eux (Is 48,20). Quant au poète du psaume, dans son expérience de Dieu qui le libère de la mort, il se sent solidaire avec ceux et celles qui ont été libéré(e)s de l’esclavage égyptien et aussi des exilé(e)s et des déplacé(e)s à Babylone et ailleurs.
Enfin, dans la partie suivante du psaume, une partie que nous ne lirons pas ce matin, cette expérience de joie et de libération va s’exprimer dans une fête au temple.
Pour nous, aujourd’hui, l’essentiel c’est de célébrer la résurrection ici, dans cette salle, en sachant que notre célébration est possible seulement si nous savons nous engager, avec Jésus ressuscité, pour la justice.
Psaume 117 (d’après la traduction grecque)
13 J’ai été poussé,
j’ai été bousculé pour me faire tomber,
et le Seigneur s’est occupé de moi.
14 Ma force et mon chant, c’est le Seigneur,
et il a été le salut pour moi.
15 Voix de joie et de salut sous les tentes des justes:
«La droite du Seigneur a fait un exploit».
16 La droite du Seigneur m’a élevé,
la droite du Seigneur a fait un exploit.
17 Non, je ne mourrai pas, mais je vivrai
et je raconterai les œuvres du Seigneur.
18 Il m’a instruit, le Seigneur m’a instruit
et il ne m’a pas livré à la mort.
Deuxième lecture
Dans sa forme originale, l’Evangile de Jean, terminait avec trois brèves sections que nous allons lire dans un instant.
La première (vv. 19-23) est un bref récit qui nous parle de Jésus qui, le matin de Pâques, se montre à ses disciples. Dans ce récit, les « disciples » sont la communauté à laquelle Jean adresse son Evangile. Il s’agit d’une communauté qui a peur des Juifs : elle est exclue de la synagogue des
pharisiens (12,42 ; 16,2) et risque d’en subir des vexations3 ; en effet, la synagogue a pris des mesures contre ceux qui adhèrent à l’Evangile. En se présentant aux disciples, Jésus leur souhaite la paix, la paix qui est liée à sa personne, la paix que Jésus avait mentionnée comme « ma paix » (14,27), la paix qui caractérise le monde nouveau.
Après ce don de la paix, souligné deux fois dans le texte, Jésus – qui est l’Envoyé du Père – envoie ses disciples. C’est à travers ses disciples que Jésus peut maintenant continuer sa fonction d’Envoyé, ses disciples soutenus par le Souffle saint qu’il leur donne. Grâce à ce Souffle, les disciples permettront à tout être humain de recevoir le pardon et la vie en plénitude, soit, par son refus, de s’enfermer dans son péché4, c’est-à-dire dans sa solitude et son isolement.
Dans la deuxième section (vv. 24-29), Jésus se montre à Thomas, qui est le modèle du chrétien de la seconde génération, le chrétien qui n’a pas fait l’expérience pascale. Comme il n’a pas rencontré le Christ le jour de Pâques5, il refuse de croire à la résurrection. Mais il est transformé par la parole de Jésus qui lui dit : « cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi » (v. 27). C’est ainsi que Thomas devient un modèle pour tous les croyants quand il reconnaît Jésus comme : « Mon Seigneur et mon Dieu » (28).
Enfin, dans la dernière section (vv. 30-31), c’est le narrateur qui prend la parole personnellement : il parle de son travail, des choix qu’il a faits et du but qu’il a poursuivi en rédigeant l’Evangile : permettre au lecteur d’affronter sa vie en mettant sa confiance en Jésus. C’est cette foi, cette confiance en Jésus, qui nous permet d’avoir, par lui, « la vie » (v. 31).
Lecture de l’Evangile selon Jean (20,19-31)
19 C’était le soir, ce premier jour de la semaine. Et les portes sont fermées à clé – là où se trouvent les disciples – par peur des autorités juives. Jésus vient et se tient au milieu d’eux. Il leur dit : « Paix à vous ». 20 Après avoir dit cela, il leur montre ses mains et son côté. Les disciples sont remplis de joie en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit encore une fois: « Paix à vous. Comme le Père m’a envoyé – action définitive -, moi aussi je vous envoie ». 22 Après avoir dit cela, il souffle sur eux et il leur dit: « Recevez un souffle saint. 23 Ceux à qui vous pardonnerez les fautes, elles leur seront pardonnées, définitivement, par Dieu ; ceux à qui vous les retiendrez, elles leur seront retenues ».
24 Cependant Thomas, l’un des Douze, celui qui est appelé Didyme ou Jumeau, n’était pas avec eux, quand Jésus était venu. 25 Les autres disciples donc lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ». Mais Thomas leur dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas ».
26 Et huit jours après, ses disciples sont de nouveau à l’intérieur et Thomas avec eux. Jésus vient – les portes fermées à clé – il se tient au milieu d’eux, il leur dit : « Paix à vous ». 27 Puis il dit à Thomas : « Porte ton doigt ici. Et vois mes mains ; porte ta main et mets-la dans mon côté, et cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi ». 28 Thomas répond et lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». 29 Jésus lui dit : « Tu crois parce que tu m’as vu. Heureux et en marche ceux qui croient sans avoir vu ».
30 En présence de ses disciples, Jésus a fait beaucoup d’autres signes, qui n’ont pas été écrits dans ce livre. 31 Ceux-ci ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Alors, si vous croyez, vous aurez la vie par lui.
Prière d’ouverture
Seigneur crucifié et ressuscité,
apprends-nous à affronter
les luttes de la vie quotidienne
afin que nous vivions
dans une plus grande plénitude.
Tu as humblement et patiemment accueilli
les échecs de la vie humaine,
comme les souffrances de ta crucifixion.
Alors les peines et les luttes
que nous apporte chaque journée,
aide-nous à les vivre
comme des occasions de grandir
et de mieux te ressembler.
Rends-nous capables de les affronter
pleins de confiance dans ton soutien
6.
Prière finale
Que tu sois aussi pour nous, Seigneur, Pâques,
viens et entre dans nos maisons et églises fermées,
fermées parce que nous avons peur, tous et de tout :
peur de croire, peur de ne pas croire,
peur d’être libres.
Comme la tentation de nous barricader
dans des anciennes palissades et des traditions ancestrales
est toujours grande,
viens et détruis les portes de nos cœurs :
la méfiance et les nombreux soupçons.
Et cela surtout parmi ceux et celles qui se professent
croyants et croyantes7.
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3 Cf. J. Zumstein, L’Evangile selon saint Jean (13-21),
Labor et fides, Genève, 2007, p. 284.
4 Ibid., p. 286.
5 Ibid., p. 290.
6 Le grand livre des prières. Textes choisis et présentés par
C. Florence et la rédaction de Prier, avec la collaboration de
M. Siemek, Prier – Desclée de Brouwer, Paris 2010, p. 287.
7 D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Convertitevi e credete al vangelo »,
Tempo di quaresima, triduo pasquale, tempo di Pasqua.
Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo, 2003, p. 213s.