Eucharistie: 19 octobre 2024
19 octobre 2025 : 29ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
La constance dans la prière
Première lecture
La première lecture est une page du livre de l’Exode. Le narrateur parle d’Israël qui, sorti de l’Égypte, a traversé le désert et est désormais arrivé à Refidim, mot qui signifie “lieu de repos”[1]. Il s’agit de la dernière station avant d’arriver au mont Sinaï. A Refidim, le peuple est menacé par les Amalécites, des tribus de nomades[2] considérées comme les descendants d’Ésaü[3].
Dans la narration de ce matin, les Amalécites s’opposent à Israël. Pour résister à leur hostilité, Moïse envoie contre eux Josué, Josué dont le nom – en hébreu – signifie « Yahvéh sauve ». Quant à Moïse, il va monter sur une colline en invoquant l’aide de Dieu. Et le narrateur insiste sur la prière de Moïse. D’abord il nous parle de Moïse qui s’adresse à Dieu en tenant « le bâton de Dieu dans ma main » (v. 9). Et la tournure « le bâton de Dieu » souligne que ce sera seulement l’action gratuite et efficace de Dieu qui donnera la victoire à Israël[4].
Dans la suite du récit, le bâton n’est plus mentionné, et l’auteur nous parle seulement de la main (v. 11) ou des mains (v. 12) de Moïse : « Quand Moïse lève en haut sa main, les Israélites sont les plus forts. Mais quand il laisse retomber sa main, les Amalécites sont les plus forts » (v. 11). Voilà pourquoi Aaron, frère de Moïse, et Hour, compagnon de Moïse, soutiennent les bras de Moïse jusqu’au coucher du soleil, en permettant ainsi la victoire de Josué contre les Amalécites.
C’est le récit qu’on va écouter dans un instant. Mais, quant à nous, nous sommes invité(e)s à en découvrir la signification. En effet, à travers ce récit et ces images, le narrateur veut nous apprendre la force de la prière[5], la prière qu’on fait, fréquemment, en levant en haut les mains. Et le récit qu’on va écouter dans un instant nous montre qu’il faut prier constamment, sans se laisser vaincre par la fatigue. Et nos frères et nos sœurs à côté de nous peuvent nous soutenir, nous donner la force – comme Aaron et Hour – pour être constant(e)s dans la prière. Prenons donc comme modèle le personnage central de la lecture : Moïse comme celui qui prie et persévère dans la prière[6].
Lecture du livre de l’Exode (17,8-13)
8 Et les Amalécites viennent à Refidim faire la guerre à Israël. 9 Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes pour nous défendre, puis va te battre contre les Amalécites. Demain, je me tiendrai debout, sur le sommet de la colline, avec le bâton de Dieu dans ma main ».
10 Josué part se battre contre les Amalécites, comme Moïse lui a dit. Pendant ce temps, Moïse, Aaron et Hour montent au sommet de la colline.
11 Et il advint : quand Moïse lève en haut sa main, les Israélites sont les plus forts. Mais quand il laisse retomber sa main, les Amalécites sont les plus forts. 12 Les mains de Moïse deviennent lourdes de fatigue. Alors Aaron et Hour prennent une pierre et ils la placent sous lui. Moïse s’assoit sur elle. Aaron et Hour, un de chaque côté, soutiennent ses mains. Ainsi, Moïse tient ses mains levées et fermes jusqu’au coucher du soleil. 13 Et Josué est vainqueur des Amalécites en les frappant avec l’épée.
Parole du Seigneur.
Psaume
Le psaume 121 est un chant des « montées », un chant des pèlerins qui partent pour monter vers « les montagnes » où il y a Jérusalem et le temple.
