Eucharistie 13 decembre 2015

De la solidarité et de la justice… la joie

 

Eucharistie: 13 decembre 2015

 

Première lecture

Le livre de Sophonie, nous le lisons rarement. Et pourtant son message est très riche et encourageant, encourageant pour son temps et aussi pour nous.

En effet, à partir des dernières décennies du septième siècle avant Jésus Christ, Sophonie – son nom signifie « Yhwh protège »  – s’est trouvé confronté avec les cruautés de l’expansion assyrienne, les ruines des nations situées entre l’Euphrate et la Méditerranée, les déportations. Après tout ça, voilà le siège de Jérusalem et l’exil à Babylone.

C’est dans cette situation d’un monde en ruine que Sophonie annonce un message de réconfort, une invitation à la joie. Sion, interpellée comme une jeune fille, est invitée à se réjouir : c’est une joie qui naît du pardon de Dieu : Dieu « a levé les sentences qui pesaient sur toi » (v. 15). Mais c’est aussi la joie parce que Dieu « a écarté ton ennemi » (v. 15), Dieu a écarté de la ville ceux qui exerçaient leur pouvoir dans l’injustice. Et à leur place Yahvéh est désormais « le roi d’Israël » (v. 15), le roi qui règne « au milieu de toi » (vv. 17). D’ici l’invitation à dépasser la peur et le découragement (v. 16) et à s’engager pour la justice. Voilà le chemin vers la joie, la joie de la communauté : « Crie de joie, jeune fille Sion » (v. 14). Et cette joie, nous dit le prophète, sera partagée aussi par Dieu : lui-même, il court vers toi et il te renouvelle, comme disent les traducteurs grecs ; « il court vers toi et il crie de joie » (v. 17).

Avec ces mots Sophonie encourageait ses contemporains en leur annonçant que Dieu crée une réalité nouvelle, « un peuple pauvre et faible » (3,12), l’Israël nouveau. En contraste avec les habitants de Jérusalem qui détiennent le pouvoir, ce nouveau peuple mettra sa confiance en Dieu et pratiquera la justice. Laissons-nous remplir par cet espoir.

Du livre de Sophonie (3,14-17)

14 Crie de joie, jeune fille Sion,
lance des acclamations, Israël,
réjouis-toi, et exulte de tout ton cœur,
jeune fille Jérusalem.
15 A levé, Yhwh, les sentences qui pesaient sur toi,
il a écarté ton ennemi.
Le roi d’Israël, Yhwh, est au milieu de toi,
tu n’auras plus à craindre le mal.
16 En ce jour-là, on dira à Jérusalem:
« N’aie pas peur, Sion,
que tes mains ne faiblissent pas!
17 Yhwh ton Elohim est au milieu de toi
il est fort, il sauve.
Il est dans l’allégresse à cause de toi,
dans son amour, il court vers toi et te renouvelle:
il jubile à cause de toi et il crie de joie »

Chant d’Isaïe

A la place d’un psaume, la liturgie de ce matin nous propose un chant que nous lisons dans le livre du prophète Isaïe. Le thème de ce chant est très simple : une invitation à louer Dieu. Dans la première strophe (vv. 1-3) l’invitation est d’abord adressée à un individu : « Tu diras… ». Ensuite, dans la deuxième strophe (vv. 4-5), les destinataires sont au pluriel : « vous direz… ». Mais la requête est la même : « célébrer Yahvéh » (vv. 1.4), c’est-à-dire le louer et le remercier, faire connaître parmi les peuples sa bonté. Enfin, dans la conclusion (v. 6), le poète précise qui sont les destinataires de ce message : l’individu et la communauté qui « habite Sion ».

Il faut aussi noter la place du chant dans le livre du prophète Isaïe. Il est la conclusion de la première partie du livre (les chapitres de 1 à 11), juste après l’annonce que – de la descendance de David – va pousser un rejeton, le messie (Is 11,1ss). Et maintenant, à la fin de cette première partie du livre, Isaïe nous annonce déjà sa présence, sa présence parmi nous : « Oui, il est grand, au milieu de toi, le Saint ! »

Enfin, une dernière remarque. Dans ce chant et jamais ailleurs dans la Bible, nous avons une prière qui célèbre… la colère de Dieu, colère qui se transforme en consolation. Nous avons donc, ici, une invitation à regarder d’une façon nouvelle et bien différente les difficultés que nous vivons chaque jour. C’est dans ces difficultés, difficultés qui peuvent nous suggérer l’image d’un Dieu en colère ou au moins absent, c’est dans ces difficultés que nous pouvons découvrir la consolation de Dieu. […]

 

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