à avoir un autre regard sur la mort. La mort de Jésus sur la croix, comme notre mort, peut et pourra être vécue avec une attitude de confiance : un acte par lequel le mourant peut dire à Dieu : « Père, en tes mains je remets mon esprit » (23,46).

Un dernier élément à propos de Luc. Devant Jésus qui meurt, les gens observent, contemplent : « Et toutes les foules, ayant contemplé ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine » (23,48). Ce regard est une prise de conscience sur la responsabilité personnelle et sur l’injustice commise par les autorités ; c’est une prise de conscience, un regret qui tourne au repentir[7]. C’est un regard qui change les personnes au Calvaire, c’est un regard qui peut aussi changer chacun et chacune de nous aujourd’hui.

 

Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Luc (22,14-23,56)

Lecteur       2214 Et, lorsque l’heure arriva, Jésus se mit à table, et les apôtres avec lui. 15 Et il leur dit :

Jésus         « De tout mon désir, j’ai désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. 16 Car je vous le dis : je ne la mangerai jamais plus jusqu’à ce qu’elle soit [pleinement] accomplie dans le Royaume de Dieu ».

Lecteur    17 Et, ayant reçu une coupe, après avoir rendu grâces, il dit :

Jésus         « Prenez ceci, et partagez entre vous. 18 Car, je vous dis : dès maintenant je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit venu ».

Lecteur    19 Et, prenant du pain, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant :

Jésus         « Ceci est mon corps, donné pour vous ; faites cela en mémoire de moi ».

Lecteur    20 Et la coupe, de la même manière, après avoir soupé, en disant :

Jésus         « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est versé pour vous.

21 Cependant, voici : la main de celui qui me livre est avec moi sur la table. 22 Le Fils de l’homme, certes, s’en va selon ce qui a été fixé. Mais, hélas, pour cette personne par laquelle il est livré ».

Lecteur    23 Et eux commencèrent à discuter entre eux pour savoir qui donc, parmi eux, pouvait être celui qui allait faire cela.

24 Et arriva aussi une dispute entre eux pour savoir lequel d’entre eux pouvait être considéré comme le plus grand ? 25 Mais il leur dit :

Jésus         « Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles sont appelés bienfaiteurs. 26 Mais vous, n’agissez pas ainsi ! Au contraire, que le plus grand parmi vous devienne comme le plus jeune, et le responsable comme celui qui sert. 27 Car, qui est plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien : moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert !

28 Quant à vous, vous êtes ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves. 29 Moi donc, je dispose du Royaume pour vous, comme mon Père en a disposé pour moi : 30 vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes jugeant les douze tribus d’Israël.

31 Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés afin de vous secouer dans un crible comme le froment. 32 Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que la foi ne vienne pas à te manquer. Toi donc, quand tu seras revenu, fortifie tes frères ».

Lecteur    33 Pierre lui dit :

Disciples         « Seigneur, avec toi je suis prêt à aller et en prison et à la mort ».

Lecteur    34 Mais (Jésus) dit :

Jésus         « Je te dis, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu n’aies affirmé que tu ne me connais pas ».

Lecteur    35 Et il leur dit :

Jésus         « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »

Lecteur    Ils dirent :

Disciples         « De rien ».

Lecteur    36 Et il leur dit : 

Jésus         « Mais maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même aussi celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. 37 Car, je vous dis : il faut que s’accomplisse en moi ce qui est écrit : “Il a été compté parmi les sans loi” (Is 53,12). Et, en effet, ce qui me concerne va trouver son accomplissement ».

Lecteur    38 Ils dirent :

Disciples         « Seigneur, voici, ici, deux épées ».

Lecteur    Il leur dit :

Jésus         « Ça suffit ».

Lecteur    39 Et, une fois sorti, il se rendit, comme d’habitude, au mont des Oliviers. Et les disciples aussi le suivirent. 40 Arrivé en ce lieu, il leur dit :

Jésus         « Priez, pour ne pas entrer en tentation ».

Lecteur    41 Et lui, il se retira d’eux à environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il priait 42 en disant :

Jésus         « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que non ma volonté, mais que la tienne se fasse ! »

Lecteur    43 Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le rendait fort. 44 Et, pris d’angoisse, Jésus priait avec plus d’intensité, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. 45 Et, s’étant levé de la prière, venant vers les disciples, il les trouva endormis, accablés de tristesse. 46 Et il leur dit :

Jésus         « Quoi ? Vous dormez ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation ».