Dans son voyage, et dans toute sa vie, le poète s’interroge : « d’où mon secours viendra-t-il ? ». Et il peut avouer : « Mon secours viendra d’avec Yahvéh ». Et ce mot « avec » – qui évoque accompagnement, proximité et communion[7] – est expliqué et commenté dans la suite du poème où il y a, six fois, le verbe “shâmâr” (vv. 3.4.5.7.7.8). “Shâmâr” signifie garder, veiller, protéger, prendre soin. Ce verbe parle de Dieu comme celui qui prend soin du poète et aussi d’Israël. Il te protège de tout mal. Il te protège dans le voyage vers le temple. Il te protège dans chaque départ. Il te protège aussi lorsque tu « sors » : lorsque tu sors du ventre maternel et aussi lorsque tu sors de la vie et « tu reviens » vers Dieu, à sa rencontre, une rencontre « depuis maintenant et pour toujours »[8].
En pensant à Dieu qui nous est si proche, nous pouvons intervenir, à la fin de chaque strophe, en reprenant le verset 2 :
Mon secours viendra d’avec Yahvéh
qui met en œuvre cieux et terre.
Psaume 121 (versets 1-2. 3-4. 5-6. 7-8)
1 Je lève mes yeux vers les montagnes :
d’où mon secours viendra-t-il ?
2 Mon secours viendra d’avec Yahvéh
qui met en œuvre cieux et terre.
Refr.: Mon secours viendra d’avec Yahvéh
qui met en œuvre cieux et terre.
3 Sûrement, il ne donnera pas à ton pied de vaciller,
sûrement, celui qui te garde ne sommeillera pas !
4 Vois : il ne sommeille pas,
il ne dort pas celui qui garde Israël.
Refr.: Mon secours viendra d’avec Yahvéh
qui met en œuvre cieux et terre.
5 Yahvéh est celui qui te garde,
il est ton ombre protectrice, Yahvéh, il est à tes côtés.
6 Pendant le jour, le soleil ne pourra te frapper,
ni la lune pendant la nuit.
Refr.: Mon secours viendra d’avec Yahvéh
qui met en œuvre cieux et terre.
7 Yahvéh te gardera de tout mal,
il gardera ton âme, ta vie.
8 Yahvéh te gardera quand tu sors et quand tu reviens,
depuis maintenant et pour toujours.
Refr.: Mon secours viendra d’avec Yahvéh
qui met en œuvre cieux et terre.
Deuxième lecture
Timothée – fils d’un père païen et d’une maman chrétienne mais liée à la tradition juive – a été éduqué à la foi par sa maman Eunice et par sa grand-mère Loïs et, plus tard, par Paul lui-même.
Et, dans la page que nous allons lire ce matin, l’auteur invite Timothée à rester fidèle à ce qu’il a appris. Et, dans cette fidélité, les relations que Timothée a vécues avec sa grand-mère, sa mère et aussi avec Paul sont importantes. En effet, Timothée est invité à rester fidèle à la foi en sachant de qui il l’a apprise.
Mais pour Timothée, et aussi pour chacune et chacun de nous, les relations avec celles et ceux qui nous ont éduqué(e)s à la foi ne sont pas tout. Au centre de tout, il y a l’Écriture. C’est d’elle que la foi – et une vie guidée par la foi – peut jaillir.
Et la page de ce matin nous le rappelle : « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu » ; elle est utile pour nous éduquer dans la justice, pour faire de nous des personnes parfaitement formées « pour faire toute œuvre bonne ». L’Écriture est donc l’instrument approprié et efficace que Dieu met dans nos mains pour nous orienter dans les différentes situations que nous rencontrons dans la vie. Et la lecture de ce matin va nous montrer que « l’homme de Dieu » est avant tout l’homme de la Bible[9].
Après ces considérations sur le rôle fondamental de la Bible, notre lettre va donner à Timothée les dernières recommandations. Timothée est invité à annoncer la Parole. Et cette Parole, pour la communauté de Timothée, et aussi pour nous, peut nous être adressée dans la forme « des encouragements ». Oui, car nous en avons besoin dans la situation difficile que nous sommes en train de vivre.
