Eucharistie: 2 novembre 2025
Commémoration de tous les fidèles défunts
Première lecture
Aujourd’hui, la première lecture est une page du livre de la Sagesse. Dans ce livre, on trouve l’existence de plusieurs ensembles thématiques : justes et impies, l’importance de la sagesse, le déroulement de l’histoire biblique et de la providence divine[1]. Et, dans la page que nous allons lire, l’auteur parle du « contraste des justes et des impies »[2] ; les uns sont destinés à la glorification et placés sous la protection divine, les autres connaîtront le châtiment d’une vie stérile. Que cette page puisse nous aider à comprendre la condition des Justes qui sont morts, « ils sont dans la paix ».
Lecture du livre de la Sagesse (Sg 3, 1-6.9)
1 Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ;
aucun tourment n’a de prise sur eux.
2 Aux yeux de l’insensé, ils sont bien morts ;
3 leur départ est compris comme un malheur,
et leur éloignement de nous, comme une disparition totale :
mais ils sont dans la paix de Dieu.
4 Au regard des hommes, ils ont subi un châtiment,
mais l’espérance était pleine d’immortalité.
5 Après de faibles peines,
de grands bienfaits les attendent,
car Dieu les a mis à l’épreuve
et trouvés dignes de lui.
6 Comme l’or au creuset, il les a éprouvés ;
comme une offrande parfaite, il les accueille.
Au temps fixé par Dieu pour le jugement, ils brilleront d’un vif éclat :
Ils seront comme des étincelles qui courent à travers la paille en y propageant le feu.
Ils jugeront les nations, ils auront pouvoir sur les peuples,
et le Seigneur sera leur roi pour toujours.
9 Ceux qui mettent leur confiance en Dieu comprendront alors que son plan est vrai ;
ceux qui lui sont fidèles demeureront unis à lui dans l’amour.
En effet, Dieu se montre favorable et bon envers ceux qui lui sont attachés,
Il assure grâce et miséricorde à ceux qu’il a choisis.
Parole du Seigneur.
Psaume 27
Le Dieu, que le poète du psaume 27 évoque, est un Dieu d’amour, de pitié et de vérité, un Dieu qui libère – de la peur – Israël et le psalmiste[3]. Ce psaume se compose de deux parties : la première (vv.1-6) présente Dieu comme lumière et sauveur; la deuxième présente Dieu dans sa bonté, une bonté que nous pouvons voir et attendre[4] (vv .7-14). Dans ce psaume, le poète souhaite demeurer dans la maison de Dieu (v. 4) pour participer à la liturgie des sacrifices et aux chants d’action de grâce tous les jours de sa vie (v. 4)[5]. Que cette attitude du poète du Psaume puisse devenir notre propre attitude par rapport au Seigneur.
Quant à nous, en écoutant ce Psaume, nous pourrons intervenir avec les mots du verset 13 :
J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
Psaume 27 (versets 1. 4. 7-9a, 13-14)
1 Le Seigneur est ma lumière et mon sauveur ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le protecteur de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?
Refr.: J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
4 J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie,
pour admirer le Seigneur dans sa douceur
et m’attacher à son temple.
Refr.: J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
7 Écoute, Seigneur, mon cri d’appel ! Je crie: Aie pitié de moi! Réponds-moi !
8 Au sujet de toi, mon coeur a dit: « Cherche sa face! »
C’est ta face, Seigneur, que je cherche.
9a Ne me cache pas ta face!
Refr.: J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
13 Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
14 Attends le Seigneur, sois fort
et prends courage ; attends le Seigneur!
Refr.: J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
Deuxième lecture
En écrivant aux Corinthiens, Paul introduit – d’une façon solennelle – une révélation divine; il se présente comme un prophète qui annonce ce que Dieu lui a révélé “un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés”; et ici le mot “mystère” évoque une réalité cachée que Dieu lui a révélée[6]. Cette affirmation a un parallèle dans la Première lettre aux Thessaloniciens que Paul avait écrite trois ans avant la lettre aux Corinthiens: “Voici ce que nous vous disons, d’après une parole du Seigneur: nous, les vivants qui serons restés jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas du tout ceux qui sont morts. Car lui-même, le Seigneur, au signal donné, à la voix de l’archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel: alors les morts en Christ ressusciteront d’abord: ensuite nous les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujour avec le Seigneur” (1 Thess. 4,15-17)[7] . Et ce déplacement de la terre vers le ciel évoque le mouvement d’Israël au moment de l’Exode vers le Sinaï pour rencontrer le Seigneur (Ex 19,10-18)[8]. Et dans les versets 54s, Paul fait référence au prophète Isaïe 25,8 qui écrivait: “Dieu engloutira la mort pour toujours”[9].
Et ici le verbe hébreux signifie faire “disparaitre, supprimer”.Et, dans les versets suivants, Paul, faisant référence au prophète Osée 13,14, écrit: “Où est, ô mort, ta Victoire? Où est, ô mort, ton aiguillon?” Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés. C’est ainsi que Paul évoque la victoire définitive de Dieu – par notre Seigneur Jésus Christ – sur la mort.