Lecteur    47 Tandis qu’il parlait encore, voici une foule, et le dénommé Judas, l’un des Douze, les précédait, et il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. 48 Mais Jésus lui dit :

Jésus         « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »

Lecteur    49 Voyant ce qui allait arriver, ceux qui étaient autour de Jésus lui dirent :

Disciples         « Seigneur, allons-nous frapper avec l’épée ? »

Lecteur    50 Et l’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. 51 Mais Jésus, répondant, dit :

Jésus         « Laissez faire jusqu’à ce point ! ».

Lecteur    Et, ayant touché l’oreille [de l’homme], il le guérit. 52 Puis Jésus dit à ceux qui étaient arrivés contre lui, grands prêtres, chefs des gardes du temple et anciens :

Jésus         « Comme contre un bandit vous êtes sortis avec des épées et des bâtons ? 53 Alors que chaque jour j’étais avec vous dans le temple, vous n’avez pas levé les mains contre moi. Mais celle-ci est votre heure et le pouvoir des ténèbres ».

Lecteur    54 L’ayant donc arrêté, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Quant à Pierre, il suivait de loin.

55 Comme des gens avaient allumé un feu au milieu de la cour et s’étaient assis ensemble, Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux. 56 L’ayant vu assis près du feu et l’ayant fixé du regard, une jeune servante dit :

Autres      « Celui-ci aussi était avec lui ».

Lecteur    57 Mais lui, il nia en disant :

Disciples « Femme, je ne le connais pas ».

Lecteur    58 Peu après, un autre, l’ayant vu, déclara :

Autres    « Toi aussi, tu es l’un d’eux ».

Lecteur    Mais Pierre déclara :

Disciples         « Homme, je ne le suis pas ».

Lecteur    59 Puis, environ une heure plus tard, un autre insistait en disant :

Autres    « En vérité, celui-ci aussi était avec lui, et en effet, il est un galiléen ! »

Lecteur    60 Mais Pierre dit :

Disciples         « Homme, je ne sais pas ce que tu dis ».

Lecteur    Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.

61 Et le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, quand il lui disait : « Avant que le coq ne chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois ». 62 Et, sortant à l’extérieur, il pleura amèrement.

63 Et les hommes qui le tenaient prisonnier se moquaient de lui, tout en le frappant, 64 et l’ayant recouvert d’un voile, ils l’interrogeaient en disant :

Foule      « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »

Lecteur    65 Et ils prononçaient contre lui beaucoup d’autres injures.

66 Et quand il fit jour, l’assemblée des anciens du peuple se réunit, grands prêtres et scribes. Et ils l’emmenèrent dans leur sanhédrin 67 en disant :

Foule      « Si tu es le Christ, dis-le-nous ».

Lecteur    Il leur dit :

Jésus         « Si je vous le dis, vous ne croirez pas, 68 et si je vous pose une question, vous ne répondrez pas. 69 Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu puissant ».

Lecteur    70 Tous dirent alors :

Foule      « Toi donc, tu es le Fils de Dieu ? »

Lecteur    Il leur déclara :

Jésus         « Vous le dites : je suis ».

Lecteur    71 Mais ils dirent :

Foule      « Qu’avons-nous encore besoin de témoignage ? Car nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche ».

Lecteur    23 1 Et, toute leur multitude, s’étant levée, l’emmenèrent devant Pilate. 2 Ils commencèrent à l’accuser, disant :

Foule      « Celui-ci, nous l’avons trouvé en train de semer le trouble dans notre nation, il empêche de payer les impôts à César et il dit qu’il est Christ, (le) roi ».

Lecteur    3 Pilate l’interrogea, disant :

Autres      « Tu es le roi des Juifs ? »

Lecteur    Mais lui, lui répondant, déclara :

Jésus         « C’est toi qui le dis ».

Lecteur    4 Pilate dit aux grands prêtres et aux foules :

Autres      « Je ne trouve rien de coupable en cette personne ».

Lecteur    5 Mais eux insistaient, disant :

Foule      « Il soulève le peuple, enseignant dans toute la Judée et, ayant commencé par la Galilée, il est venu jusqu’ici ».

Lecteur    6 Or Pilate, ayant entendu, demanda si l’homme était galiléen. 7 Et ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il l’envoya à Hérode qui se trouvait, lui aussi, à Jérusalem en ces jours-là.

8 Hérode, en voyant Jésus, se réjouit beaucoup ; car depuis assez longtemps il désirait le voir, pour ce qu’il entendait dire de lui ; et il espérait voir quelque signe effectué par lui. 9 Il l’interrogea donc avec de nombreuses paroles, mais Jésus ne lui répondit rien. 10 Cependant les grands prêtres et les scribes se tenaient là, l’accusant avec véhémence. 11 Hérode, avec ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un habit splendide et le renvoya à Pilate. 12 Et Hérode et Pilate devinrent amis, en ce jour, l’un pour l’autre ; car auparavant ils étaient en inimitié l’un envers l’autre.