Lecture de la Deuxième lettre à Timothée (3,14-4,2)
314 Quant à toi, cher Timothée, demeure solidement dans ce que tu as appris ; de cela tu as acquis la certitude, sachant bien de qui tu as appris. 15 Depuis ton enfance, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te rendre sage en vue du salut. Et ça à travers la foi, la foi dans le Christ Jésus. 16 Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner [la vérité], pour convaincre, pour corriger les erreurs, pour éduquer dans la justice. 17 Grâce aux Écritures, l’homme de Dieu sera bien préparé, parfaitement formé pour faire toute œuvre bonne.
41 Je te le demande solennellement devant Dieu et devant le Christ Jésus, qui jugera les vivants et les morts ; je te le demande parce que j’attends sa manifestation et son royaume : 2 annonce la Parole, insiste en toute occasion, favorable ou non. Sois persuasif, adresse des reproches et des encouragements, toujours avec patience et souci d’instruire.
Parole du Seigneur.
Alléluia. Alléluia.
Elle est vivante, efficace, la parole de Dieu ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur. (cf. Hé 4,12)
Alléluia.
Évangile
Dans l’Évangile de ce matin, Jésus nous parle de deux personnages : un juge et une femme veuve. Quant au juge, il « ne respectait pas Dieu et se moquait des gens ». Déjà les prophètes de l’Ancien Testament dénonçaient un comportement semblable[10]. Pour ce qui est de la femme, dans le récit de Jésus elle est veuve ; par conséquent, dans l’Israël de l’époque, elle était sans protection. Et Jésus, aussi dans d’autres pages des Évangiles, nous parle de ceux « qui dévorent les biens des veuves » (Lc 20,47).
Dans la page de ce matin, la veuve fait recours au juge avec insistance. Et, grâce à sa constance, la femme pousse le juge à changer d’attitude et à intervenir en faveur de la femme. En effet, le juge se dit : « Cette veuve me fatigue. C’est pourquoi je vais lui faire justice. Alors elle ne viendra plus me casser la tête sans arrêt » (v. 5).
Après ce petit récit du juge et de la veuve, l’Évangile nous donne un commentaire. La condition de la veuve est comparable à celle de la communauté. Au temps de Jésus, les personnes qui sont en chemin avec lui vivent dans une situation fragile et précaire. Et plus tard, au temps de Luc et aujourd’hui aussi, la communauté chrétienne vit son élection sous le signe de la croix, dans l’absence de Dieu et dans le dénuement social[11]. Oui, d’après l’Évangile, nous, les femmes et les hommes, nous sommes les personnes que Dieu a choisies, nous sommes « ses élus qui crient vers lui jour et nuit » (v. 7). Nous sommes comme la veuve du petit récit, nous nous adressons constamment à Dieu. Et Dieu, nous dit l’Évangile, va intervenir et « faire justice bien vite » (v. 8).
Avec ces mots, la page de l’Évangile fait référence au retour de Jésus et à une situation très difficile pour les croyants : un temps de confusion, de catastrophes et de conflits, un temps dans lequel la persévérance et la foi des croyants risquent de se perdre[12]. Et nous, devant cette situation, comment allons-nous réagir ? Que la page de l’Évangile puisse nous mettre en question, profondément, avec sa dernière phrase : « Quand le Fils de l’homme viendra, est-ce qu’il trouvera des croyants sur la terre ? ».
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (18,1-8)
1 Jésus disait à ses disciples une parabole pour leur montrer ceci : il faut toujours prier et ne pas se décourager.
2 « Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des gens. 3 Dans cette ville, il y avait aussi une veuve. Souvent, elle venait chez le juge pour lui dire : “Fais-moi justice contre mon adversaire !” 4 Pendant longtemps, le juge refusa, puis il se dit : “Je ne respecte pas Dieu et je me moque des gens, 5 mais cette veuve me fatigue. C’est pourquoi je vais lui faire justice. Alors elle ne viendra plus me casser la tête sans arrêt” ».
6 Puis le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! 7 Eh bien, est-ce que Dieu ne va pas faire justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les ferait attendre ? 8 Je vous le dis : il va leur faire justice bien vite. Mais quand le Fils de l’homme viendra, est-ce qu’il trouvera des croyants sur la terre ? ».
