Avent 2015_II-semaine
Miséricorde: le message des prophètes
(Avent 2015: deuxième semaine)
Cette semaine, chère amie et cher ami, je reviens sur l’Ancien Testament. Si la semaine passée je me suis penché, avec toi, sur la première partie de la Bible hébraïque, cette semaine je m’arrête sur la seconde partie : les prophètes. Et, parmi les prophètes, je pense à Michée. Michée, un prophète du huitième siècle avant la naissance de Jésus, est très attentif à ce qui se passe dans le Royaume du sud avec sa capitale Jérusalem et aussi à ce qui se passe à Samarie, la capitale du Royaume du nord. Devant les abus du pouvoir, la perversion de la justice, le manque de loyauté des fonctionnaires, Michée ne peut qu’annoncer la ruine des deux royaumes.
A ces annonces de malheur proférées par Michée, plus tard et pendant des siècles on a ajouté d’autres voix, d’autres annonces de malheur mais aussi des annonces de salut. Le livre nous montre ainsi Dieu qui pardonne et prépare, pour Israël et pour les peuples, un avenir nouveau.
Personnellement, pendant ces jours de l’avent, je me laisse prendre par la quatrième et dernière partie du livre (Mi 7,8-20). Dans cette page, Jérusalem, qui a été infidèle à Dieu et a souffert à cause de ses ennemis, exprime sa confiance en Dieu qui pardonne (vv. 8-10). Il y a ensuite une voix qui annonce le salut : Dieu qui est intervenu pour son peuple au moment de la sortie de l’Egypte, interviendra encore pour la ville (vv. 11-13). Cette annonce suscite, dans la ville, une supplication (v. 14) à laquelle succède l’annonce des merveilles que Dieu va accomplir (vv. 15-17). Et tout se termine par un hymne de louange chanté par Jérusalem. C’est l’hymne que je veux lire avec toi, chère amie, cher ami :
18 Qui est Dieu comme toi,
un Dieu qui enlève la faute et passe par-dessus la transgression
en faveur du reste de son peuple, de ceux qui ont survécu?
Il ne renforce pas pour toujours sa colère,
car il prend plaisir, lui, à nous manifester son amour.
19 Il recommencera à avoir miséricorde de nous,
il écrasera nos fautes.
Tu jetteras dans les profondeurs de la mer tous leurs errements,
20 tu accorderas ta fidélité à Jacob,
ton amour à Abraham.
C’est ce que tu as promis par serment à nos pères,
depuis les jours d’autrefois (Michée 7).
Par rapport à d’autres divinités et à d’autres conceptions religieuses, le texte souligne l’unicité de Dieu : c’est lui seul qui pardonne et prend soin des personnes survécues à la violence et de celles et ceux qui sont rentrés après la dispersion chez d’autres peuples. Et le texte, dans la ligne de l’Exode que nous avons lu la semaine passée, revient sur les mots amour, miséricorde, fidélité. Pour ce qui est du pardon, la page du prophète utilise des images très concrètes : enlever la faute, passer par-dessus la transgression, piétiner ou écraser les fautes, jeter dans les profondeurs de la mer tous les errements. C’est ainsi que les descendants d’Abraham et de Jacob pourront se réjouir de l’amour et de la fidélité de la part de Dieu. En effet, Dieu va accomplir la promesse faite jadis aux pères. C’est avec cette attitude de confiance que se termine le livre de ce prophète.
Quant à moi, cette page du prophète me rappelle le message de Shu‘ayb, un descendant d’Abraham et beau-père de Moïse. Le Coran présente Shu‘ayb comme prophète qui prend la parole pour dénoncer la corruption et l’injustice et pour demander un changement radical. Mais ce message de Shu‘ayb provoque la réaction du peuple, la haine et la volonté de lui faire du mal. Et Shu‘ayb réagit en disant :
84 Ô mes gens ! Adorez Dieu. Pour vous, pas d’autres dieux que lui.
Ne diminuez pas la mesure et la balance.
Je vous vois dans la richesse. Je crains pour vous le châtiment d’un jour qui cernera .
85 Ô mes gens ! Remplissez la mesure et la balance, en équité.
Ne réduisez pas les choses des humains et ne ravagez pas sur la terre en corrompant.
89 Ô mes gens ! Que votre dissension avec moi ne vous mène pas à commettre le crime
et à ce que vous atteigne du semblable
à ce qui a atteint les gens de Noé, les gens d’Houd, ou les gens de Salih.
Les gens de Lot ne sont pas loin de vous.
90 Demandez pardon à votre Seigneur et revenez à lui.
Mon Seigneur est très miséricordieux, aimant (Sourate 11, Houd).
Dans cette prise de position, Shu‘ayb se situe dans la ligne d’autres messagers de Dieu : Noé, Houd, Salih, Lot, des personnes qui dénonçaient les injustices et l’infidélité à Dieu. Il faut donc changer de comportement, il faut demander pardon à Dieu et revenir à lui. C’est ainsi qu’on peut faire l’expérience de Dieu comme « très miséricordieux, aimant ». Et la page du Coran et celle de Michée peuvent nous accompagner, chère amie, cher ami, dans cette expérience de la miséricorde et de l’amour.