De la Première lettre de Paul aux Corinthiens (1 Cor 15, 51-57)
Frères, 51 c’est un mystère que je vous annonce : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, 52 et cela en un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront, incorruptibles, et nous, nous serons transformés. 53 Il faut en effet que cet être corruptible – que nous sommes – revête ce qui est impérissable ; il faut que cet être mortel revête l’immortalité.
54 Quand donc cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité et que cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. 55 Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ton aiguillon ? 56 L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; ce qui donne force au péché, c’est la Loi. 57 Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ!
Evangile
Dans l’Evangile de Jean, Jésus affirme: ”Moi, je suis le pain de la vie” (v. 35).Et, dans lse versets qu’on lira dans un instant, Jésus revient sur cette thématique en utilisant un langage différent en faisant référence au thème central de l’Evangile (1,4; 3,14s; 4,14-50; 5, 21.25s.40; 10,10; 11,25; 17,2; 19,34): Jésus est celui qui, conformément au projet du Père, accepte tous ceux qui vont à lui. Et, dans le projet du Père, le but fondamental est la vie: “celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (v. 40). Et le dernier jour sera le moment dans lequel il va concéder la résurrection à toutes les personnes que le Père lui a confiées. Et ce dernier jour sera celui dans lequel Dieu termine la création de l’humain en lui donnant l’Esprit (19,20) et la vie définitive deviendra la réalité (7,37)[10].
Lecture de l’Evangile de Jean (6,37-40)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : 37 « Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. 38 Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. 39 Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. 40 Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
Acclamons la Parole de Dieu.
Prière d’ouverture
Ne les appelons pas “les morts”, parce qu’ils sont plus vivants que les “vivants”
et, à nous, ils sont plus proches et présents,
et ils nous voient depuis notre intériorité.
Voilà pourquoi nous pouvons les appeler
“ceux qui nous ont précédés et qui nous attendent
dans l’encontre avec le Seigneur”;
et que, maintenant, qu’ils prient pour nous. Amen[11].
Prière des fidèles
*La première lecture nous aide à vivre un regard positif avec les morts: “Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux.
Aux yeux de l’insensé, ils sont bien morts ; leur départ est compris comme un malheur,et leur éloignement de nous, comme une disparition totale :
mais ils sont dans la paix de Dieu » !
*Un grand merci à toi, notre Dieu, pour la page du Psaume 27; elle nous invite à dépasser la peur. En effet, le Psaume nous adresse son message: “Le Seigneur est ma lumière et mon sauveur ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le protecteur de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?”
Et la suite du Psaume nous aide à vivre chaque jour en regardant l’avenir avec cette attitude: “j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants”.
*L’apôtre Paul, en écrivant aux Corinthiens, se laisse guider par les prophètes de l’Ancien Testament. Il se laisse guider par le message d’Isaïe (25,8) qui écrivait: “Dieu engloutira la mort pour toujours”. Et il nous encourage aussi à travers le prophète Osée (13,14), qui écrivait: “Où est, ô mort, ta victoire? Où est ò mort, ton aiguillon?” Que les mots de Paul puissent nous aider à vivre les expériences de la mort avec cette attitude que Paul suggérait aux chrétiens de Corinthe.
*Et que la parole de Jésus, que nous avons écoutée dans l’Evangile de Jean, puisse nous guider à vivre fidèlement le plan de Dieu qui est notre Père et qui nous sauve à travers Jésus. En effet, celui qui voit le Fils et croit en lui “a la vie éternelle”. Et Jésus nous assure: celui qui croit, “je le ressusciterai au dernier jour “.
[1] T. Legrand, Sagesse de Salomon, dans Th. Römer, J.-D. Macchi, Ch. Nihan, Introduction à l’Ancien Testament, Labor et fides, Genève, 2004, p. 656.
[2] J. Vilchez Lindez, Sapienza, Borla, Roma, 1990, p. 198.
3 Dans la tradition biblique, le salut est surtout le salut dans des situations difficiles dans lesquelles le peuple est menacé par la violence et la guerre. Ainsi E. Zenger, I Salmi, Preghiera e poesia, Paideia, Brescia, 2016, p. 17.
[4] Cf. G. Ravasi, Il libro dei Salmi. Commento e attualizzazione, vol. 1. Salmi 1-50, EDB, Bologna, 1985, p. 497.
[5] Cf. J.-L. Vesco, Le psautier de David, traduit et commenté, Paris, Cerf, 2006, p. 271.
[6] G. Barbaglio, La prima lettera ai Corinzi, EDB, Bologna, 1995, p. 856.
[7] Pour cette référence, cf. Barbaglio, œuvre citée, p. 856.
[8] Cf. O. Da Spinetoli, Lettere ai Tessalonicesi, Edizioni Paoline, Roma, 1981, p. 77.
[9] C. K. Barret, La prima lettera ai Corinti, EDB, Bologna, 1979, p. 466.
[10] Ces paroles, nous pouvons les lire dans J. Mateos – J. Barreto, Il Vangelo di Giovanni. Analisi linguistica e commento esegetico, Cittadella editrice, Assisi, 1982, p. 312.
[11] D. M. Turoldo – G. Ravasi, Nella tua luce vediamo la luce. Tempo ordinario, solennità del Signore, Feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo, Milano, 2004, p. 826.