Acclamons la Parole de Dieu
Prière d’ouverture
Ma prière
À la rencontre du Seigneur,
À la rencontre du Christ ressuscité,
La prière.
Ma prière,
Un élan du cœur,
Vers Toi, mon doux Jésus.
Ma prière,
Qui Te cherche,
Et Toi, qui me transforme jour après jour.
Ma prière,
Qui s’unit à Toi, Jésus,
Bien Vivant au milieu de nous.
Ma prière,
Un don de Dieu,
Un moment de Foi suprême,
Ma nourriture quotidienne.
Ma prière,
Quoi qu’il arrive[13].
[Florence Viellard, jeune maman, comédienne et metteur en scène, Dijon]
Prière des fidèles
* Le livre de l’Exode nous montre Aaron et Hour qui, soutenant les bras de Moïse, lui donnent la force de persévérer dans la prière. Que ce récit puisse nous encourager dans la prière qui naît de notre faiblesse. Et que notre façon de vivre la foi puisse encourager aussi d’autres personnes.
* L’auteur du psaume 121 voit le Seigneur comme celui qui prend soin – chaque jour et chaque nuit – de son peuple. En plus, ce poète nous rassure d’une façon personnelle : « Yahvéh te gardera de tout mal, Yahvéh te gardera quand tu sors et quand tu reviens » : quand tu sors du ventre de ta maman et quand tu viendras, en mourant, t’abandonner dans les bras de Dieu, dans une accolade sans fin. Que ces paroles du psaume puissent nous encourager surtout dans nos moments de souffrance.
* Seigneur, nous voulons te remercier parce que tu as mis autour de nous des personnes, des parents, des sœurs et des frères qui nous aident à vivre dans la foi et nous aident à vivre conformément aux Écritures. C’est à travers ces personnes que tu fais de nous des femmes et des hommes de Dieu, un peu comme Timothée. Aide-nous à poursuivre ce chemin, jour après jour.
* Dans l’Évangile, Jésus souligne le contraste entre un juge humain et Dieu. Le juge se moque des gens, mais – un jour ou un autre – il interviendra pour faire justice en faveur de la femme veuve. Et il interviendra parce que la femme le fatigue. Bien différent est le comportement de Dieu : il va faire justice « à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ». Et Dieu agira ainsi par amour. Que cette parabole de Jésus puisse rendre de plus en plus confiante notre relation avec Dieu, Dieu qui est notre Père.
[1] Cf. la voix „Rephidim“, dans O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 318.
[2] M. Noth, Esodo. Traduzione e commento, Paideia, Brescia, 1977, p. 174.
[3] Cf. Genèse 36,12.
[4] Ainsi M. Priotto, Esodo. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2014, p. 326.
[5] Déjà dans la tradition juive on a insisté sur cette interprétation du récit. Cf. B. S. Childs, Il libro dell’Esodo. Commentario critico-teologico, Piemme, Casale Monferrato, 1995, p. 327.
[6] Cf. G. Ravasi à propos d’Exode 17,8-13 dans D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2004, p. 616.
[7] Cf. D. Vetter, « ‘im », dans E. Jenni – C. Westermann, Dizionario teologico dell’Antico Testamento. Volume II, Marietti, Casale Monferrato, 1982, col. 292ss. Ici, l’auteur évoque aussi le non « Emmanuel » (c’est-à-dire « Dieu avec nous »), où on retrouve la même préposition. Cf. aussi J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 1177s.
[8] Cf. G. Ravasi, I Salmi. Introduzione, testo e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2006, p. 517.
[9] Cf. C. Spicq, Les épîtres pastorales, Gabalda, Paris, 1969, p. 790.
[10] Cf. G. Rossé, Il Vangelo di Luca. Commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2012, p. 682 et 684.
[11] Cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc. 15,1-19,27, Labor et fides, Genève, 2001, p. 175.
[12] Cf. O. Da Spinetoli, Luca. Il Vangelo dei poveri, Cittadella editrice, Assisi, 1982, p. 563.
[13] F. Viellard, Prières pour grandir dans la joie de Dieu, Salvator, Paris, 2012, p. 103.