13 Ayant convoqué les grands prêtres, les chefs et le peuple, Pilate 14 leur dit :

Autres      « Vous m’avez présenté cet homme comme détournant le peuple, et voici que moi, l’ayant interrogé devant vous, je n’ai trouvé en cet homme aucun motif de condamnation pour ce dont vous l’accusez. 15 Hérode non plus d’ailleurs, puisqu’il l’a renvoyé devant nous. Et voici : rien de digne de mort n’a été commis par lui. 16 Je le relâcherai donc, après lui avoir infligé une correction ».

Lecteur    17 Or, il avait l’obligation, à chaque fête, de leur relâcher quelqu’un. 18 Ils crièrent tous ensemble, disant :

Foule      « À mort cet homme ! Mais relâche-nous Barabbas ».

Lecteur    19 Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une révolte (contre les Romains) dans la ville et pour meurtre. 20 De nouveau Pilate leur adressa la parole, parce qu’il voulait relâcher Jésus. 21 Mais eux criaient disant : 

Foule      « Crucifie ! Crucifie-le ! »

Lecteur    22 Pour la troisième fois, il leur dit :

Autres      « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif pour le condamner à mort ; je le relâcherai donc, après lui avoir infligé une correction ».

Lecteur    23 Mais eux insistaient à voix fortes, demandant qu’il soit crucifié ; et leurs voix s’imposaient.

24 Et Pilate décida que leur demande serait satisfaite. 25 Il relâcha celui qui avait été jeté en prison pour une révolte [contre les Romains] et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient. Quant à Jésus, il le livra à leur volonté.

26 Et comme ils l’emmenaient, ayant pris un certain Simon de Cyrène qui revenait des champs, ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. 27 Or, le suivait une foule nombreuse du peuple et des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. 28 S’étant tourné vers elles, Jésus dit :

Jésus         « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! 29 Car voici, des jours viennent où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles et les ventres qui n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri”. 30 Alors on se mettra à dire aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous” (Os 10,8). 31 Car si on fait cela au bois vert, qu’adviendra-t-il de l’arbre sec ? ».

Lecteur    32 Ils emmenaient aussi deux autres malfaiteurs, avec lui, pour les exécuter. 33 Et quand ils arrivèrent au lieu appelé Crâne, là ils le crucifièrent, lui et les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. 34 Et Jésus disait :

Jésus         « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Lecteur    Puis, en partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort. 35 Et le peuple se tenait là, regardant. Mais les chefs se moquaient [de lui] en disant :

Foule      « Il en a sauvé d’autres ; qu’il se sauve lui-même, si celui-ci est le Christ de Dieu, l’Élu ».

Lecteur    36 Les soldats aussi se moquaient de lui, s’approchant, lui présentant du vinaigre, 37 et disant :

Foule      « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

Lecteur    38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs ».

39 L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’insultait :

Autres      « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous ! ».

Lecteur    40 Répondant, l’autre, lui adressant des reproches, déclara :

Autres      « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu es soumis à la même condamnation. 41 Et nous, c’est avec justice, car nous recevons des choses dignes de ce que nous avons fait ; mais celui-ci n’a rien fait de mal ».

Lecteur    42 Et il disait :

Autres      « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras dans ton royaume ».

Lecteur    43 Et il lui dit :

Jésus     « En vérité, je te dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».

Lecteur    44 Et c’était déjà environ la sixième heure [c’est-à-dire midi], et une obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, 45 le soleil s’étant caché. Le rideau du temple se déchira par le milieu. 46 Et, s’écriant d’une voix forte, Jésus dit :

Jésus     « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Ps 31,6).

Lecteur    Ayant dit cela, il expira.

(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)

47 Voyant ce qui était arrivé, le centurion glorifiait Dieu, en disant :

Autres      « Réellement, cet homme était un juste ».

Lecteur    48 Et toutes les foules qui s’étaient rassemblées pour ce spectacle, ayant contemplé ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine. 49 Et toutes ses connaissances se tenaient à distance ; quant aux femmes, celles qui l’avaient suivi, ensemble, depuis la Galilée, étaient là aussi, en regardant cela.

50 Et voici un homme nommé Joseph, qui était membre du Conseil, un homme bon et juste 51 – il ne s’était pas associé à leur projet et à leur action – il était d’Arimathée, ville juive, et il attendait le Royaume de Dieu. 52 Celui-ci allant chez Pilate, demanda le corps de Jésus. 53 Et, l’ayant descendu de la croix, il l’enveloppa dans un linceul et le mit dans une tombe coupée dans la pierre, où personne jamais n’avait été déposé.

