Les frères de Joseph et leur père. L’épaisseur des relations entre des proches
Les frères de Joseph et leur père. L’épaisseur des relations entre des proches
Ramadan 2014: première semaine
di Renzo Petraglio
Pendant ce mois de ramadan, je veux lire avec toi, chère amie, cher ami, des pages à propos de Joseph, le plus célèbre des fils de Jacob. A ce personnage le Coran dédie une sourate entière, la sourate 12, titrée, précisément, « Joseph ». Ce récit de Joseph est qualifié, dans le Coran, comme le plus beau. En effet, d’après la sourate 12, Dieu s’adresse à Muhammad en ces termes : « Nous te racontons la plus belle des histoires parmi celles que nous t’avons révélées en ce Coran, bien que tu aies été auparavant indifférent à tout cela » (Sourate 12,3). Il s’agit donc d’un récit beau et, en même temps, d’un récit important : le négliger c’est négliger une ‘révélation’.
A propos de ce récit, cette semaine je me limite à la relation des frères de Joseph avec Joseph lui-même et leur père. En effet, il y a des « signes » importants dans cette narration :
7 En Joseph et ses frères, il y a des signes pour ceux qui s’interrogent.
8 Les frères de Joseph se disent : « Bien que nous soyons plus nombreux, Joseph et son frère sont les préférés de notre père. C’est clair, notre père est dans un égarement manifeste. 9 Tuez Joseph, ou alors éloignez-le dans une terre lointaine. Le visage de votre père sera pour vous seuls, et vous serez, après sa disparition, des gens bien en vue ».
10 L’un d’entre eux dit : « Ne tuez pas Joseph, mais jetez-le dans les profondeurs de la citerne, si vous êtes décidés . Un voyageur de passage le trouvera » (Sourate 12).
Ce texte nous montre d’abord la difficulté à vivre la relation entre frères. Les frères prétendent pouvoir ‘mesurer’ l’amour que leur père a envers eux et envers Joseph et le petit Benjamin. C’est ainsi qu’ils font de l’amour une ‘chose’, une chose qu’on peut mesurer et qui a une mesure fixe. Si papa n’a plus Joseph auquel donner son amour, son amour il va le donner à nous, et son « visage » (v. 9) il va le tourner seulement vers nous.
La suite du récit nous montre aussi les conséquences de cette déformation de l’amour. Les frères veulent montrer à leur père qu’ils l’aiment et qu’ils aiment aussi leur frère Joseph.
11 Ils dirent à leur père « Ô notre père, pourquoi as-tu peur de nous confier Joseph, alors que nous sommes des conseillers pour lui ? 12 Envoie-le avec nous demain, il s’amusera et il jouera tandis que nous veillerons sur lui ». 13 Le père leur dit : « Je serai si triste qu’il parte avec vous, et j’ai peur que le loup ne le dévore quand vous seriez inattentifs à lui ». 14 Ils répondent : « Nous serions des perdants, si le loup le dévorait, quand nous sommes nombreux » (Sourate 12).
Le langage c’est le langage de l’amour « ô notre père » (v. 11), un amour qui se manifeste dans l’engagement : « nous veillerons sur lui » (v. 12). C’est aussi le langage d’un amour vécu par des personnes conscientes de leurs responsabilités : « Nous serions des perdants, si… (v. 14).
Ces versets du Coran réveillent en moi le souvenir du récit biblique :
13 Et dit Israël à Joseph : « Tes frères gardent le troupeau près de Sichem. Va, je t’envoie vers eux ». Joseph lui dit : « Me voici ». 14 Jacob lui dit encore : « Va, s’il te plaît, vois le bien-être de tes frères et le bien-être du petit bétail. Puis fais revenir à moi une parole à ce propos » (Genèse 37).
Comme le Coran, ces versets bibliques nous parlent de la relation entre les frères de Joseph et leur père. Mais ici la relation est vue du point de vue du père que la Bible appelle aussi Israël (v. 13). Et le texte nous montre le père qui se préoccupe de ses fils et de leur bien-être, de leur « shalom ». De l’épaisseur de cette relation entre le père et ses fils, les frères de Joseph ne sont pas conscients ; ils ne sont pas conscients du fait que leur vie et leur présence à côté de leur père est importante.
C’est le moment de terminer cette page. C’est aussi le temps de nous interroger si nous savons prendre conscience de l’épaisseur des relations qui nous lient avec les personnes qui vivent auprès de nous.