54 Et c’était le jour de la Préparation [de la fête], et le sabbat commençait à luire. 55 Or les femmes qui, de Galilée, étaient venues – décision définitive – avec Jésus, ayant suivi Joseph, regardèrent le tombeau et comment son corps avait été placé. 56 Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et le sabbat, elles observèrent le repos, selon le précepte.

Acclamons la Parole de Dieu.

 

Prière d’ouverture

Seigneur, je te prie comme priait le larron :

« Souviens-toi de moi dans ton royaume ! »

Rappelle-toi, Seigneur,

que tu l’as déjà entendue, cette prière,

et accepte de moi ce cri que tu as accepté du larron.

De ton royaume exauce-moi,

comme tu l’as exaucé du haut de ta croix.

Ô Maître, dis à ton serviteur :

« Aujourd’hui, avec moi, dans le Paradis ! »[8]

[Anselme de Cantorbéry : 1033-1109]

 

Prière des fidèles

* Le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem nous montre comment c’est facile de célébrer Jésus comme roi et, ensuite, de le renier comme Pierre ou de le livrer à ceux qui veulent sa mort. Jésus, rends-nous des personnes cohérentes avec ce que nous célébrons.

* Le chant du livre d’Isaïe nous montre un homme qui, maltraité et frappé, réussit – dans sa souffrance – à découvrir que, même dans sa souffrance, Dieu lui est proche et vient à son secours. Permets-nous, Seigneur, de faire la même découverte dans notre vie de tous les jours.

* Nous vivons, Seigneur, une expérience proche de celle du poète du psaume : une vie menacée par une mort violente. Chacune et chacun parmi nous ne peut donc que te dire avec le psaume : « Yahvéh, ne t’éloigne pas ! Toi qui es ma force, viens vite à mon secours ». Prends soin de notre vie : elle est notre seul bien.

* L’hymne de la Lettre aux Philippiens chante et célèbre celui qui a été refusé et mis à mort. C’est lui le vrai vainqueur, c’est lui celui que Dieu a « souverainement exalté ». C’est devant lui et seulement devant lui que nous voulons fléchir notre genou. Lui seul peut nous encourager devant la mort. A lui le plus grand merci, du fond de notre cœur.

* Le récit de la passion nous a montré Jésus qui pardonne à ceux qui l’ont crucifié. Croire en Jésus signifie donc se comporter comme lui et s’engager pour vaincre l’injustice à travers le pardon.

* L’Évangile de Luc nous invite à regarder la mort avec une attitude nouvelle : la mort comme un acte dans lequel chacune et chacun peut confier son souffle et sa vie au Père, peut se confier et se perdre dans une accolade entre ses bras.

* Luc nous montre les habitants de Jérusalem qui, voyant Jésus mourir sur la croix, rentrent en eux-mêmes et prennent conscience de leurs torts. Aide-nous, Seigneur à faire comme ces habitants, nous qui aujourd’hui nous avons écouté le récit de ta mort : aide-nous à prendre conscience de la nécessité de changer notre comportement de chaque jour.

 

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[1] Le verbe hébreu « ‘oût », qui signifie « soutenir », se trouve seulement ici dans tout l’Ancien Testament. Cf. A. Mello, Isaia. Introduzione, traduzione e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2012, p. 344. D’autres données dans P.-E. Bonnard, Le second Isaïe, son disciple et leurs éditeurs. Isaïe 40-66, Gabalda, Paris, 1972, p. 230.

[2] B. Maggioni, Davanti a Dio. I salmi 1-75, Vita e pensiero, Milano, 2001, p. 73s.

[3] Pour cet impératif, cf. D. Barthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament. Tome 4. Psaumes, Academic Press – Vandenhoeck & Ruprecht, Fribourg – Göttingen, 2005, p. 124.

[4] Cette traduction reprend l’analyse proposée par D. Barthélemy, O. cit., p. 127-132.

[5] Ce mot est parfois interprété différemment. Cf. D. Barthélemy, O. cit., p. 133s. qui propose de traduire : « tu m’exauceras ». Cf. aussi G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 396s et p. 419.

[6] Cf. F. Bianchini, Lettera ai Filippesi. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2010, p. 54.

[7] Cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc (19,28-24,53), Labor et fides, Genève, 2009, p. 392.

[8] Le grand livre des prières. Textes choisis et présentés par C. Florence et la rédaction de Prier, avec la collaboration de M. Siemek, Prier – Desclée de Brouwer, Paris 2010, p. 282s.